Non, la nature n'est pas comme une entreprise, car la nature n'entreprend rien... ce n'est pas un jeu de mots ou une focalisation sur un choix de vocabulaire, mais c'est pour dire que la nature n'a ni logique ni but précis, tout du moins d'un point de vue scientifique. Ainsi, d'un point de vue scientifique, la perfection bleufante de la nature (équilibre, adaptation des espèces) est dûe à un mécanisme tout à fait aléatoire, et on en vient à la théorie de Darwin : la girafe n'a pas le cou long pour manger au sommet des accacias, elle existe aujourd'hui parce que parmis une foule d'animaux elle s'est trouvée la seule à posséder la faculté (cou long) de survivre dans la savane (je simplifie largement mais tu connais déjà Darwin). Certes cette théorie n'est pas valable à 100% mais c'est la "pierre angulaire" (pour reprendre le même mot) de la science moderne... J'espère que tu me suis. Ce que je veux dire c'est que d'un point de vue scientifique tu ne trouves pas d'intention, de logique, de buts dans ce que l'on appelle la nature : elle n'est ni entité, ni substance, ni pensée... elle n'est rien du tout, elle est une invention de l'esprit, on appelle nature ceci ou cela mais ceci ou cela sont inertes. Voilà je tiens ma pensée précise : pour moi, la nature est inerte, alors que pour toi elle est animée... en fait tu es dans ton raisonnement assez aristotélicien, non ?

Or, tu as le droit de croire que la nature est animée, de même que tu as le droit de croire à Dieu, de le revendiquer... Et ni la science ni personne n'ont prouvés que la nature n'était pas animée, peut-être même est t'elle une déesse avec encore plus d'intentions que tu ne lui en attribues. Mais en ce qui concerne le débat philosophique, je pense qu'il vaut mieux partir du principe que la nature est inerte, il me semble que c'est la position la plus laïque.[/QUOTE]

Pardon je n'avais pas vu ce message, très interessant d'ailleurs. De ce fait, dans ma courte réponse ci-dessus, je dois sembler encore moins te comprendre que je l'ai cru precedemment. Bref, à présent je crois avoir mieux saisi ce que tu penses.

Honètement, j'ai du mal à croire à cet "impérialisme du hasard" (d'ailleurs j'ai tendance à croire que le mot "hasard" a remplacer celui de "dieu" ou divin... il s'est laiciser en quelque sorte, séculariser, comme c'est le cas à mon sens d'un certain nombre d'autres notions ou appellations; mais c'est un autre débat), et je serais bien penché à suivre Aristote, à savoir que chaque objet à sa propre cause, qu'il y a du mouvement en tant que puissance...(donc animation). Aristote est admirable.
Mais je ne renie pas la science, et je le rappelle: je veux laiciser ma pensée (je renie la science soumise à une technique pervertie; c'est encore un autre débat) et accepter les progrès de la science qui se veut explicative de ce qui nous entoure (ce que le Vatican refuse, cela dit en passant). J'en viens donc à l'interet de ta "contestation": la pensée aristotelicienne se heurte inévitablement au hasard, à l'imprevu, à l'accidentel et en général à l'incertitude. Et donc la science nous le "prouve" comme tu dis, et il y a pour moi une vérité à en tirer.
Seulement, parmi tous ce hasard et ces accidents, je vois a priori un ordre se dégager, un tout faisant néanmoins système, un cycle naturel qui malgré Darwin me bleuffe, mélé à un souci de perfection qui me caractérise (m'inspirant de la "perfectibilité" de l'homme de Rousseau, puis Hegel, Marx).
Pour caricaturer, si Darwin est l'antithèse d' Aristote (ce qui n'est evidemment pas si simple) je veux faire une sorte de synthèse, dépasser le conflit; je m'inspire ici de la pensée dialectique en général, que je trouve très importante. Alors je crois au hasard et à l'accident, mais " la nature ne fait rien en vain ni de superflu". J'y vois bien "un ordre spontané" qui tend à se réguler de lui meme, avec l'homme comme maillon de la chaine. En ce sens j'ai un penchant écolo et meme altermondialiste, et pourtant au niveau national j'ai envie de réclamer plus de liberté, ou du moins de la liberté guidée. Je te concederais volontier que ce pseudo dépassement du conflit et de piètre qualité, mais je suis déjà en train d'écrire un roman...

Tu te demande peut-etre pourquoi je te bassine avec ce que je suis, comment je pense?
voila ou je veux en venir: pas de dogmatisme; je vois de la vérité un peu partout à vrai dire. Et donc surtout pas m'enfermer dans une pensée religieuse, des valeurs qui en découlent, donc dans un comportement particulier etc... La liberté m'est trop chère, et celle de l'esprit d'abord.
Tout ceci est très paradoxal et contradictoire, et je le revendique et le cultive, cherchant la progression dans la contradiction. Cette contradiction est pour moi une condition essentielle de la liberté de l'esprit. (pardon je m'ecarte quelque peu du débat)

Pour revenir à Darwin, après avoir connu sa pensée, j'ai choisi d'en retenir une chose qui pour moi fut son plus grand apport: la notion de processus évolutionniste. Et cette notion me semble quand meme pus importante que celle de l'aléatoire, qui n'est absolument pas négligable (c'est la que l'influence de mes croyances réapparaissent); bien que la science, comme tu me la expliquer, se base sur l'aléatoire avant tout et sur cette "nature inerte". Cette notion d'évolution, en général c'est à dire pas exactement dans les meme termes que Darwin, est incontournable. Et j'ai été ravi d'etayer ceci en m'appropriant Hannah Arendt qui parle si bien de cet apport darwinien dans Condition de l'homme moderne.

Et quant à la nature, je ne la concoi pas non plus comme substance, encore moins comme pensée (intelligente pour exagérer). J'utilise juste le mot "entité" comme image de ce que je disais plus haut: du tout aléatoire se dégage néanmoins un ordre quelque peu cohérent. et je croyais en ceci (je dis "croire" car la science d'après ce que tu me dis s'oppose à cette vision; c'est donc pour moi une croyance), je l'envisageais (au premier sens du terme pour poursuivre mon image) déjà bien avant de croire en Dieu. Ce n'était peut-etre qu'un réflexe juvénile d'ailleurs.

Pour finir, j'ai le souvenir qu'à l'école primaire on m'est appris ceci: les hommes ont commencer à grandir quand ils ont commencé à cueillir... idée recu? mon ambivalence me fait croire que oui, mais le hasard darwinien me fait croire que non... enfin, j'en reviens toujours au meme: croire... (pas de dieu la dessous!)