Toute incompréhension du monde mène à la mélancolie : pourquoi / à quoi bon / qui suis-je / que faire.
L'extérieur n'apportant pas de réponse, je me tourne vers l'intérieur, vers la psyché.La théorie de Freud à propos de la mélancolie postule que le sujet réagit à la perte en retournant sa libido dans son propre moi : le mélancolique a effectué le désinvestissement objectal, mais la quantité de libido reste intacte et appliquée au moi, qui devient l'objet perdu. Ainsi le mélancolique régresserait à l'identification narcissique, devenant son propre objet, et privilégiant le versant de la haine : c'est ainsi que s'expliquent les auto-reproches parfois délirants. Freud présuppose donc trois conditions à l'origine de la mélancolie : la perte de l'objet, l'ambivalence envers l'objet et la régression de la libido dans le moi.
A l'adolescence, particulièrement. On peut reprendre le schéma nietzschéen (dans Zarathoustra) : l'enfant est devenu un Chameau, devient un Lion et tente de combattre le Dragon de l'autorité. Malheureusement, bien souvent, par manque de connaissance et d'expérience, le Dragon gagne et convertit le Lion (qui peut-être croit être victorieux - mais il n'a aucunement acquis l'innocence).
On la retrouve - parfois - à la crise dite de la quarantaine. Toute crise est, par essence, mélancolique. La mélancolie vient d'un désir de comprendre, frustré.