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Discussion: Russell, Problemes de Philosophie

  1. #1
    nilallou Guest

    Par défaut Russell, Problemes de Philosophie

    Bonjour, en fait j'ai un probléme, j'ai quelques questions sur ce texte a faire, et je n'arrive pas a ressortir les grandes idées du texte, ni a repondre au question . Merci de bien vouloir m'aider .

    ( Intro)
    Nous voici au terme de notre bréve et fort incompléte revue des problémes de la philosophie : il sera profitable , en conclusion, , de considérer la valeur de la philosophie et les motifs qu'on peut avoir de l'etudier . Il est d'autant plus nécessaire de traiter cette question que bien des hommes , sous l'influence de la science ou de la vie pratique , inclinent à penser que la philosophie n'est rien d'autre qu'un jeu innocent, mais frivole, l'art de couper les cheveux en quatre, bref un ensemble de controverses sur des sujets où la connaissance est impossible .

    ( 1ere partie)
    Cette vision de la philosophie resulte pour une part d'une fausse conception des buts de l'existence, et pour une part d'une appreciation erronée des biens faits que la philosophie est susecptible d'apporter . Par l'intermediaires des inventions techniques, la physique est utile a une foule de gens qui en ignorent tout ., si bien que ce n'est pas seulement , ou surtout , pour l'effet qu'elle a sur le spécialiste, qu'il faut en recommander l'etude, mais bien en raison de son action sur le genre humain . Or ce genre d'utilite n'appartient pas a la philosophie . Si son etude a quelque valeur pour d'autres que le specialiste, ce doit etre indirectement, a travers les effet qu'elle peut avoir sur la vie de celui qui s'y consacre. C'est dans cette influence qu'il faut d'abord chercher la valeur de la philosophie .
    De plus, sous peine d'echouer dans notre tentative, il faut nous liberer des prejugés de ce qu'on nomme à tort " l'esprit pratique" . L"esprit pratique " au sens habituel de cette expression, ne connait que les besoins materiels de l humanité .il sait que l'homme doit entretenir son corps, il a oublié que son esprit reclame aussi de la nourriture . Meme si tous les hommes avaient assez pour vivre, meme si la misere et la maladie avaient ete supprimées autant qu'il est possible, il resterait encore beaucoup à faire pour construire une societe digne de ce noms, et même dans le monde tel qu'il est, les biens de l'espris sont au moins aussi importants que les biens du corps . La valeur de la philosophie est exclusivement de l'ordre de ces biens de l'esprit, seul celui qui n'est pas indifférent à cette ordre peut se persuader que la philosophie n'est pas une perte de temps .Comme toute autre discipline, la philosophie vise d'abord a connaitre . La connaissance qui est sa visée propre est celle qui procure l'unité systématique au corps des sciences, et qui resulte d'un examen critique des fondements de nos convictions , préjugés, et croyances .. Mais il faut bien reconnaitre que dans son effort pour apporter des réponses précises a ces questions, la philosophie n'a pas rencontré un succés considérable . Un mathématicien, un minéralogiste ou un historien, comme n'importe quel homme de sciences, a qui l'on demande quelles verités determinées sont reconnues dans la discipline, pourra répondre aussi longuement que vous etes disposé à l'écouter. Mais posez la même question au philosophe : s'il est de bonne foi, il devra avouer que sa discipline n'est pas parvenue aux resultats positifs qu'on trouve dans les autres sciences . Il est vrai que cet eteat de choses s'explique en partie ainsi dés qu'une connaissance bien définie d'un domaine devient possible, ce domaine cesse d'appartenir à la philosophie et devient l'objet d'une science disctincte .
    L'etude des cieux, qui appartient maintenant a l'astronomie, faisait autrefois partie de la philosophie , le grand ouvrage de Newton avait pour titre " Principes mathématiques de la philosophie naturelle"De même l'etude de l'esprit humain etait une partie de la philosophie, elle s'en est aujourd'hui separée pour devenir la psychologie scientifique . De sorte que l'incertitude de la philosophie est dans une large mesure plus apparente que réelle, les questions qui ont trouvé une reponse definie sont rangées dans la science, et celles qui restent ouvertes forment cette sorte de residu qu'on appelle la philosophie .
    Mais, touchant l'incertitude de la philosophie, ce n'est la que la moitié de la verité. Bien des questions, en particulier celles qui presentent le plus grand interet pour notre existence spirituelle, doivent rester insolubles, pour autant qu'on puisse le savoir, à moins que les pouvoirs de l'intellect humain changent radicalement . L'univers présente-t-il une unité de plan et de but, ou n'est-il qu'une rencontre fortuite d'atomes ? La science est-elle un fait permanent dans l'univers, d'ou l'espoir d'un progrés indéfini en sagesse, ou n'est-elle qu'un accident transitoire sur une petite planété où la vie finira par s'eteindre ? Le bien et le mal ont-ils un sens pour l'univers , ou n'ont-ils de sens que pour l'homme ? Ce sont là des questions philosophiques, auxquelles les philosophes ont apporté des réponses variées . Peut etre existe-t-il d'autres voies pour découvrir la réponse: mais il semble qu'on ne puisse démontrer la vérité d'aucune des réponses proposées par la philosophie. Et pourtant, aussi mince que soit l'espoir de parvenir a une solution , c'est qu'une partie de la tache de la philosophie de poursuivre ces interrogations, de nous faires prendre conscience de leur enheu, d'examiner les différentes approches qu'on peut en avoir, et de garder vivant cet interet speculatif pour l'univers que la connaissance assurée, trop bien établie, peut tuer si l'on s'y laisse enfermer. Bien des auteurs, il est vrai , ont pensé que la philosophie pouvait determiner le vrai sur de telles questions . Ce qui est de la plus haute importance du point de vue de la croyance religieuse devait pouvoir etre demontré, pretendaient ils , par des preuves au sens strict . Pour juger de la valeur de ces tentatives , il faut prendre une vue d'ensemble de la connaissance humaine , de ses méthodes et de ses limites . Il serait certes imprudent d'avoir une position dogmatique sur ce sujet, mais si les recherches menées dans les chapitres precedents ne nous ont pas égarés, ils nous faut renoncer a l'espoir de trouver des preuves philosophiques des croyances religieuses . Et donc nous ne pouvons mettre au compte de la valeur de la philosophie un ensemble bien defini de reponses a ces questions . Une fois encore, la valeur de la philosophie ne peut resider dans un corps de connaissance determinées .

    (2éme partie)
    En fait c'est dans son incertitude que réside largement la valeur de la philosophie . Celui qui ne s'y est pas frotté traverse l'existence comme un prisonnier : prissonier des préjugés du sens commun, des croyances de son pays ou de son temps, de convictions qui ont grandi en lui sans la coopération ni le consentement de la raison. Tout dans le monde lui parait aller de soi, tant les choses sont pour lui comme ceci et pas autrement, tant son horizon est limité, les objets ordinaires ne le questionnent pas, les possibilités peu familiéres sont refusées avec mépris . Mais nous l'avons vu dés le debut de ce livre, a peine commencons-nous a philosopher que même les choses de tous les jours nous mettent sur la piste de problémes quir restent finalement sans réponses. Sans doute la philosophie ne nous apprend pas de facon certaine la vraie solution aux doutes qu'elle fait surgir : mais elle suggére les possibilités nouvelles, elle élargit le champ de la pensée en la libérant de la tyrannie de l' habitude. Elle amoindrit notre impression de savoir ce que sont les choses, mais elle augmente notre connaissance de ce qu'elles pourraient être, elle detruit le dogmatisme arrogant de ceux qui n'ont jamais traversé le doute liberateur, et elle maintient vivante notre faculté d'emerveillement en nous montrant les choses familiéres sous un jour inattendu .

    (3éme partie)
    Mais a cote de cette fonction d'ouverture au possible, la philosophie tire sa valeur -et peut etre est ce la , la valeur la plus haute - de la grandeur des objets qu'elle contemple, et de la liberation a l'egard de la sphére étroite des buts individuels que cette contemplation induit . La vie de l'homme naturel est bornée par l'horizon de ses interets privés: sa famille, ses amis peuvent y etre compris, mais le monde exterieur n'y est percu que comme une aide ou un obstacle au cercle etroit de ses désirs. Une telle existence a quelquechose de fébrile et d'enfermé , a cote du calme et de la liberté de la vie philosophique. La sphére privée des interets liés aux instincts est un tout petit monde, placé au sein d'un vaste et puissant univers qui tot ou tard detruira notre monde privé . A moins d'elargir nos interets a la totalité du monde exterieur, nous sommes comme la garnison d'une forteresse assiégée, sachant que l'ennemi interdit toute évasion et que la réedition finale est inévitable . C'est là une vie qui ignore la paix, toute a la lutte entre l'insistance du désir et l'impuissance de la volonté . D'une facon ou d'une autre, si nous voulons une existence forte et libre, nous devons fuir la prison de ce combat.
    La contemplation philosophie est l'une des voies de la libération. De son point de vue supérieur, elle n'a pas a diviser l'univers en deux camps ennemis - l'ami et l'adversaire, l'utile et l'hostile, le bien et le mal : elle embrasse le tout d'un coup d'oeil impartial. Quand elle est sans mélange, la contemplation philosophie ne prétend pas prouver que le reste de l'univers est accordé à l'homme. Toute acquisition du savoir est un élargissement du Moi, mais la meilleure facon de parvenir a cet elargissement est de ne pas le rechercher directement . On l'obtient quand le desir de savoir est seul à agir, quand l'etude de l'objet n'est pas animée par le desir de lui trouver tel ou tel caractére, quand le Moi est pret a s'effacer devant l'objet lui-même . Mais ce n'est pas en s'attachant a montrer que le monde ressemble au Moi au point que la connaissance est possible sans ouverture au plus lointain, a ce qui semble le plus etranger, ce n'est pas ainsi , qu'on parvient a cet elargissement du Moi.Le desir de prouver la parenté du monde et du Moi est une forme d'affirmation de soi, et , comme toute auto-affirmation, elle empeche le Moi de se developper, ce qu'il voudrait pourtant, ce dont il se sait aussi capable . L'auto affirmation de soir, dans la spéculation philosophique comme partout ailleurs, voit dans le monde un simple moyen de parvenir a ses fins, me monde finit par compter moins que le Moi, de sorte que le Moi reduit a sa mesure tout ce que le monde pourrait lui apporter . Dans la contemplation, au contraire, nous partons du non-Moi , et la grandeur de l'objet élargit les frontiéres du Moi; l'esprit qui contemple l'inifnité de l'univers participe de son inflinité.
    C'est ainsi que les philosophies qui assimilent l'univers à l'homme ne vont pas dans le sens du progrés spirituel.La connaissance est une forme d'union du Moi et du non -Moi , comme toute union, elle est mise en danger par la volonté de puissance, et donc par la tentative de concevoir l'univers sur le modéle de ce que l'homme trouve en lui - même .Tout un courant philosophique veut que l'homme soit la mesure de toute chose, qu'il n'y ait de vérité qu'humaiine, que l'espace , le temps , les universaux soient des formes de l'esprit, bref, ce qui n'est pas une création de l'esprit,si tant est que cela existe, soit inconnaissable et ne compte pas . C'est là une conception fausse, si nos analyses sont correctes ; mais outre qu'elle est fausse, elle a pour effet de priver la contemplation philosophique de ce qui lui donne sa valeur, puisqu'elle l'asujettit au Moi.La connaissance, dans l'esprit de cette conception, n'est plus une union avec le non - Moi, ce n'est que l'ensemble des préjugés , des habitudes, et des désirs qui tissent un voile impénétrable entre l'homme et le monde. Celui qui trouve son bien dans une telle théorie de la connaissance ressemble a un homme qui ne quitterait jamais son foyer par peur de n'etre pas obéi au dehors .
    La veritable contemplation philosophique, tout au contraire, trouve sa satisfaction dans l'ouverture maximale au non- Moi, dans tout ce qui grandit son objet, et par contrecoup le sujet connaissant . Dans la contemplation, ce qui est d'ordre personnel ou privé, ce qui est lié à l'habitude, à l'amour de soi, ou au désir, tout cela déforme l'objet et nuit à cette union que l'intellect recherche. En dressant une barriére entre le sujet et l'objet, l'ordre de l'interet privé constitue une prison pour l'esprit . L'esprit libre observera le monde comme Dieu peut se faire, hors, de l'ici , et du maintenant, sans espoir et sans peur, dégagé des entraves que representent les croyances de la coutume et les préjugés de la tradition, dans le calme de l'absence de la passion, porté par le seul desir de connaitre - d'une connaissance impersonnelle et purement contemplative, autant qu'il est possible à l'homme. Par la meme , l'esprit libre mettra la connaissance abstraire, universelle, pure de l'accidentele que comporte toute histoire personnelle, bien au dessus de la connaissance tirée des sens, car la connaissance sesible est necessairement liée a un point de vue exclusif et privé, a un corps, a un appareil sensoriel qui déforme tout autant qu'il revéle.
    L'esprit qui s'est accoutumé a une telle liberté, a l'impartialité de la contemplation philosophique, en gardera les traits dans le monde de l'action et des sentiments . Pour lui, désirs et projets ne seront qu'une partie du tout, il les regardera avec detachement, parce qu'il voit bien qu'ils ne sont que des fragments infiniment petits d'un monde où les actions des hommes sont presque sans effet. Cette qualité de l'esprit qui, dans la contemplation , prend la forme du désir absolu de vérité, c'est dans l'action, la justice, et dans le domaine des sentiments cet amour universel qui va à tous, au lieu d'être reservé à ceux qu'on juge utilies ou remarquables. Si bien que non seulement la contemplation élargit le cercle des objets de la pensée, mais elle multiplie également les objets de nos actions et de nos affections : elle fait de nous les citoyens de l'univers, et non les assiégés d'une cité en guerre contre le reste du monde . C'est cette citoyenneté universelle qui constitue la vraie liberté de l'homme, qui le libére de l'esclavage où le maintient le cercle etroit de ses espoirs et de ses peurs .

    ( Conclusion)
    Pour résumer cette discussion, s'il faut étudier la philosophie, ce n'est pas pour trouver des réponses définies à ses questions, car la vérité, ici, nous reste en général inaccessible ; c'est bien plutot pour les questions elles-mêmes , car ces questions élargissent notre conscience du possible, enrichissent l'imagination intellectuelle, et diminuent cette assurance dogmatique qui ferme l'esprit a la speculation ; mais cest surtout parce que la grandeur du monde que la philosophie contemple éléve l'eprit, qui peut ainsi réaliser cette union avec l'univers qui constitu son souverrain bien .

    Russell, Problemes de Philosophie


    1) Redigez une synthése du texte ( resumé)
    2 ) D'apres Russell, qu'est ce qui fait la valeur de l'incertitude ?
    3 ) Pourquoi la contemplation est - elle libératrice ?

    Merci vraiment !!

  2. #2
    craquotte94 Guest

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    la valeur de l'incertitude réside dans le fait qu'en étant incertain on pose des questions on s'interroge on interroge les autres, ce qui fait avancer les opinions, la société

    "En fait c'est dans son incertitude que réside largement la valeur de la philosophie . Celui qui ne s'y est pas frotté traverse l'existence comme un prisonnier : prissonier des préjugés du sens commun, des croyances de son pays ou de son temps, de convictions qui ont grandi en lui sans la coopération ni le consentement de la raison. Tout dans le monde lui parait aller de soi, tant les choses sont pour lui comme ceci et pas autrement, tant son horizon est limité, les objets ordinaires ne le questionnent pas, les possibilités peu familiéres sont refusées avec mépris . Mais nous l'avons vu dés le debut de ce livre, a peine commencons-nous a philosopher que même les choses de tous les jours nous mettent sur la piste de problémes quir restent finalement sans réponses. Sans doute la philosophie ne nous apprend pas de facon certaine la vraie solution aux doutes qu'elle fait surgir : mais elle suggére les possibilités nouvelles, elle élargit le champ de la pensée en la libérant de la tyrannie de l' habitude. Elle amoindrit notre impression de savoir ce que sont les choses, mais elle augmente notre connaissance de ce qu'elles pourraient être, elle detruit le dogmatisme arrogant de ceux qui n'ont jamais traversé le doute liberateur, et elle maintient vivante notre faculté d'emerveillement en nous montrant les choses familiéres sous un jour inattendu."

  3. #3
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    Rubrique Aide-texte http://www.philagora.net/aide-texte/index.php

    Bonjour nillalou

    Pourquoi la contemplation est-elle libératrice? La réponse est dans le texte: lisons-le ensemble, enrepérant les principaux champs lexicaux:
    voici une aide
    http://www.philagora.net/aide-texte/russel.php

    N'est-il pas facile de répondre à la question?
    Si la contemplation est libératrice c'est parce que......
    C'est le choix d'une méthode (ici dégager les champs lexicaux ) qui vous permettra de réponre à la plupart des questions sur un texte
    Bon travail. nos ressources ici :
    http://www.philagora.net/bac-fr/index.php
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

  4. #4
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    Unhappy Aide pour une synthèse du texte de Russell

    Bonjour,
    J'aurais besoin d'un peu d'aide car je suis un peu perdue ...
    J'ai une synthèse à faire simplement sur cette partie du chapitre 15 de Problèmes de Philosophie de Russell (car le reste ne m'a pas véritablement posé de difficultés) :


    Cette vision de la philosophie résulte pour une part d'une fausse conception des buts de l'existence, et pour une part d'une appréciation erronée des biens faits que la philosophie est susceptible d'apporter . Par l'intermédiaires des inventions techniques, la physique est utile a une foule de gens qui en ignorent tout ., si bien que ce n'est pas seulement , ou surtout , pour l'effet qu'elle a sur le spécialiste, qu'il faut en recommander l'étude, mais bien en raison de son action sur le genre humain . Or ce genre d'utilité n'appartient pas a la philosophie . Si son étude a quelque valeur pour d'autres que le spécialiste, ce doit être indirectement, a travers les effet qu'elle peut avoir sur la vie de celui qui s'y consacre. C'est dans cette influence qu'il faut d'abord chercher la valeur de la philosophie .
    De plus, sous peine d'échouer dans notre tentative, il faut nous libérer des préjugés de ce qu'on nomme à tort " l'esprit pratique" . L"esprit pratique " au sens habituel de cette expression, ne connaît que les besoins matériels de l humanité .il sait que l'homme doit entretenir son corps, il a oublié que son esprit réclame aussi de la nourriture . Même si tous les hommes avaient assez pour vivre, même si la misère et la maladie avaient été supprimées autant qu'il est possible, il resterait encore beaucoup à faire pour construire une société digne de ce noms, et même dans le monde tel qu'il est, les biens de l'esprit sont au moins aussi importants que les biens du corps . La valeur de la philosophie est exclusivement de l'ordre de ces biens de l'esprit, seul celui qui n'est pas indifférent à cette ordre peut se persuader que la philosophie n'est pas une perte de temps .Comme toute autre discipline, la philosophie vise d'abord a connaître . La connaissance qui est sa visée propre est celle qui procure l'unité systématique au corps des sciences, et qui résulte d'un examen critique des fondements de nos convictions , préjugés, et croyances .. Mais il faut bien reconnaître que dans son effort pour apporter des réponses précises a ces questions, la philosophie n'a pas rencontré un succès considérable . Un mathématicien, un minéralogiste ou un historien, comme n'importe quel homme de sciences, a qui l'on demande quelles vérités déterminées sont reconnues dans la discipline, pourra répondre aussi longuement que vous êtes disposé à l'écouter. Mais posez la même question au philosophe : s'il est de bonne foi, il devra avouer que sa discipline n'est pas parvenue aux résultats positifs qu'on trouve dans les autres sciences . Il est vrai que cet état de choses s'explique en partie ainsi dés qu'une connaissance bien définie d'un domaine devient possible, ce domaine cesse d'appartenir à la philosophie et devient l'objet d'une science distincte .
    L'étude des cieux, qui appartient maintenant a l'astronomie, faisait autrefois partie de la philosophie , le grand ouvrage de Newton avait pour titre " Principes mathématiques de la philosophie naturelle"De même l'étude de l'esprit humain était une partie de la philosophie, elle s'en est aujourd'hui séparée pour devenir la psychologie scientifique . De sorte que l'incertitude de la philosophie est dans une large mesure plus apparente que réelle, les questions qui ont trouvé une réponse définie sont rangées dans la science, et celles qui restent ouvertes forment cette sorte de résidu qu'on appelle la philosophie .
    Mais, touchant l'incertitude de la philosophie, ce n'est la que la moitié de la vérité. Bien des questions, en particulier celles qui présentent le plus grand intérêt pour notre existence spirituelle, doivent rester insolubles, pour autant qu'on puisse le savoir, à moins que les pouvoirs de l'intellect humain changent radicalement . L'univers présente-t-il une unité de plan et de but, ou n'est-il qu'une rencontre fortuite d'atomes ? La science est-elle un fait permanent dans l'univers, d'ou l'espoir d'un progrès indéfini en sagesse, ou n'est-elle qu'un accident transitoire sur une petite planète où la vie finira par s'éteindre ? Le bien et le mal ont-ils un sens pour l'univers , ou n'ont-ils de sens que pour l'homme ? Ce sont là des questions philosophiques, auxquelles les philosophes ont apporté des réponses variées . Peut être existe-t-il d'autres voies pour découvrir la réponse: mais il semble qu'on ne puisse démontrer la vérité d'aucune des réponses proposées par la philosophie. Et pourtant, aussi mince que soit l'espoir de parvenir a une solution , c'est qu'une partie de la tache de la philosophie de poursuivre ces interrogations, de nous faire prendre conscience de leur enjeu, d'examiner les différentes approches qu'on peut en avoir, et de garder vivant cet intérêt spéculatif pour l'univers que la connaissance assurée, trop bien établie, peut tuer si l'on s'y laisse enfermer. Bien des auteurs, il est vrai , ont pensé que la philosophie pouvait déterminer le vrai sur de telles questions . Ce qui est de la plus haute importance du point de vue de la croyance religieuse devait pouvoir être démontré, prétendaient ils , par des preuves au sens strict . Pour juger de la valeur de ces tentatives , il faut prendre une vue d'ensemble de la connaissance humaine , de ses méthodes et de ses limites . Il serait certes imprudent d'avoir une position dogmatique sur ce sujet, mais si les recherches menées dans les chapitres précédents ne nous ont pas égarés, ils nous faut renoncer a l'espoir de trouver des preuves philosophiques des croyances religieuses . Et donc nous ne pouvons mettre au compte de la valeur de la philosophie un ensemble bien défini de réponses a ces questions . Une fois encore, la valeur de la philosophie ne peut résider dans un corps de connaissance déterminées .

    Russell, Problèmes de Philosophie 1912

    MERCI !

  5. #5
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    Bonjour Amélie
    Votre texte est trop long.
    Nos bénévoles peuvent aider dans le cadre de la préparation du bac (15 à 20 lignes.
    Il doit y avoir des sites qui vous aideront.
    Bonne chance
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

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