Bonjour, je vous soumet mes pensées et tentatives d'analyse de l'existence ou non du libre arbitre.

La science découle des pratiques intellectuelles utilisant la raison telles que la philosophie avec pour premier but de résoudre les mystères de l'univers. Elle inclut donc la pensée humaine, aidée par la logique mathématique. Or l'axiome de toute science est l'existence de la causalité, c'est à dire que l'explication scientifique suppose que l'état de faits observés découle d'un état antérieur : tout phénomène a une cause, et dans les mêmes conditions, la même cause implique le même effet. En fait le principe de causalité est axiome de la pensée. Vérifions tout d'abord si ce principe s'avère obligat0ire, et ensuite déduisons-en les principales implications.


S'il n'y a pas de déterminisme (le principe de causalité implique le déterminisme, c'est équivalent), il n'y a pas de dépendance entre chaque grain de matière, pas d'ordre. Le fait que l'observateur, humain, remarque des régularités dans son environnement sensoriel ne constitue pas une preuve par l'absurde de l'existence nécessaire d'un déterminisme. En effet, l'ablation d'un organe suivie de troubles au niveau d'une fonction f dans un quelconque organisme vivant ne suffisent pas à prouver que cet organe commande cette fonction f. C'est en allant plus loin dans la théorie que cette conjecture peut plus ou moins bien se vérifier mais jamais prouvée, car comme le philosophe écossais D. Hume l'a dit : "Toute connaissance dégénère en probabilité".
Nous pouvons très bien nous imaginer que l'ensemble des informations originaires de nos sens constituent en fait notre essence et que nous sommes le monde : "je" produis mes sens qui me font croire à un monde, cette production étant égale au "je". Dès lors ce que j'observe peut présenter des régularités illusoires que je crée. Ceci, affirmer que le principe de cause/effet est une construction illusoire de soi-même, est la seule alternative et le seul doute face au déterminisme.
C'est là que la connaissance scientifique nous permet de nous rendre compte que cette alternative est impossible : en regroupant des faits isolés, puis leurs régularités pour ensuite ériger une théorie qui rend compte de celles-ci, on parvient à prédire des faits insoupçonnés et inconnus de l'expérience. Ainsi il y a quelque chose d'extérieur à ce "je" hypothétique.
Le déterminisme suppose l'existence d'une chaîne causale que l'on peut se représenter en plusieurs chaînes plus ou moins dépendantes les unes des autres, chaque état considéré pouvant idéalement être déduis du/des précédent(s). Il y aurait indéterminisme si une chaîne causale existait après l'instant initial sans être causée, ce serait en contradiction avec le principe de causalité. Aussi, cette chaîne causale agissant sur de la matière, pour rester fidèle à notre cher principe de causalité, seule de la matière peut constituer cette cause, car idéalement il existe un modèle théorique (que suppose implicitement le principe de causalité) qui rend compte de l'ensemble des rouages déterminant l'univers, ou plutôt déterminant tout ce qui est. L'indéterminisme viole donc le postulat de conservation de la quantité de matière, ou d'énergie. En fait considérer de l'immatériel constitue un échappatoir à la nécessité de détermination de toute action.

La toute première conséquence de ce qui précède est le négation absolue du libre arbitre.
Explication :
Tel que le mathématicien, astronome et physicien français P.-S. Laplace l'a écrit : "Nous pouvons considérer l’état actuel de l’univers comme l’effet de son passé et la cause de son futur. Une intelligence qui à un instant déterminé devrait connaitre toutes les forces qui mettent en mouvement la nature, et toutes les positions de tous les objets dont la nature est composée, si cette intelligence fut en outre suffisamment ample pour soumettre ces données à analyse, celle-ci renfermerait dans une unique formule les mouvements des corps plus grands de l’univers et des atomes les plus petits ; pour une telle intelligence nul serait incertain et le propre futur comme le passé serait évident à ses yeux", toute chose de l'univers dépends de ce qui la précède. (1)
Baruch Spinoza indique : "Une chose sera dite libre, qui existe sur la seule nécessité de sa nature et est déterminée par soi seule à agir ; une chose sera dite nécessaire, ou plutôt contrainte, qui est déterminée par autre chose à exister et à opérer suivant une loi certaine et déterminée" (Ethique I, déf. VII) (2)
Considérant que nous humains sommes inclus dans l'univers et conséquence nécessaire des états antérieurs de celui-ci (1), ce que nous sommes est nécessaire et contraint, et la négation de la liberté. (2)
Par (1) et (2), l'Homme ne possède aucun libre arbitre. C.Q.F.D.
En effet, le principe de causalité implique qu'à partir de conditions initiales découle des faits nécessaires. Ce n'est pas moi qui est impliqué mon existence, mais ce sont ces causes nécessaires, antérieures à moi-même. S'affranchir de ses déterminations ne présente aucune liberté, car le fait de s'affranchir découle également de la nécessité. Mes agissements ou pensées sont déterminées par un ensemble de cause, la plupart des causes pouvant être comprises dans ce que je considère comme moi. Or ce moi découle de la nécessité, ce que je pense découlant du moi, il est indirectement contraint, soit nécessaire.


Nous avons montré, par l'intermédiaire de l'acceptation du principe de causalité, que l'Homme ne décide qu'illusoirement. En fait, la part de liberté que l'on croit posséder ne fait que correspondre à notre ignorance des causes nécessaires qui nous déterminent. La justice reconnaît des causes frappantes mettant en cause la responsabilité de meurtriers, en plaidant des causes indépendantes de la "volonté" des accusés qui déterminent leurs actions fautives. Comme on le voit, l'acceptation du principe du causalité, impliquant la négation de la liberté, pose un problème social fondamental : la justice.