Le mauvais vin

La poésie n’est à personne, pas même à son auteur. Elle n’appartient qu’à celui qu’elle touche, celui qui la rencontre… Elle ne s’écrit pas comme un littérateur, un « va en lettres… Elle ne s’écrit pas, pour être lue, comme on boirait du mauvais vin, avec une belle étiquette, à tout miser sur l'esthétique… Ou sur le style… Ou sur la forme… Et qu’importe le thème ! Pourvu qu'on aime... Pourvu que l’on soit reconnu…
Pourvu qu'elle soit lue par des âmes aveugles, soi-disant érudits, du verbe et de la métaphore, toujours présents pour nous faire croire que le génie est inné. Qu’il n’y a pas d’éminence grise chez les Pigmés et que la vérité n’est pas dans la nature, que seul le génie se trouve dans la syntaxe verbambriquée… Celle qu’on vous brandit, dans des lexies ôtées des mots de l’habitude, avare de simplicité, cloquée de rimes infréquentables, bâtie d’incertitudes et de mensonges, comme s'installerait la relation entre le vide et l’incompréhension…

Première règle « La Solitude »… absente de statuts, ou de codes de loi, la poésie ça se distingue, loin des mots distingués, elle ne s’écrits pas dissimulée derrière des mots choisis, pas plus qu’avec la morale… Chez elle, Il n’y a pas de génie, la poésie, ça n’est pas ça. La poésie, c’est celle qui vous empêche de sortir de cette pièce où vous vous êtes vous-même enfermé, ou pour la lire, ou bien pour l’écouter, soit dite ou bien chantée. Celle qui vous tue quelques instants, les yeux rougis… Celle qui vous oblige à vous cacher le temps de revenir à la réalité de ceux qui vous observent… Ceux-là qui vivent là, où tout le reste, n'est que littérature...