Citation Posté par francois2 Voir le message
Pour me résumer, la paresse est mère de tous les vices mais rien n'empéche de rendre par soi même le travail intéressant et ne pas attendre de la société qu'elle fasse le travail à votre place. Le travail peut être ludique mais ceci demande une volonté qui n'a rien d'une partie de plaisir au départ.
Je pense qu'il est inutile de tenter de s’intégrer à un système économique qui rêve depuis ses tout premiers balbutiements d’une automatisation complète des processus de production et de distribution des biens et services. Le capitalisme et la recherche scientifique et technique n’ont pas d’autre objectif que la fin du travail. L’Homo faber et l’animal laborans rendus caduques par les systèmes experts automatisés.

La société de l’avenir aura toutes les chances de réinstaurer l'action politique et aussi la vita contemplativa à leur juste place. Une vie consacrée non plus à la contemplation des formes idéales et des moteurs immobiles (comme à l’époque de Platon), mais à contempler des processus machiniques toujours plus fluides. La figure du «badaud high-tech» pourrait bien devenir le citoyen du troisième millénaire. Les sans-emploi sont le produit de cette visée à l’automatisation. Les «paresseux» sont la vérité de l’automation du processus de production. Les travailleurs peuvent mépriser aussi bien les sans-emploi que l’automatisation dans la mesure même où les différentes idéologies du travail sont maintenant constitutives de leur identité sociale, de leur estime d’eux-mêmes.

Selon moi, il y a quelque chose d’absurde dans cet élargissement du concept de travail. Il s’agit d’un renforcement de cela même qui a engendré les problèmes sociaux qu’on trouve aujourd’hui. Pour contrer les effets de l’abrutissement du travail, il faut élargir la définition du travail, travailler mieux, travailler autrement, ludiquement. Envisager la libération du travail et un devoir de paresse ne semblent pas des moyens légitimes de s’enrichir. Je pense que, plus la possibilité de la fin du travail devient manifeste, plus la société tente désespérément de la nier. Le sort que la société du travail réserve aux sans-emploi semble vraiment découler de l’anxiété à voir le fondement de la société changer, d’assister à la disparition du statut de travailleur.