Le malheur c'est peut-être d'imaginer un autre monde et de vouloir y conformer notre monde.
J'ai noté un texte remarquable de Monique Dixsaut:
«Quelle bête triste et folle que l'homme» , qui a accepté que «de l'idée d'une valeur inconditionnée» on passe à «la valeur inconditionnée de l'Idée» et subi l'absolu gouvernement venu d'un «autre monde» ! Comment s'affranchir de cette croyance, sortir de ce cercle dans lequel s'est enfermée toute morale et toute métaphysique ? Monique Dixsaut répond en son nom, mais sa réponse laisse voir qu'elle a pratiqué Nietzsche au moins autant que «son» Platon, au point d'en prendre l'«accent» : «Accepter que toute valeur soit créée par l'homme qui n'est ni plus ni moins homme que moi, et qui en tout cas n'est pas Dieu, renoncer à un bien vraiment bon et à une justice vraiment juste, ne plus pouvoir croire à leur existence dans un autre monde ou au moins à leur instauration future dans ce monde-ci, ce n'est pas une perspective très réjouissante. Ce peut pourtant en être une si, au lieu de s'y résigner, on a la force de la vouloir et d'inventer une justice et un bien qui n'auront d'autre but que de rendre la vie plus légère, plus exubérante, plus inventive. Illusion ? A coup sûr. Mais mettre une illusion voulue et sue à la place d'un mensonge, c'est restituer à l'homme sa puissance la plus puissante, sa puissance artiste, sa puissance de se faire l'artiste de lui-même.»
Bien dit!