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Discussion: que pensez vous de la technique?

  1. #1
    shantelle Guest

    Par défaut que pensez vous de la technique?

    que pensez vous de la technique est-elle une source de liberation ou d'asservissement?

  2. #2
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    April 2001
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    France -
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    Par défaut

    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

  3. #3
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    March 2007
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    Par défaut Ce qui se cache derrière la "technique".

    L'uniformisation est l'un des caractères les plus frappants du monde actuel. Bien entendu, l'uniformité complète est impossible : elle ne serait concevable que si les être "étaient dépourvus de toute qualité et réduits à n'être que de simples "unités numériques".

    cependant, tout l'effort moderne tend vers cette uniformité : les conceptions démocratiques et égalitaires aboutissent à faire des hommes "quelque chose qui ressemble autant qu'il est possible à de simples machines, car la machine, produit typique du monde moderne, est bien ce qui représente, au plus haut degré qu'on ait encore pu atteindre, la prédominance de la quantité sur la qualité" (René Guénon)

    Cette uniformisation que l'on impose aux hommes par la destruction des castes, ce qui entraîne une éducation "identique" pour tous, est également instaurée dans les choses, qu'une production "industrielle" dépouille de plus en plus de toute différenciation entre elles.

    Le mot d' "humanisme" qui s'impose alors résume bien, selon Guénon, ce qu'il y a de plus grave dans le monde moderne : une volonté "de tout réduire à des proportions purement humaines, de faire abstraction de tout principe d'ordre supérieur, et, pourrait-on dire symboliquement, de se détourner du ciel sous prétexte de conquérir la terre".

    Et la pente fatale descendue depuis la Renaissance semble bien nous avoir amenés à l'époque redoutable, où, selon la tradition hindoue, "les castes seront mêlées, où la famille même n'existera plus".

    Le mot de "caste" est sans doute l'un de ceux qui inspirent le plus de répugnance au monde contemporain ; ce qui n'a rien de surprenant, puisque le principe de l'institution des castes correspond à une vision métaphysique de l'univers.

    Ce principe, en effet, "n'est pas autre chose que la différence de nature qui existe entre les individus humains, et qui établit parmi eux une hiérarchie dont la méconnaissance ne peut amener que le désordre et la confusion".

    L'uniformisation est-elle une solution ?

    Comparons les métiers anciens et l'industrie moderne. Nous constatons que "l'artifex, pour les anciens, c'est, indifféremment, l'homme qui exerce un art ou un métier", ce qui signifie que la distinction entre les arts et les métiers, entre "artiste" et "artisan", n'était pas même admissible, parce que les métiers étaient "de nature véritablement qualitative".

    Et ceci n'était possible que parce que, grâce aux institutions inspirées par des principes supérieurs, c'étaient les qualités essentielles des êtres qui déterminaient leur activité.

    Aujourd'hui, au contraire, "un homme peut adopter une profession quelconque et il peut même en changer à son gré, comme si cette profession était quelque chose de purement extérieur à lui, sans aucun lien réel avec ce qu'il est vraiment, avec ce qui fait qu'il est lui-même et non pas un autre".

    L'industrie moderne d'ailleurs détruit l'apprentissage : et l'homme, qui n'est plus que le serviteur de la machine, n'a plus pour but que de produire "la plus grande quantité d'objets possible, et des objets aussi exactement semblables que possible entre eux, et destinés à l'usage d'hommes que l'on suppose tous semblables également".

    Cette uniformisation fera de l'individu un être totalement anonyme, confondu dans la masse, un être qui, ne mettant rien de lui-même dans son travail, n'est plus qu'une unité que l'on peut remplacer par une unité équivalent. Certes, l'artiste de jadis demeurait souvent, lui aussi, anonyme (tel fut notamment les cas des constructeurs de nos cathédrales). Mais, pour une raison exactement inverse : en l'occurrence, l'artiste faisait à tel point corps avec son "art" que son individualité s'identifiait à l'oeuvre à accomplir.

    Cette rage d'uniformisation, on en trouve une autre manifestation dans le rôle accordé aux statistiques, conçues comme si "l'accumulation pure et simple de faits" pouvait servir de preuve à une théorie. Et René Guénon se demande comment, "en négligeant les différences et en refusant en quelque sorte à les voir, on peut prétendre constituer une science "exacte". (Il n'y a d'ailleurs pour lui de science exacte que les mathématiques pures, qui seules se rapportent vraiment au domaine de la quantité.)

    Les statistiques permettent donc simplement de compter entre eux un certain nombre de faits, envisagés sous leur aspect le plus extérieur, ce qui ne permet de parvenir à aucune certitude, mais satisfait "le besoin de simplification excessive qui est encore un autre caractère assez frappant de la mentalité moderne", ce qui se comprend aisément, car "il ne saurait y avoir rien de plus simple que la quantité".

    Le règne du "quantitatif", nous le constatons aussi bien dans la dégénérescence de la monnaie. René Guénon rappelle que les monnaies anciennes sont littéralement couvertes de symboles traditionnels, ce qui prouve que la vie économique elle-même était soumise au contrôle de l'autorité spirituelle. Et l'on sait qu'après s'être affranchi de l'autorité spirituelle, Philippe le Bel procéda à l'altération de la monnaie, ce qui semblait alors extrêmement grave, peut-être parce que l'on pensait que le pouvoir temporel dépassait ses fonctions en disposant du titre de la monnaie.

    De nos jours, la monnaie, qui est amenée à disparaître, "ce qui est le symptôme le plus évident de la perte de la spiritualité de l'Occident" d'après René Guénon, a perdu toute importance symbolique, n'étant plus considérée que comme une valeur purement quantitative. Et ceci coïncide d'ailleurs avec une dégénérescence qualitative de toutes choses, "comme le montre le fait qu'on en est arrivé à n' "estimer" couramment un objet que pour son prix, considéré uniquement comme un "chiffre", une "somme" ou une quantité numérique de monnaie".

    "Les Américains, note également René Guénon, sont allés plus loin en ce sens, au point de dire, lorsqu'un homme réussit dans ses affaires, qu'il est "un succès", ce qui revient à identifier complétement un individu à ses gains matériels."

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