« Je dis que le respect de la vie d***8217;autrui n***8217;est pas un devoir social, attendu qu***8217;il existe indépendamment de l***8217;existence ou de la nature d***8217;une société quelconque. Quand un homme tomberait de la lune, vous n***8217;auriez pas le droit de le torturer ni de le tuer. De même pour le vol ; je m***8217;interdis de voler qui que ce soit ; J***8217;ai la ferme volonté d***8217;être juste et charitable envers mes semblables, et non pas seulement envers mes concitoyens; et je rougirais d***8217;avoir augmenté injustement la note à payer, qu***8217;il s***8217;agisse d***8217;un chinois ou d***8217;un nègre. La société n***8217;a donc rien à faire ici ; elle ne doit pas être considérée.
Ou alors, si je la considère, qu***8217;exige t***8217;elle de moi, au nom de la solidarité ? Elle exige que j***8217;approuve en certains cas le vol, l***8217;injustice, le mensonge, la violence, la vengeance, en deux mots, les châtiments et la guerre. Oui, la société, comme telle, ne me demande que de mauvaises actions. Elle me demande d***8217;oublier pour un temps les devoirs de justice et de charité, seulement elle me le demande au nom du salut public, et cela vaut d***8217;être considéré. C***8217;est pourquoi je veux bien que l***8217;on traite de la morale sociale, à condition qu***8217;on définisse son objet ainsi : étude réfléchie des mauvaises actions que le Salut Public ou la Raison d***8217;Etat peut nous ordonner d***8217;accomplir »
Alain
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