Bonjour
:
Si la raison est le pouvoir de distinguer le vrai du faux comment se fait-il que certaines erreurs résistent à la réfutation.?
1) Il semble que la raison comme pouvoir de distinguer le vrai du faux peut nous garantir de l'erreur une affirmation fausse devrait pouvoir être réfutée.
Après tout, l'origine du doute est l'expérience de l'erreur ; aussi la reconquête des certitudes implique-t-elle une maîtrise de l'erreur, donc une connaissance de ses mécanismes.
DESCARTES commence par montrer comment l'erreur est possible. Notre faculté d'opiner, donc d'assentir ou de nier, c'est-à-dire au fond notre liberté, est infinie : elle peut se porter sur n'importe quel objet, elle peut produire des jugements sans limite. En revanche, notre entendement, c'est-à-dire notre faculté de former et de manipuler des concepts clairs et distincts, est fini. Il ne peut connaître n'importe quel objet, ni n'importe comment. La cause principale de l'erreur consiste donc à ne pas contenir la volonté dans les bornes de l'entendement. Pour ne pas se tromper, il ne faut pas vouloir se prononcer sur des objets inconnaissables, et il faut conformer les processus de la recherche de la vérité aux règles de la méthode (commencer par le plus simple et le plus évident, enchaîner les énoncés par des chaînes de raison, à la façon des mathématiciens).
2) Mais certaines erreurs résistent à la raison:
Nous nous trompons, selon DESCARTES, parce que nous laissons aller notre volonté ; si nous avons la résolution de ne pas nous tromper, une ferme attention aux règles de la méthode doit permettre d'éliminer toute erreur. Cependant, nous faisons souvent l'expérience d'une erreur qui résiste à la démonstration de la vérité et de la réfutation la plus méthodique. On doit alors soupçonner que des raisons plus profondes, et d'une autre nature, enracinent l'erreur dans la conviction.
ERREUR ET ILLUSION
FREUD a souligné un tel mécanisme de production "positive" de l'erreur dans l'avenir d'une illusion. La cause de l'erreur peut être, d'après FREUD, le désir, et l'erreur doit alors être appelée illusion. KANT a décrit un phénomène semblable en montrant pourquoi l'esprit humain cherche inlassablement à connaître et à décrire des objets inconnaissables, parce que dépassant les limites de toute connaissance possible (Dieu, l'âme, le monde comme totalité). La raison est poussée à cette recherche impossible par une "tendance", un véritable désir théorique auquel elle ne peut renoncer, et qui la conduit à l'illusion transcendantale de la connaissance métaphysique.
==Que le rapport à la vérité puisse être compromis avec le désir explique que la mauvaise foi, c'est-à-dire une tromperie plus ou moins intentionnelle, domine ou parasite l'usage que nous faisons de la vérité. La vérité n'est pas un objet neutre, enjeu d'une simple visée contemplative et désintéressée. Elle est au contraire un enjeu central auquel nos désirs sont au plus haut point intéressés. Nous avons souvent intérêt -du moins du point de vue de notre confort égoïste- à tromper les autres ; mais nous avons soqui nous arrange bien (ce que FREUD nomme un "acte manqué"), ou encore de donner une apparence de justification à une injustice dont nous bénéficions.uvent aussi intérêt à nous tromper nous-mêmes, pour préserver notre confort moral et intellectuel - qu'il s'agisse de conserver un préjugé familier et rassurant, de faire un acte apparemment involontaire
Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir