Le Passant



J'ai les pieds d’un fauteuil dans deux croissants de lune
Et des rêves à bascule en voyage immobile
Des chemins de rousseur, des forêts, des musiques
Et les pas d’un oiseau dans un livre d’étoiles

J’ai le temps des lumières au pluriel de l’âme
La voix rauque d'un chant, au parnasse inclassable
La parole d’aimer dans les yeux d'une femme
Le noème facile au sourire d'avril

Le roulis d’un bateau rescapé de la brume
Le registre des flots le fracas de la pluie
Un silence à mon blues aux nuits blanches et qui jazz
La tendresse exilée d’une mer infinie

J’ai le sort d’un ruisseau qu’une larme a fait naître
Les relents de criées d’un vieux loup sans la mer
Un pêcheur à sa ligne en eau trouble de l’âge
Des marées des rumeurs remontées dans un vers

L’illusion dans le vrai des formules du triste
Des chagrins poétiques où se hissent des voiles
Un piano malheureux des mémoires d’artistes
L’harmonie au clavier d’un passant sur la toile