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L'existence est distinction et solitude par le temps et par l'espace, par le corps, ici et maintenant, par la farouche spécificité du je pense. Les événéments sont distincts, les personnages aussi, dans le caveau de leur corps.Tout cela est source de solitude et d'incommunicabilité.
A la succession Nerval substitue la simultanéité, au "ici et pas ailleurs" la possibilité d'être présent en plusieurs lieux à la fois par la multiplicité du moi.
Ce qu'il faut comprendre c'est que, à partir du moment où le moi est multiplicité , celui qui veut se chercher doit se chercher dans cette multiplicité où tout se contamine car tout est en continuité comme ce qui se mélange, un peu comme le brouillard de Virginia.
Le rêve n'est plus le contraire de la réalité, les personnages communiquent,et les événements se confondent.
Ce n'est plus la quête du Graal qui permet d'exister pleinement,mais la quête de soi dans et par l'écriture parce qu'en elle l'esprit circule et s'affirme et parce que seule l'écriture peut donner forme à la création, peut donner l'existence au rêve, l'écriture démiurgique. (créatrice)
A ce compte, Nerval est "fort, content, plein de ressources pour l'avenir" écrit-il à Georges Bell en 1854.
C'est que l'écriture est reprise de l'existence qui la fait être dans et par l'itinéraire suivi, reprise triomphante de la misère d'une condition humaine, joie de la vie qui a réussi dirait Bergson.
En lisant "derniers feuillets où le narrateur fait un bilan désastreux de sa recherche du passé comment le confondre avec Gérard de Nerval qui exulte d'avoir créé et qui se sent plein de forces pour l'avenir?
Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir