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Discussion: Bergson Essai, Virginia Woolf, Gérard de Nerval....

  1. #101
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    D'un point de vue général faire son deuil est bien l'arrière plan du roman: les millions de morts à la guerre, les horreurs de la guerre hantent les survivants.
    Et la vielle et puissante Angleterre a elle-aussi disparu....
    Mrs Dalloway est bien à conseiller aux lecteurs qui ont un problème à faire leur deuil . Comment tirer un trait sur le temps vécu autrement que par un lâche plongeon?

    Woolf nous suggère des pistes bien intéressantes. Mais elle laisse le lecteur deviner l'essentiel et donc devenir auteur
    Roman très difficile, mené par un auteur omni présent et omni absent....
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

  2. #102
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    Eva a bien raison de demander une explicitation.
    Sur cette ligne de posts on a arrêté la clepsidre ( l'horloge, on prend le temps de philosopher et de comprendre) et on prend son temps!
    La difficulté de faire son deuil c'est d'arriver à tourner la page sur une partie de nous-même que nous portons en nous et qui nous hante, comme si les morts dévoraient les vivants.
    Mais Peter n'est pas mort!
    Faire don deuil de Peter est encore plus difficile pour Clarissa, car Peter est bien vivant et peut ressurgir à tout instant.
    Certes elle ne manque pas de bonnes raisons d'avoir dit non et d'avoir choisi Richard , gardien d'un espace de liberté, lui laissant cette part d'indépendance, ne lui demandant pas de tout partager...
    Mais elle porte dans son moi profond sacrifié une flèche que la séparation a fichée, comme une écharde bien accrochée.
    Elle tient toujours à lui car lui seul peut la faire passer du stade de nonne à celui de femme pleinement épanouie!
    Il est toujours là comme s'il veillait sur elle (page 107)elle est accordée à Peter!
    Certes elle n'a pas fait son deuil et la vérité/réalité de son amour va éclater.

    Sonne-t-on à la porte? La voilà "contente et intimidée"

    Merci à Eva de nous avoir permis de musarder

    Mais dans Sylvie il y a bien une nonne....
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  3. #103
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    Remarquez que ,à la fin de Sylvie , la nonne est morte, et que le narrateur n'a pas trop de mal à faire son deuil d'un amour en grande partie imaginaire.

    Quand il s'agit du temps vécu, d'une réalité, c'est beaucoup plus difficile.
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  4. #104
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    L'âme de Clarissa et l'âme de Peter.

    On y retrouve les deux aspects du moi, la profondeur et la surface,la même forme

    mais pour pour ce qui est de la matière et du rapport entre les deux aspects que de différences.

    A bientôt
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  5. #105
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    16

    Que dire de l'instant?
    Fred demande deux ou trois pistes....
    "Du plaisir on peut dire qu'il appartient à l'instant. Du bonheur on peut dire qu'il appartient au temps ou à la durée. La joie ... est la rencontre fugitive dans l'instant de l'éternité." Lavelle, Traité des valeurs, II p.231

    1) Toujours empoisonné par le passé?
    L'instant pur, tel qu'en lui même est gâté par cette présence du passé, ce qui interdit à l'homme de goûter un bonheur donné et le détourne de la terre, de l'instant et du corps pour l'espoir qui n'est que la malédiction du présent.

    2) Une succession d'instants de bonheur?"Le bonheur me suivait partout; il n'était dans aucune chose assignable, il était tout en moi même; il ne pouvait me quitter un seul instant." Rousseau, Confessions, première partie, VI.
    (cf début Mrs Dalloway: le plongeon dans le bonheur....)

    3) Dans Noces, au chapitre Le désert, Camus fait remarquer que les deux seules choses qui nous soient données c'est le corps et le présent et que les refuser serait refuser de vivre.


    Le 2) intéresse Mrs Dalloway
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  6. #106
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    Par défaut Rousseau <= >Woolf

    Commencer par lire le post 16 :
    http://forum.philagora.net/showthrea...t=40698&page=4



    "A une finalité linéaire, Rousseau substitue une finalité circulaire.

    Stratégie. Provoquer une réaction de l'homme contre la passion qu'exerce sur lui l'action de la société. Revenons sur Les rêveries du promeneur solitaire.

    La promenade joue le rôle d'un paradigme: sa finalité est circulaire: on revient toujours au point de départ un peu comme dans la course de l'ancien "theos" qui revient sans cesse à son point de départ. La promenade nous permet donc de concevoir ce que peut être une finalité circulaire.

    La rêverie consiste à jouir à partir de ce qui est donné.( les sensations pour Mrs Dalloway)

    Pas d'action = pas d'altération. Finalité circulaire = restauration, règne du dictamen de la conscience, retour à l'instinct divin: "L'instinct moral m'a toujours bien conduit."

    L'action relève alors non plus de fins données par la société mais du sujet agissant selon ses principes: Rousseau, le Newton du monde moral selon Kant. Renversement.

    Solitaire parce que, il a compris que l'action finalisée venait de la société et que cela représentait une perte de soi dans l'altération.

    La société commandait, pas l'homme! Selon le schémas:
    société => regard d'autrui => action pour se distinguer => paraître au détriment de l'être.[QUOTE] originalité: Retrouver le plaisir de la finalité circulaire dans la réception même: acte de liberté, offrande[/QUOTE]


    L'action finalisée n'a donc pas pour origine la nature, l'être en soi, mais la passion exercée sur l'homme: l'homme subit le regard d'autrui qui commande son action.


    Le solitaire retrouve sa paresse naturelle, son existence d'être libre qui jouit du moment, délivré qu'il est d'une société par l'action de laquelle il souffrait, il supportait un "travestissement", un engagement dans une voie qui n'était pas sienne." Joseph Llapasset


    Voir comment Woolf se pose par rapport à Rousseau et propose une voie originale : contemplation et action bien unies. Réception comme une offrande.
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  7. #107
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    L'âme de Clarissa (page 74)

    profondeurs
    forêt : ensemble d'arbres et de ramures
    encombrée de feuilles : souvenirs des moments vécus (?)

    monstre brutal : la haine
    se réveiller
    fouissait
    : piétine, creuse la terre, menace les fondations et triture les racines
    au milieu : et pas simplement sur les côtés,au coeur même!

    des racines
    : le véhicule de la vie.

    contentement: elle ne connaît donc jamais le contentement car ses moments de contentement sont toujours menacés par la bête au plus profond d'elle-même, toujours prête à sortir de son sommeil.
    Depuis sa maladie: en ce sens elle est fichée à ce corps qu'elle a peine à reconnaître comme le sien.

    Pouvoir: exercé par la haine, véritable passion de l'âme: le moi ne peut y échapper et ...tout peut à tout moment basculer:
    torture: hérisser,faire mal au plus profond de ses os,douleur physique (infliger comme une punition)
    rendre fragile le plaisir comme si le monstre faisait trembler comme des tiges d'incertitude les efflorescences de son contentement au point d'emprter son contentement, de gacher sa vie et son bonheur de ceuillir les moments.

    Vaciller, ployer, trembler les branches et les ramures des arbres de la forêt.

    Contement et consentement toujours menacés par le pietinnement de la haine, car ils naissent de la vie; de la communication: or la haine veut la mort d'autrui et refuse la communication, les deux conditions du contentement et du consentement.

    Notez l'importance des arbres,indice fort de la gemellité de Clarissa et de Septimus
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  8. #108
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    L'âme de Peter (page 275 )

    A bientôt
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  9. #109
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    17


    Ed ne saisit pas le lien entre le temps vécu et Sylvie de Nerval

    Sylvie n'est pas une autobiographie (le narrateur se représente, recompose....sans ordre: on ne peut donc le confondre avec l'auteur qui raconterait sa vie: de même dans La recherche du temps perdu le narrateur n'est pas Marcel Proust: nous y reviendrons dans : Perspectives pour une étude de Sylvie.) mais une tentative pour se réapproprier le temps vécu par l'écriture . Il ne faut surtout pas confondre le narrateur et l'auteur!
    Le narrateur raconte son histoire : à travers les souvenirs du temps vécu. Bien entendu l'auteur est omni présent comme dans Mrs Dalloway, il tient et tire les ficelles. Il joue très bien des temps de la langue française: Mais il a un autre projet que le narrateur:La quête de soi, donner l'existence à ce qui ne l'a pas: vivre par l'écriture et vaincre le temps mortel. Le narrateurcherche son devenir passé, son histoire, à travers la quête du passé!


    L'imparfait joue l'air de l'éternité, de l'illusion d'être délivré du temps , du refus du temps (il n'a pas de montre, ce qui est une manière de s'enfermer dans les chimères, cf: où suis-je et quelle heure est-il de celui qui émerge de l'évanouissement)

    Le passé simple éveille au rythme du devenir, de la réalité du choc des personnalités (Adrienne et Sylvie)

    A la fin il ramène à la réalité brutalement
    Le présent On distinguera le faux présent (présent de narration, artifice qui joue avec l'imparfait, le bien nommé ) et le vrai présent, celui des moments pleinement vécus de la fin.
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  10. #110
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    18a
    Vayacondios aimerait entendre quelque chose sur Nerval.... (enfin! me dit-il)
    Une perspective?
    Gérard de Nerval tente de donner l'existence à ce qui n'en a pas et par là de conjurer le temps vécu ,cet écroulement, ce qu'il voit venir et ce qu'il verra passer Il mène la quête de soi en se réappropriant le temps.

    qu'est-ce que l'existence?
    Ce n'est pas une essence mais un mouvement à partir d'un ici et d'un maintenant: ici et pas ailleurs , maintenant et pas hier ou demain. D'où le rapport à la solitude qu'il s'agit de conjurer en donnant l'existence aux rêves, aux chimères, à la fumée et aux brouillards .

    Remettons-nous en mémoire notre cours sur l'existence:
    - Exister c'est être hors de, être posé là, ici et maintenant, à telle heure et à tel endroit mais en même temps être ailleurs, hors de cette heure dans une anticipation ou dans un reflux vers ce qui n'est plus,ce qui n'est pas, ce qui ne peut pas être, hors de cet endroit par le regard qui se tient près de l'arbre lointain, pour ainsi dire à son contact, à sa surface. Ce mouvement vers, cet éclatement de l'intentionnalité sur lequel Virginia insiste.

    - Exister c'est donc être pour quelqu'un et être pour soi: l'existence est un noeud de relations, un ensemble de mouvements: un devenir qui s'apparaît à lui-même non par un raisonnement mais par une expérience, une épreuve de soi, une présence à soi et de développe dans la communication.

    - Entre être posé ici et maintenant et ce mouvement de transcendance, ces niveaux de conscience, il y a la distance entre la simple position dans le réel et l'existence imprégnée de conscience qui exige un sens et qui ne trouve dans aucune essence la direction à suivre: exister vraiment c'est donc être pris du vertige de la liberté devant la vie que sa vie rend possible, comme devant une région sans route ni sentier, puisqu'un mouvement ne peut se définir: il s'accomplit;
    Gérard de Nerval cherche le salut dans l'écriture pour, en se réappropriant le temps, faire exister ce qui n'existe pas: l'oeuvre.
    C'est pour cela que ce serait catastrophique de confondre le narrateur et l'auteur qui veut conjurer la solitude; Le narrateur est seul, qu'en est-il de Nerval à la fin de l'écriture de Sylvie?
    Voir venir....voir passer
    Que faire sinon créer? et en créant se créer?


    Notre difficulté à définir le temps vient de ce que nous sommes temporels, engagés dans ce que nous voulons cerner. Les problèmes deviennent donc des mystères. Nous sentons les morsures et la violence du temps objectif et nous sentons en même temps la puissance de création que nous donne notre conscience.
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