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Discussion: Pour en finir avec la punition

  1. #1
    gereve Guest

    Par défaut Pour en finir avec la punition

    Les délinquants peuvent être:
    - des malades ou des drogués et dans ce cas ils relèvent de la psychiatrie et d’un suivi psychologique,
    -des déviants et dans ce cas leur comportement provient des mauvais exemples rencontrés ou des mauvais traitements subis pendant l’enfance et ils peuvent être remis sur le droit chemin ( Exemple, Philippe Maurice, Patrick Henry),
    - des occasionnels ( Crimes passionnels, dénuement extrême, chauffards ) et dans ce cas ils devront passer selon la gravité de leur crime, tout ou partie de leur vie à tenter de réparer les dégâts qu’ils ont commis.
    (5.1) Mais dans aucun cas ils ne devraient être punis. Il a été démontré que la punition n’a aucune valeur dissuasive et ne sert à rien sinon peut-être à aider les victimes à faire le deuil des souffrances qu’elles ont subies. Mais pour faire ce deuil, il existe d’autres moyens, entre autres, le soutien psychologique.
    Ceci dit, ceux qui enfreignent ces lois doivent non être punis mais accepter les conséquences de leurs actes. Si quelqu’un enfreint la loi, c’est :
    - soit qu’il n’est pas conscient de la solidarité humaine et ne connaît pas les lois et le principe même de la loi et dans ce cas il faudra l’éduquer,
    - soit qu’il se croit au-dessus des lois pour des raisons d’ambitions personnelles et dans ce cas, il lui sera proposé de réparer ses dégâts; En cas de refus, il sera privé de ses droits civiques et en cas de récidive, de sa citoyenneté. Cela concerne en particulier les grands trafiquants de drogue ou d’armes, les proxénètes et les PDG de multinationales. Qui ne respecte pas ses devoirs en toute connaissance de cause, ne peut s’attendre à ce que la société lui accorde des droits et des avantages.

    Je conçois qu’il soit insupportable de vivre sur la même terre que le responsable de vos souffrances et de savoir qu’il profite impunément de la vie. Le mot est là, impunément, et c’est là que je voulais en venir .
    La justice, en tant qu’institution a, ce me semble, trois fonctions: obtenir réparation de celui qui a porté tort, protéger la société et punir. C’est cette troisième fonction que je trouve tout à fait archaïque. On confond souvent la première et la troisième fonction comme en témoignent des locutions telles que “ il me le paiera” ou “tout se paie”.

    Vous me direz qu’elle a une valeur symbolique et est peut-être, dans l’état actuel des mentalités, indispensable à la paix sociale. C’est possible, mais ne faut-il pas qu’à un moment ou un autre on fasse évoluer les mentalités?

    C’est ainsi qu’en France beaucoup de gens considèrent la peine de mort comme barbare alors qu’il fut un temps où elle était considérée comme juste.

    Il y a d’ailleurs une amorce de changement dans la conception de la justice puisqu’on propose à certains délinquants légers le choix entre l’emprisonnement et des travaux d’utilité publique.

    Alors le temps n’est-il pas venu maintenant de cesser de punir? On sait que pédagogiquement c’est inefficace. On sait aussi que ça n’a pas valeur d’exemple auprès des criminels, de fait ou potentiel. Alors à quoi rime la prison infligée à un délinquant s’il est incapable d’éprouver quelque remords, hormis de donner une illusion de satisfaction aux victimes? Une vrai satisfaction aurait pu venir d’un aveux de remords.

    Mais si le délinquant ne fait pas repentance, justice n’est pas faite. Pour que justice soit faite, il faut qu’il y ait repentance et réparation. Et que répare une punition? Ne serait-il pas temps d’en finir avec la pensée magique, avec ce qui en subsiste dans les lois et de grandir, enfin?

    Depuis que j’ai écrit ce texte, j’ai trouvé dans un texte lumineux de Lévi-Strauss une bonne raison d’en finir avec la punition. J’en cite deux ou trois passages qui le résument très bien. Il compare des sociétés qui pratiquent ou pratiquait l’antropophagie à la nôtre. L’anthorpophagie, outre les cas où elle palie une carence alimentaire, part de la croyance qu’en ingérant du corps de son ennemi, on s’approprie ses qualités guerrières, ou le corps d’un défunt, ses qualités et sa sagesse. Cette pratique nous fait horreur, mais:
    ...on serait tenté d’opposer eux types de sociétés, celles qui pratiquent l’antropophagie, c’est-à-dire qui voient dans l’absorption de certains individu détenteurs de forces redoutables le seul moyen de neutraliser celles-ci et même de les mettre à profit, à celles qui, comme la notre, adoptent ce qu’on pourrait appeler l’anthropémie; placées devant le même problème, elles ont choisi la soutien inverse, consistant à expulser ces êtres redoutables hors due corps social en les tenant temporairement ou définitivement isolés,sans contact ave l’humanité, dans des établissements destinés à cet usage. A la plupart des sociétés que nous appelons primitives, cette coutume inspirerait un horreur profonde, elle nous marquerait à leurs yeux de la même barbarie que nous leur imputons en raison de leurs coutumes symétriques.
    Chez des indiens d’amérique du nord, si un indigène se rendait coupable d’une infraction, on détruisait tous ses biens, mais, il incombait à la collectivité de réparer le dommage ainsi subit par le coupable qui du coup devenait victime et qui à son tour se devait de montrer sa reconnaissance par des cadeaux, etc.
    Non seulement de tels usages sont plus humains que les nôtres, mais il sont aussi plus cohérents, même en formulant le problème dans les termes de notre moderne psychologie: en bonne logique, l’infantilisation du coupable qu’implique la notion de punition, exige qu’on lui reconnaisse un droit corrélatif à une gratification, sans laquelle la démarche première perd on efficacité,, si même elle n’entraîne pas des résultats inverses de ceux qu’on espérait. Le comble de l’absurdité étant, à notre manière, de traiter simultanément le coupable comme une enfant pour nous autoriser à le punir et comme un adulte afin de lui refuser la consolation; et de croire que nous avons accompli un grand progrès spirituel parce que, plutôt que de consommer quelques-uns de nos semblables, nous préférons les mutiler physiquement et moralement.

  2. #2
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    April 2006
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    209

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    très judicieux tout ça ...
    Je crois que l'on n'a pas fini d'essayer de comprendre pourquoi et à quelle finalité réelle on s'engage, en s'embourbant dans une volonté de punir qui parait logique mais est totalement déconnectée de ses effets réels .. aussi bien pour le victimes (comme vous le dites effectivement) que pour les coupables (qui sont vraiment coupables, on ne peut pas les exonérer de quoi que ce soit),
    Il existe comme un déficit de réflexion collective dramatique (ça n'est pas dans ce seul domaine du reste ...)
    Bref on nage dans l'inefficacité aussi réelle que symbolique, réparatrice, pour toutes les parties. Victime, coupable, société, humanité , c'est une véritable catastrophe délirante.

  3. #3
    Date d'inscription
    October 2006
    Messages
    295

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    Ca n'a que l'apparence de la logique. Sans coupable, comment déverser/canaliser sa colère ? On reste dans une mentalité d'hommes de cro-magnon :toi faire mal moi, moi faire mal toi.

  4. #4
    Garrisonsdicks Guest

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    Ben maintenant, la punition judiciaire c'est plus vraiment binaire comme ça.
    Avec l'Etat, c'est "toi faire mal à moi, état faire mal à toi à ma place, comme ça j'ai la conscience tranquille". Lire Lévinas, Totalité et infini.

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