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Discussion: au sujet du libre arbitre

  1. #1
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    August 2007
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    Par défaut au sujet du libre arbitre

    Bonjour, je vous soumet mes pensées et tentatives d'analyse de l'existence ou non du libre arbitre.

    La science découle des pratiques intellectuelles utilisant la raison telles que la philosophie avec pour premier but de résoudre les mystères de l'univers. Elle inclut donc la pensée humaine, aidée par la logique mathématique. Or l'axiome de toute science est l'existence de la causalité, c'est à dire que l'explication scientifique suppose que l'état de faits observés découle d'un état antérieur : tout phénomène a une cause, et dans les mêmes conditions, la même cause implique le même effet. En fait le principe de causalité est axiome de la pensée. Vérifions tout d'abord si ce principe s'avère obligat0ire, et ensuite déduisons-en les principales implications.


    S'il n'y a pas de déterminisme (le principe de causalité implique le déterminisme, c'est équivalent), il n'y a pas de dépendance entre chaque grain de matière, pas d'ordre. Le fait que l'observateur, humain, remarque des régularités dans son environnement sensoriel ne constitue pas une preuve par l'absurde de l'existence nécessaire d'un déterminisme. En effet, l'ablation d'un organe suivie de troubles au niveau d'une fonction f dans un quelconque organisme vivant ne suffisent pas à prouver que cet organe commande cette fonction f. C'est en allant plus loin dans la théorie que cette conjecture peut plus ou moins bien se vérifier mais jamais prouvée, car comme le philosophe écossais D. Hume l'a dit : "Toute connaissance dégénère en probabilité".
    Nous pouvons très bien nous imaginer que l'ensemble des informations originaires de nos sens constituent en fait notre essence et que nous sommes le monde : "je" produis mes sens qui me font croire à un monde, cette production étant égale au "je". Dès lors ce que j'observe peut présenter des régularités illusoires que je crée. Ceci, affirmer que le principe de cause/effet est une construction illusoire de soi-même, est la seule alternative et le seul doute face au déterminisme.
    C'est là que la connaissance scientifique nous permet de nous rendre compte que cette alternative est impossible : en regroupant des faits isolés, puis leurs régularités pour ensuite ériger une théorie qui rend compte de celles-ci, on parvient à prédire des faits insoupçonnés et inconnus de l'expérience. Ainsi il y a quelque chose d'extérieur à ce "je" hypothétique.
    Le déterminisme suppose l'existence d'une chaîne causale que l'on peut se représenter en plusieurs chaînes plus ou moins dépendantes les unes des autres, chaque état considéré pouvant idéalement être déduis du/des précédent(s). Il y aurait indéterminisme si une chaîne causale existait après l'instant initial sans être causée, ce serait en contradiction avec le principe de causalité. Aussi, cette chaîne causale agissant sur de la matière, pour rester fidèle à notre cher principe de causalité, seule de la matière peut constituer cette cause, car idéalement il existe un modèle théorique (que suppose implicitement le principe de causalité) qui rend compte de l'ensemble des rouages déterminant l'univers, ou plutôt déterminant tout ce qui est. L'indéterminisme viole donc le postulat de conservation de la quantité de matière, ou d'énergie. En fait considérer de l'immatériel constitue un échappatoir à la nécessité de détermination de toute action.

    La toute première conséquence de ce qui précède est le négation absolue du libre arbitre.
    Explication :
    Tel que le mathématicien, astronome et physicien français P.-S. Laplace l'a écrit : "Nous pouvons considérer l’état actuel de l’univers comme l’effet de son passé et la cause de son futur. Une intelligence qui à un instant déterminé devrait connaitre toutes les forces qui mettent en mouvement la nature, et toutes les positions de tous les objets dont la nature est composée, si cette intelligence fut en outre suffisamment ample pour soumettre ces données à analyse, celle-ci renfermerait dans une unique formule les mouvements des corps plus grands de l’univers et des atomes les plus petits ; pour une telle intelligence nul serait incertain et le propre futur comme le passé serait évident à ses yeux", toute chose de l'univers dépends de ce qui la précède. (1)
    Baruch Spinoza indique : "Une chose sera dite libre, qui existe sur la seule nécessité de sa nature et est déterminée par soi seule à agir ; une chose sera dite nécessaire, ou plutôt contrainte, qui est déterminée par autre chose à exister et à opérer suivant une loi certaine et déterminée" (Ethique I, déf. VII) (2)
    Considérant que nous humains sommes inclus dans l'univers et conséquence nécessaire des états antérieurs de celui-ci (1), ce que nous sommes est nécessaire et contraint, et la négation de la liberté. (2)
    Par (1) et (2), l'Homme ne possède aucun libre arbitre. C.Q.F.D.
    En effet, le principe de causalité implique qu'à partir de conditions initiales découle des faits nécessaires. Ce n'est pas moi qui est impliqué mon existence, mais ce sont ces causes nécessaires, antérieures à moi-même. S'affranchir de ses déterminations ne présente aucune liberté, car le fait de s'affranchir découle également de la nécessité. Mes agissements ou pensées sont déterminées par un ensemble de cause, la plupart des causes pouvant être comprises dans ce que je considère comme moi. Or ce moi découle de la nécessité, ce que je pense découlant du moi, il est indirectement contraint, soit nécessaire.


    Nous avons montré, par l'intermédiaire de l'acceptation du principe de causalité, que l'Homme ne décide qu'illusoirement. En fait, la part de liberté que l'on croit posséder ne fait que correspondre à notre ignorance des causes nécessaires qui nous déterminent. La justice reconnaît des causes frappantes mettant en cause la responsabilité de meurtriers, en plaidant des causes indépendantes de la "volonté" des accusés qui déterminent leurs actions fautives. Comme on le voit, l'acceptation du principe du causalité, impliquant la négation de la liberté, pose un problème social fondamental : la justice.

  2. #2
    Garrisonsdicks Guest

    Par défaut Ouaip...

    Il me semble qua Nécessité à laquelle tu assimiles le déterminisme n’est pas complètement incompatible avec le "libre-arbitre", sitôt qu’on appréhende ce même libre-arbitre simplement comme le pouvoir de choisir d’accomplir tel ou tel acte. En effet, nous ne sommes pas forcés, par une quelconque force supérieure, de choisir fromage ou dessert. Ce choix, en tant qu’il est délibéré, est la preuve évidente de la possibilité du libre-arbitre. Le fait que le choix du fromage au lieu du dessert puisse être induit par des causes antérieures et inconnues de notre entendement ne l’empêche pas d’être un choix conscient et volontaire, et je ne vois pas en quoi il ne relèverait pas du libre-arbitre ni en quoi il serait illusoire: j’ai choisi consciemment le fromage. Le principe de nécessité qui fait que cela n’aurait pas pu être autrement n’empêche pas que j’aie choisi le fromage, tout seul, comme un grand. C’est trivial.

    Là où il me semble intéressant d’intervenir, c’est au niveau de cette certitude qu’ont tous les épistémologues en herbe de vouloir prouver la véracité des thèses scientifiques par le seul argument qu’elles sont scientifiques et que donc, merci bien, pouet pouet camembert. Où est le questionnement philosophique là dedans?
    Si j’ai bien compris, c’est par notre propre témoignage de notre capacité à prédire les phénomènes de la nature que l’on arrive à prouver la possibilité inéluctable du principe de causalité. Mais cette mise à l’épreuve ne résulte-t-elle pas, elle aussi, de cette construction de l’esprit qu’est le principe de causalité? Parce que schématiquement j’ai l’impression que l’argument que tu donnes signifie:
    -il y a des phénomènes
    -nous pouvons les prédire grâce à notre expérience sensible passée
    -donc la causalité est
    Je suis entièrement d’accord, il y a des phénomènes. Je suis d’accord, nous les percevons. Je suis d’accord, comme Condillac le dit si bien, notre perception de la succession des phénomènes dans le Temps nous permet d’avoir conscience du Temps. Mais n’est-ce pas à partir de cette même perception de la succession des phénomènes que nous construisons les concepts vagues et abstraits de « cause » et « effet »?
    Je ne suis pas épistémologue, mais j’ai l’impression que cette prétention que nous avons de pouvoir prédire les phénomènes de la nature à partir d’autres phénomènes avant-coureurs que nous nommons « causes » ne tient qu’à deux petites choses: l’habitude et l’induction; l’habitude de percevoir des séries semblables de phénomènes; l’induction, dans un principe général et universel, de l’expérience que nous avons de ces séries semblables, et pourtant uniques dans l’ipséité. Cette prétention, dis-je, me semble éphémère, puisqu’il est possible de former des principes alternatifs à de grands systèmes de représentation du monde supposés universels tels que la géométrie euclidienne ou autre géocentrisme.
    En dépit de cette remarque faisant somme toutes un peu preuve de scepticisme, on peut remarquer que malgré cette prétention illusoire d’avoir la capacité de prédire les évènements futurs grâce à la perception d’évènements passés, prétention fermement ancrée sur l’idée vague et abusive de « causalité », la connaissance que nous nous forgeons des « mystères de l’Univers » progresse grâce à notre capacité, bien réelle celle-là, de remettre en question les fondements de notre propre connaissance: ce que permet entre autres le questionnement philosophique. Non?

  3. #3
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    Par défaut ...

    réponse premier paragraphe :
    Cette impression de liberté dans tes actes ne constitue en rien une preuve de l'existence du libre arbitre. La citation de Laplace montre bien ce que veut dire le déterminisme : chaque évènement découle d'autres antérieurs. Soit l'univers tout ce qui est. Ton choix est inclus dans l'univers. Il découle donc d'évènements antérieurs, qui sont en partie en toi : en gros, ton esprit. Or les états successifs de ton esprit sont "observables" par l'intelligence de l'exemple de Laplace. L'état précédant la formation de ton esprit permet de déduire ce qu'il sera à chaque instant, ainsi que le "choix" que tu effectueras. Tu parles de choix car ton esprit se projette les possibilités causées par son action. Or il n'existe en fait qu'une possibilité car tu choisieras soit le fromage soit le dessert. Le fait que tu aies l'impression que tu as le choix réside dans le fait que tu ne puisses pas analyser ta propre pensée consciente qui induit ce choix.
    Je te propose une autre approche pour mieux comprendre : le déterminisme implique que tout évènement découle d'autres antérieurs, ou autrement formulé : que chaque état découle du précédent. Imaginons que tu sois dans la tête de quelqu'un d'autre, sans aucun souvenir de ton véritable esprit. Les observateurs extérieurs y verront-ils une différence? Non, de plus que tu croyerais avoir toujours été cette personne. Les sois disant choix que tu feras en cette personne auraient été les mêmes si tu n'étais pas conscient en elle.
    Il serait mieux que tu t'adresses aux arguments de ma démonstration de "causalité (déterminisme)"=>"non-libre arbitre" au lieu d'affirmer que c'est faux en essayant de montrer que le libre arbitre existe.

    réponse second paragraphe :
    Quand je dis que le principe de causalité est axiome de la pensée je suis convaincu ne pas avoir tort et que ce n'est pas la peine de disserter dessus, de plus ces phrases constituaient une introduction, car ensuite je soumets des interrogations quant à l'obligation d'existence de ce principe (au delà de l'entendement).

    Tu crois que la science se contente d'observer des faits qui se repètent suivant certains actions qu'on considère comme cause? Non. Une interprétation d'un grande nombre d'observations permet de dresser une théorie que l'on tente de généraliser à tout phénomène. Voici un fait (et non un argument scientifique d'autorité) : La théorie de la relativité générale a théoriquement impliqué de voir à la lunette une étoile "normalement" cachée par le Soleil car alignée avec la Terre.. Ce n'est pas quelque chose qui se répète, c'est simplement un fait impliqué par un modèle théorique (avec pour axiome la causalité) qui s'est révélé exact par l'observation. Ce que j'ai essayé de transmettre dans mon précédent post c'est que c'est la preuve que la causalité n'est pas une construction du cerveau.

    Au fait je ne vois pas en quoi les concepts de cause et d'effet sont vagues et abstraits, on en use tout le temps...
    La causalité tient à plus que ce que tu ne dis, car comme je l'ai montré plus haut un fait localisé s'explique par un cause à effet complexe issu d'une théorie construite après généralisation de concepts formés à la base par l'axiome de causalité.
    Bien-sûr les causes dans les théories scientifiques ne sont pas absolument fidèlement retranscrites par le fait que la matière est très complexe au niveau de l'infiniment petit et que l'observation y soit difficile. On comprend donc qu'on n'atteint pas de loi absolue mais seulement des approximations. Il s'ensuit que plusieurs interprétations différentes d'une même réalité peuvent s'avérer exactes dans les faits qu'elles expliquent.

    Les fondements de notre connaissance.. pour élucider les "mystères de l'univers" il vaut mieux supposer ce qui semble probablement (très) juste pour continuer son chemin explicatif, au lieu de rester dans une extrême rigueur qui nous empêche de ne considérer rien de vrai ; oui cette attitude est septique.

    Désolé si cette philosophie ne te plaît pas, mais elle ne consiste pas à emprunter la poésie et l'éloquence pour traiter les sujets de manière à séduire l'imagination et à éveiller les affections. Je m'efforce de construire une réflexion précise quoique abstraite.

  4. #4
    Garrisonsdicks Guest

    Par défaut théorie = image du réel?

    Pour le libre-arbitre: il n'empêche que ce choix, qu'il soit induit par une cause antérieure ou non (et connaissable ou pas), c'est moi qui l'ai fait. Il ne s'agit pas que d'une impression: même si, principe de causalité-nécessité oblige, il ne pouvait en être autrement, il n'empêche que c'est un choix conscient et volontaire. On voit bien ici que je ne cherche pas à démonter la thèse de la nécessité, mais bien à la rendre compatible avec l'idée du libre-arbitre, voilà pourquoi tu as l'impression que je cherche à démontrer l'existence du libre-arbitre.

    Ne le prends pas comme une attaque personnelle, ce n'est pas le cas, mais pour quelqu'un qui prétend démontrer par les faits, on retrouve beaucoup de conditionnel, de "théorie", de "imagine que" dans ce que tu écris. Ce que je cherche à dire, c'est que la science (ou toute science, qu'elle soit hypothético-déductive ou nomologico-déductive) n'est pas l'explication absolue et universelle du monde, mais une méthodologie (empirique ou hypothétique) parmi d'autres pour tenter d'expliquer le monde. Les modèles sont, je pense, uniquement valables par rapport à une conception de la vérité qui est la nôtre (peut-être la seule qui existe, je ne sais pas) et qui est immanente: la raison se suffit à elle-même pour prouver sa rationnalité.
    Donc si le critère de vérité est intrinsèque, rien ne nous dit que la vérité énoncée soit absolue.
    Prenons un exemple clair:
    Lorsque la pression d'un gaz baisse, le volume qui le contient augmente. C'est une observation empirique, et que j'en aie fait 50 ou 10 000, chaque observation est unique, même si elle est en tous points semblable aux précedentes. Ces expérience répétées me permettent d'induire que de tous temps, avec tous les gaz et de tous lieux, quand je vais réduire de volume contenant, la pression du gaz va augmenter. Fort bien, et cette connaissance rationnelle du lien entre cause nécessaire et cause suffisante me permet d'affirmer que puisque c'est logique, c'est vrai absolument.
    Mais le problème que je cherche à mettre en avant vient de l'induction: "si c'est vrai pour toutes les expériences que j'ai faites, c'est vrai dans l'absolu". Dans ce cas, l'anglais qui vient de débarquer en France et dont les premières femmes qu'il voit sont rousses, induira que toutes les françaises sont rousses.
    Donc je me permetterai de rajouter: la pression d'un gaz diminue quand son volume augmente, jusqu'à preuve du contraire.
    Ce que je cherche à montrer, c'est que notre connaissance du monde ne provient peut-être que de l'interprétation de l'expérience qu'on en a, et que de ce fait, notre idée de la causalité et donc de la nécessité est aussi une interprétation du monde depuis notre expérience. C'est très empiriste, je sais, mais j'entame mon mémoire sur Locke et ça envahit tout mon jugement.

    Toujours est-il que je reste un ferme partisan de la nécessité, parce que je ne peux pas faire autrement. Demande à Gorgias de foncer dans un mur dont il croit qu'il n'existe pas, il refusera sûrement de s'executer.

  5. #5
    Garrisonsdicks Guest

    Par défaut c'est peut-être plus clair par là... quoique.

    Je te renvoie à une discussion dans laquelle j'avais essayé d'expliquer mon point de vue: http://forum.philagora.net/showthread.php?t=31507
    (colle dans ta barre d'adresses)

  6. #6
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    Par défaut

    c'est un dialogue de sourd.
    Autant dire que nous possédons bien notre libre-arbitre, mais qu'en étant spectateur, on se rend compte que dans tous le cas, chacun de nos choix a été déterminé par une cause qui l'a provoqué.

  7. #7
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    Par défaut je pense que le déterminisme et libre arbitre sont incompatibles

    D'accord, décortiquons la pensée humaine :
    A force de perceptions, l'esprit remarque de façon répétée un fait discerné qui précède un second. Que l'esprit l'ait expérimenté un grand nombre de fois lui fait penser que c'est une relation nécessaire, qu'il ne peut pas en être autrement. Seulement, il n'y a aucune preuve rationnelle permettant de l'affirmer. Quand on cherche à expliquer plus profondément une relation de ce type, il survient alors d'autres relations y étant comprises (à une échelle plus précise d'observation), connues de l'expérience ou non. En étudiant les relations observables de mécanismes, on en vient à en trouver d'autres, l'ensemble des relations pouvant être lié de façon hiérarchisée. Idéalement pratiquons "jusqu'à l'infini" cette expérimentation des relations entre chaque partie, trouvant que chacune d'elles sont liées. Alors l'essence de(s) l'ultime(s) relation(s) qui entraîne(nt) en cascade toutes les autres ne serait-elle pas la relation de causalité?
    C'est un des buts de la science que de regrouper les différentes branches en principes simples. Le problème est que plus on ouvre la poupée russe plus on en trouve une plus petite, jusqu'à ce qu'elles soient insaisissables. Peut-être qu'un jour on mettra la main sur les relations logiques entre les particules fondamentales qui expliquent toutes les relations macroscopiques connues.
    C'est cette logique à la base de la matière qui soutient l'idée de modèle, et de causalité. Mais en fait, moi ce que je me demande, c'est comment est-ce qu'il pourrait en être autrement...

    La liberté, celle-ci ayant pour définition celle de Spinoza c'est à dire : "Une chose sera dite libre, qui existe sur la seule nécessité de sa nature et est déterminée par soi seule à agir", est selon moi incompatible avec le déterminisme.
    Certes : Si TOI=TON ESPRIT alors TU contiens, à un instant donné avant la réalisation, ce qui détermine TON choix. Donc, TU détermines TON choix.
    Mon objection est : TU/TOI étant déterminé par des causes antérieures dont tu ne peux rien (car le temps n'est pas un cercle c'est contradictoire avec le principe de causalité sauf si l'état du monde est périodique..), ses causes antérieures déterminent tes choix.
    Etre en étant soumis à ses déterminations ne comporte pas de véritable liberté. Ta volonté existe mais n'est pas libre.
    Désolé, je ne vois toujours pas comment libre arbitre et déterminisme puissent être compatibles.

  8. #8
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    Par défaut

    sans m'étendre car c'est indémontrable raisonablement.
    si le passé n'existe plus car il est passé, si le futur n'existe pas car il ne s'est pas encore manifesté, alors disons que nous vivons dans l'Instant. le present n'est que la succession de plusieurs instants. le passé, le futur, tout cela n'existe pas, seul le présent existe.
    chaque situation étant nouvelle, neuve et inédite, aucunes autres situations a pu etre la meme, chaque fois de nouveaux facteur entre en jeu et font que nos pseudo determinismes dus à notre passé deviennent vain pour nous aider, et si l'on suit des principes, une morale sensée guider nos actions, on se rend vite compte que nos principes sont souvent malmenés et la contingence nous invite toujours à les remettrent en question, en doute, et à en établir d'autres si on persiste. dans tous les cas nous pouvons agir comme nous l'entendons, en plus ou moins état de liberté d'esprit.
    A ca viennent s'ajouter des causes extérieures qui nous guident qu'on le veuille ou non vers tel ou tel choix, et qui font que quelles que soient les causes qui nous influences, nous sommes toujours poussée à faire un choix particulier; deux causes peuvent sembler nous faire pencher faire deux choix différents, respectivement à ces deux causes, et pourtant, l'une et l'autre cause finalement nous porte vers le meme choix. je veux dire qu'il n'est pas important que l'on recherche ce que telle cause produit et telle autre cause produit autre chose, car la finalité reste la meme, elle est un "check point".
    cela revient à dire que tout à fait librement nous nous alignons sur un choix qui est écrit à l'avance dans le sens ou il est inévitable, et cela indépendament de tout passé qui pourrait nous déterminer; ce qui sauvegarde notre libre-arbitre, c'est que tout se passe dans l'instant, puisque le passé et le futur n'existent pas.
    alors on peut réfléchir comme on veut, autant qu'on veut, le choix est déja déterminé, et pas par des causes intérieures. disons que les causes interieures s'alignent librement sur les influences extérieures.

    si je prends des exemple extrèmes, car ils aident à simplifier:
    un pédophile se demande bien, et sais bien au fond de lui que le choix qu'il va effectuer n'est disons pas très correct, pourtant il le fait, c'est plus fort que lui. pourtant il sait tres bien qu'il a le choix, mais il refuse de se dominer et de s'abstenir, alors il agit librement parce qu'il doit le faire. il n'y a rien à ajouter à cela. rien à comprendre, mais juste à entendre.
    cela revient à dire, aussi contradictoire que cela puisse paraitre, que nous nous conformons en toute liberté à ce que nous devons faire. d'ou une certaine responsabilité, sans aucune culpabilité.
    pendant la deuxième guerre mondiale, il y eut à mon avis des collaborateurs qui savaient tres bien en toute liberté d'esprit, que contribuer au génocide d'un peuple n'est pas très Humain, mais c'est humain. et pourtant, ils ont effectuer ce choix en leur ame et conscience, sachant tres bien ce qui leur arriverait au cours d'un procès; mais ils ont assumé ce choix.
    la vraie liberté serait alors à se conformer à ce pourquoi nous sommes déterminés.

    je ne suis pas du tout convaincu par ce que je dis. Les deux points de vue sont aussi valables l'un que l'autre mais si l'on veut concilier les deux thèses, voila une synthèse. S'il y a quelquechose comprendre dans ce que je dis, ce n'est que dans l'optique de la synthèse à proprement parler, c'est à dire d'un dépassement du conflit des deux thèses; dépasser la raison qui ne peut que nous faire pencher d'un coté ou de l'autre de la balance. absolument Inutile de réfléchir à ce que je dis, il suffit d'entendre.

  9. #9
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    un dernier mot: dans ce sens, le libre-arbitre et le déterminisme se fondent l'un dans l'autre, fusionnent, et donnent notre choix, quel que soit ce qui se passe après.

  10. #10
    Garrisonsdicks Guest

    Par défaut Synthèse

    Toujours est-il que pour moi la relation de causalité est une relation artificielle, une sorte de « loi » créée par nous, et qui ne correspond qu’à une interprétation inductive de notre expérience de la successivité des phénomènes. Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire. En fait j’ai l’impression que tu désignes par « nécessité » quelque chose de réel, là où ce mot ne sert, me semble-t-il, qu’à décrire l'interprétation dont j'ai parlé. Voilà pourquoi je dis que c’est un mot abstrait (cf le début de Principles of Human Knowledge de Berkeley, j’adhère un tant soit peu à sa théorie du langage abusif) : le mot n’est pas la chose réelle, mais l’expression de notre idée de la (ou des) choses. Kant, il me semble, a largement étudié ce problème, et a fini par soutenir que la relation nécessaire entre la cause et l’effet n’est pas dans la « chose en soi » mais dans l’ordre selon lequel notre esprit appréhende le monde (donc si je comprends bien, nous construisons la relation de causalité à partir de notre idée a priori du temps et de nos connaissances a posteriori des phénomènes). Dans tous les cas, je ne vois pas bien comment prouver que notre expérience du monde est une expérience du monde tel qu’il est, et donc je suis incapable de dire, au final, si la relation nécessaire des phénomènes est réelle, ou bien si elle est seulement une construction de l’esprit qui ne sert qu’à désigner et exprimer notre expérience du réel.

    Pour ce qui est du déterminisme VS libre-arbitre, Titouan a raison, c’est un dialogue de sourds. Je déplore seulement le caractère fataliste d’une conception déterministe du monde, bien que je ne sois pas en mesure de proposer d’alternative (je suis moi-même obligé de considérer le monde comme une chaîne causale, bien que je pense que la causalité n’est pas dans les phénomènes mais dans notre esprit).

    Pour le post de Titouan: Seulement, si je dois croire en la relation nécessaire, je refuse totalement de faire de la nécessité un « c’est plus fort que moi ». Selon moi, le libre-arbitre est tout simplement la manifestation de nos actes conscients et spontanés. Or, le « plus fort que moi » provient, selon moi, de ce que les psychanalystes appellent l’inconscient, et l’abandon de soi à ses désirs refoulés : le « ça » qui est plus fort que le « moi ». Cet inconscient contraignant n’a rien à voir avec la relation nécessaire de causalité, mais relève plus, je pense, d’un déterminisme psychologique (l’éducation, la socialisation). De même, je ne pense pas que les collabos étaient déterminés à contribuer à l’holocauste (duquel, d’ailleurs, la plupart ne devaient même pas être au courant). Je ne crois pas en la finalité : ce n’est pas ce pour quoi, mais ce par quoi on est déterminé qu'il faut chercher. Il ne s’agit pas de causes inconscientes, car là on pourrait parler d’un « c’est plus fort que moi », et nos actions seraient des actes manqués ; mais là, on parle de choix conscients et volontaires, et donc il s’agit peut-être de causes inconnues, parce qu’elles échappent à notre perception du monde (cf Spinoza).

    Pour ce qui est du pédophile, on ne peut, là non plus, parler de déterminisme. Je pense que la pédophilie est une psychopathologie, ce qui signifie que l’action consciente qui en résulte est suscitée par un dysfonctionnement du processus de refoulement : le moi conscient se soumet au ça car le désir inconscient est une torture. Je ne suis pas psychanalyste mais c’est ma vision de la conduite pédophile.
    De toute façon, même dans ce cas, un nécessitariste dirait sûrement que la cause réelle de l’acte pédophile n’est pas la pathologie, mais qu’elle est inconnaissable; le viol de telle mineure est arrivé, et il n’aurait pas pu ne pas arriver, mais cette nécessité ne vient sûrement pas de la psychopathologie du violeur : en quoi le fait d’être pédophile serait-il la cause nécessaire de cet acte en particulier? En tout cas, je pense qu’il est dangereux de dire que nous sommes déterminés à être collabos ou pédophile : on pourrait vite en arriver à dire que l’on naît collabo ou pédophile, voire que nos parents vont enfanter un collabo ou un pédophile, voire que la pédophilie ou le fascisme est génétique.

    Pour ce qui est de la liberté.
    Si l’on parle en termes spinozistes, le fait d’être cause de soi qui définit la liberté ne peut-être propre à l’Homme. Seul Dieu est cause de soi, en ce qu’Il est à la fois nature naturante et nature naturée. Ainsi, en tant que chaînons de l’ordre nécessaire absolu qu’est Dieu (ou la totalité de ce qui existe, c’est kif kif pour Spz), les individus conscients tels que les Hommes ne sont en aucun cas « cause de soi ». Pourtant, Spinoza accepte une conception de la liberté, proche de celle de Kant me semble-t-il : la liberté raisonnée. Par là, Spinoza se conforme à l’idée stoïcienne de la liberté : l’affranchissement intérieur, par la réaction de l’intelligence et de la volonté contre les passions (ce dont semble incapable le pédophile). De ce fait, je suis libre quand je m’arrête au feu rouge, car je suis affranchi de mes passions qui me poussaient à le brûler (cf l’Ethique, IV, proposition 67 : « L’homme libre c’est celui qui vit suivant les seuls conseils de sa raison »). Là, il n’y a pas grand-chose à voir avec la nécessité, si ce n’est que l’acte raisonné est lui-même maillon d’une chaîne causale.

    Je suis d’accord, l’idée de libre arbitre est définitivement incompatible avec le déterminisme, sitôt qu’on désigne par « déterminisme », comme le fait Inco, la nécessité absolue. Et en effet, Inco, ce que je désignais par « libre-arbitre » n’est autre qu’une impression de liberté face à cette nécessité absolue.
    Pour terminer, je cite Bergson, parce que c’est rigolo de finir sur une citation qui n’est pas commentée et qui amène des questions chez les lecteurs. C’est dans l’Essai sur les données immédiates de la conscience : « On appelle liberté le rapport du moi concret à l’acte qu’il accomplit. Ce rapport est indéfinissable, précisément parce que nous sommes libres : on analyse en effet une chose, mais non un progrès ; on décompose de l’étendue, mais non de la durée… C’ est pourquoi toute définition de la liberté donnera raison au déterminisme ».

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