Madame la poésie (version III)



Ô ! Mon élue, ma muse, ma douce et passionnée, mon venin vénéré…
Qu’en as-tu fait de ma braguette…
Mais quel autre barbon n’aura su tant t’aimer…
À quelle âme prochaine seras-tu morcelée…
Quel autre mieux que moi, quel autre mal chronique, sous ta jupe levée, aura su te convaincre…
Combien de rêves et de phantasmes, déracinés du cœur…
Garde moi, mon amour, en ton ventre mouillé ta plus douce colère…
Ton visage d’acier et ta larme de sang…
Nous veillerons le soir des poussières de lampe, un fanal de chair, tant nos cendres perverses, à portée de tes dents…
Quand va l’oeil du tendre humer tes profondeurs
Où va lustrer le pourpre, cette langue qui meurt, aux pieds d’une statue. Combien de rien et de si peu, de supplices et de feux, tant mon sexe dressé, en nage de ton cul…
Pour que ta bouche s’ouvre, à l’unique saveur.
Combien de temps chéris, après tous nos silences, pour que le croque-mort, trinque à notre candeur, enivrée du mépris…
Entends déjà le chant, c’est notre fièvre belle…
Ces princes des poèmes…
Ecoute, c’est les pleurs….
Ecoute une parole, et le crime et le trouble.
Entends cette rumeur
Ecoute ces violons dérisoires et moqueurs, n’écoute plus ces choeurs… Regarde, là, Cruelle…
Tant nos âmes traînantes, toutes ses dents noircies, un sourire angeleur… Regarde c’est la mort
L’œil poudré de cendre, magnifique au brillant de tes cuisses tendues… Tant ouvertes à jamais...
Ouvre grand mon amour, cette porte béante, rends jalouse l’église, dont les pierres nous hantent…
Sois au dôme ton cul, à la crypte ton ventre, aux cantiques ton chant, au calice le cœur…
Empoigne mon trépan, allume d’une fente, brûle entière à ta bouche, hume levés tes yeux…
C’est le sel et vent, c’est le cri de la mer, c’est ton chant mon amour, dans ta main qui le branle…
Plus riche d’une obole, à ta gorge incendiée, échangée à nos bouches… Quel autre lait si doux, à ta lèvre odorante, emportera les pleurs…