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Discussion: Gilles Deleuze

  1. #1
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    Par défaut Gilles Deleuze

    Ce que je retiens surtout de ce philosophe est la thèse selon laquelle le travail n’a jamais existé, toujours-déjà, il a été du sur-travail.

  2. #2
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    Le capitalisme a définitivement éliminé le travail, c***8217;est-à-dire le génie humain (l'«intellect général» de Marx) a réduit à bien peu de choses les basses nécessités de notre métabolisme. Le capitalisme est la vérité que les cultures ne peuvent plus se permettre de refouler.

    Le travail était un instrument de torture à trois pieux, originellement conçu pour garder le bétail immobile, comment aurait-il pu servir de fondement aux sociétés humaines? Selon le dictionnaire Larousse, l***8217;étymologie du mot travail indique un instrument de torture au Moyen-Age : trepaliare. Cet instrument n***8217;existe plus depuis longtemps. Comme le b***339;uf ou le cheval de labour a été remplacé par le tracteur, il ne faut pas être un grand devin pour voir que les automates mettent actuellement fin au surtravail des êtres humains.

    Lorsque Gilles Deleuze (Gilles Deleuze et Félix Guattari. Capitalisme et Schizophrénie, Éditions de Minuit, 1972) écrit que le travail n***8217;a jamais existé, que, toujours-déjà, il a été du surtravail, il dit simplement que aussitôt que les différentes tâches nécessaires à l***8217;entretien de la vie humaine ont été homogénéisées sous le seul terme «travail», le temps et l***8217;énergie dont disposait la population étaient déjà entièrement accaparés par le capitalisme industriel. Le temps de travail n***8217;a jamais servi et ne servira jamais une autre fin qu***8217;à enrichir la gamme de techniques à la disposition des cultures, à accumuler le capital. Ce n***8217;est pas le travail qui nous ramène à une existence authentique, c***8217;est la technique. Travailler c***8217;est seulement manier des outils; le génie humain automatise les outils. Voilà une vérité tabou.

    Les capitalistes sont cette classe de personnes qui, les premiers, ont fait sauter ce tabou: ils ont osé occuper la plus haute position humaine dans la nature, la position de rentier. Plus la population reste attachée au travail, plus la distribution des rentes économiques restera disproportionnée.

    L***8217;homogénéisation des activités humaines en un simple facteur de production permet aux capitalistes de mettre les humains en concurrence avec les autres facteurs de production. Ainsi, lorsque la main d***8217;oeuvre ne génère pas autant de revenus que le capital (automatisé), la demande de travail chute et les personnes dépendent du travail sont coincées.

    Les capitalistes avaient tous intérêts à ce que le travail devienne un mot fourre-tout afin de pouvoir comparer toutes les activités les unes aux autres.

    Partout où une partie de la société possède le monopole des moyens de production, le travailleur, libre ou non, est forcé d***8217;ajouter au temps de travail nécessaire à son propre entretien un surplus destiné à produire la subsistance du possesseur des moyens de production. Que ce propriétaire soit noble athénien, maître d***8217;esclaves américain, seigneur foncier ou capitaliste moderne, peu importe.
    Dans la journée de travail de l***8217;ouvrier, il est impossible de distinguer, sauf abstraitement sous forme d***8217;une différence arithmétique, la part de travail et celle de surtravail.

    Le surtravail a détruit la communauté.

  3. #3
    bulletin Guest

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    merci pour ce texte très interessant

  4. #4
    Olivier66 Guest

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    Bonjour,

    Il est d’ailleurs dans leur intérêt de participer eux-mêmes au lavage de cerveaux des innocents, en véhiculant l’idée que le travail est nécessaire à l’épanouissement de l’être humain, que le travail est infini, que l’effort doit être glorifié, bla, bla, bla. Plus la population reste attachée au travail, plus la distribution des rentes économiques restera disproportionnée

    On peut aussi dire que la religion a beaucoup participé à véhiculer ces notions (Cf Max Weber : "l'éthique protestante et l'esprit du capitalisme"). De toute façon, dès que la religion a été reprise par les puissants (ou instrumentalisée par les élites), elle a toujours permis au peuple de supporter sa condition et aux riches de pérenniser leur situation (les nantis ont toujours été choyés par la religion et ont même des tas de services personnalisés; les grandes familles italiennes se battaient pour l'accession au pontificat, ...).

    Il suffit de voir le comportement des américains qui baignent dans cet esprit : le travail comme condition de sa réalisation dans la vie (et expression de la patte divine dans sa vie). Le problème, c'est que le moteur premier maintenant est l'argent...

    Bref,

    Ciaooooooooooo

  5. #5
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    Cher Olivier,

    Voici quelques unes de mes réflexions sur la spécificité du protestantisme:

    À partir du moment où les dieux disparaissent dans un Au-delà affolant, les conditions de vie sociale sur Terre se détériorent. Les peuples nordiques du Vieux Continent n***8217;ont pas toujours été assujettis au monothéisme.

    Les civilisations méridionales n***8217;ont pas échappé à l***8217;influence néfaste de conceptions effrayantes de l***8217;Au-delà. Au lieu de parler de travailleurs, les cultures de ce temps parlaient de serviteurs du culte. Au lieu de parler de travail, elles parlaient d'actions de grâce et d'effectuer des offrandes.

    Sitôt libérés d***8217;Égypte, les peuples sémites retombèrent encore sous le joug d***8217;une autre conception de l***8217;Au-delà très méprisante envers la vie terrestre : le Judaïsme, ensuite le Christianisme et, le petit dernier, vite fait, l***8217;Islam. Depuis lors, l***8217;humanité est enfermée dans un cercle vicieux abuseur-abusé, dans une concurrence infernale aux auto-sacrifices humains.

    Le protestantisme a été initié par Martin Luther. Ce moine catholique, presque tout autant qu***8217;Adolf Hitler, était un homme profondément dérangé par cet assujettissement au monothéisme. Ses sermons et sa correspondance sont remplis d***8217;allusions scatologiques. Il n***8217;est pas étonnant que Freud affirmait être beaucoup plus un élève qu***8217;un médecin, entouré de tels fous.

    La religion protestante est anxiogène. Ses fidèles sont soumis à la doctrine de la pré-destination. Dieu a déjà décidé, dès leurs naissances, quels fidèles entreront au Paradis et lesquels seront damnés pour l***8217;éternité.

    Les mormons, les témoins de Jéhova, les batistes, les luthériens, les calvinistes, les méthodistes sont quelques sectes protestantes; elles ont lavé le cerveau de la population mondiale avec leur idéologie du travail. Leur premier geste d***8217;éclat fut de convaincre la Reine Élizabeth I d***8217;Angleterre de décréter des Enclosures Acts qui donnèrent naissance à une vaste entreprise d***8217;expropriation et d***8217;exploitation des paysans. Le dénuement jeta les exclus dans la gueule des bourgeois protestants. Depuis lors, les travailleurs ne font que renchérir le butin que les sectaires se partagent.

    La vie du Cardinal de Richelieu (1585-1642) n***8217;est sans doute pas plus édifiante. Il fut un religieux sanguinaire et le premier ministre de la France jusqu***8217;à sa mort. Il s***8217;accommoda très bien des protestants (application de l***8217;Édit de Nantes) mais était très critique de sa propre religion. Machiavélique parfait, sa politique coloniale et impériale reposa sur une alliance avec les puissances protestantes et sa politique intérieure consista a faire décapiter la noblesse sur l***8217;échafaud, de manière à ce que le roi Louis XIII ait un pouvoir absolu en France et en Europe. Sa mégalomanie et sa paranoïa l***8217;amenèrent à constituer et commander lui-même un vaste réseau d***8217;espions et une vaste armée. Sa marine était en grande partie propulsée par des galériens. C***8217;est directement sous son impulsion que les colons de la Nouvelle-France entreprirent la remontée du fleuve St-Laurent. Pas étonnant, avec de telles racines historiques, que le gouvernement du Québec ait encore de la difficulté à laisser le simple citoyen vivre en paix.

  6. #6
    Olivier66 Guest

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    Bonjour benny,

    très intéressant. Onfray a écris peu nou prou la même chose dans son Traité d'athéologie, notamment à propos du caractère anxiogène de la religion.

    Il précise aussi le rôle du mythe de la chute de l'homme dans l'édification du pêché originel, pêché qui entraîne de facto un prix à payer pour l'humanité (et donc une raison "transcendentale" à son assujétissement aux religion pour se "laver" et se racheter).

    Il dit aussi que la religion est mortifère, qu'elle extrait les hommes d'une certaine réalité en plaçant la "vraie vie" après la mort, au paradis (CAD le moment le plus important, celui où on est libéré de la chaîne mortelle). Du coup, la vie est juste un passage, mais le plus primordial se situe après la mort, créant ainsi une peur durant la vie dans le seul but de "bien vivre sa mort".

    Mais bon, pour en revenir au rôle du protestantisme dans notre système actuel, il faut rappeler la fuite des protestants d'Europe et l'introduction dans le système américain naissant de ses valeurs. Que l'on lise certains discours de Franklin pour s'en rendre compte ! Il y fait souvent cas de l'argent, de son caractère précieux en tant que témoin de la réussite et de la bonne conduite de sa vie (dans une optique religieuse of course).

    Enfin, bref, ça ne m'étonnerait pas que tu ailles farfouiller du côté de la la "Bibliothèque des émeutes" de temps en temps...

    De même, tes réflexions sur le travail me font penser que tu dois être intéresser par la théorie du jeu en tant que principe de l'homme ? Enfin, disons le Jeu comme principe premier. Dans cette théorie, le travail consiste effectivement en une aliénation puisqu'il n'est pas source de plaisir ou de bonheur (même si on peut s'en convaincre ou vraiment s'épanouir). Si c'est le cas, je peux te conseiller un texte de Jean-Marie VOYER : "Principe du monde". Bon, ça vaut ce que ça vaut mais si jamais ça t'intéresse...

    Aller,

    Ciaooooooooo

  7. #7
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    je pense qu'il est dangereux d'expulser d'une baguette magique la notion de mal intrinsèque dans chaque être humain, c'est à dire le concept de péché originel. Cela signifierait que le mal ne serait que culturel, le mal serait alors extirpable uniquement par conditionnement. Je laisse la suite du raisonnement au lecteur.

    Par ailleurs il me semble que vouloir reduire l'être humain à un joueur est tout aussi dangereux. N'est-ce pas vouloir le deresponsabiliser? Je ne dis pas qu'il faille considérer la vie comme une vallée de larme quoiqu'il soit possible de rire aux larmes.

    Je laisse à tout à chacun la possibilité de devenir un homo festivus. Cf Philippe Muray.

    par ailleurs je ne crois pas que la religion soit anxiogène, elle est au contraire tranquillisante. Je pense qu'elle ne fait que mettre en évidence l'angoisse existentielle inhérente à l'être humain. Vouloir masquer cette angoisse me parait dangereux. En effet cette angoisse permet une reflexion débouchant, j'ose l'espèrer, sur la notion d'éthique ou de morale.

    cordialement

  8. #8
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    Un des enjeux majeurs de notre temps consiste à préserver les bases naturelles de l***8217;existence humaine. J***8217;ai, peu à peu, acquis la conviction que le travail devait être remis en question si l***8217;humanité veut confronter la dégradation environnementale. J***8217;ai trouvé en Gilles Deleuze un penseur qui présente une conception de l***8217;Homme qui permet de désacraliser le travail.

    Si j***8217;ai bien compris la philosophie deleuzienne, elle peut se concevoir comme un idéalisme ludique (rhizomatique/schizoïde/machinique).

  9. #9
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    Rien n'empéche à chacun de choisir un travail ludique. Tout texte propagandique est coloré de termes positifs vantant un avenir radieux. Tout repose sur le système de référence utilisé. Ainsi chaque philosophe part de sa vision actuelle de la réalité et analyse ce qu'il considère comme bien et ce qu'il pense améliorable. Ensuite il élabore plus ou moins consciemment une référence basée sur ce que l'Homme désire à partir de sa propre représentation du monde.

    Ainsi il me semble ( eh oui moi aussi ) que celui qui trouve négatif le travail apporte dans son projet cet apriori.

    Or le travail demande énergie, mise en mouvement et volonté. Le jeu en lui même me semble lié non à une volonté réfléchie mais une dépendance à la seule notion de plaisir. Mon expérience personnelle me pousse à penser que le plaisir s'amenuise sans son contraire. Comme la loi tue la loi, le plaisir tue le plaisir et s'installe l'ennui. Il est fort interessant que ceux qui prônent la paresse sont souvent de grands travailleurs peu enclins à se reposer. Faites comme je dis non comme je fais.

    Maintenant rendre ludique un travail est à la portée de chacun. La connotation positive accordée à chaque job est fonction du contexte et de la personnalité de chacun. Je crois qu'il convient de résister à la croyance que l'herbe est plus verte chez le voisin. Les voyages forment la jeunesse et comme Ulysse revient vivre heureuse auprès de leurs pères.

    Je sais bien que ce texte est provocateur et tendancieux. Mais le terme de "jeu" est bon pour éduquer, pour approcher la réalité mais il me semble qu'il convient de ne pas oublier le principe de réalité et certaines notions ne sont pas ludiques. Ainsi par exemple la souffrance, la maladie, la mort, les cicatrices ne sont pas ludiques en ceci qu'elles sont irréversibles. Et contrairement au jeu, same player ne shoot pas again éternellement.

    Pour me résumer, la paresse est mère de tous les vices mais rien n'empéche de rendre par soi même le travail intéressant et ne pas attendre de la société qu'elle fasse le travail à votre place. Le travail peut être ludique mais ceci demande une volonté qui n'a rien d'une partie de plaisir au départ.

  10. #10
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    Par défaut en réalité les 35h n'éxistent pas à part dans la fction public

    quand tu fais 65/70 heures hebdo payé 40h, le coté ludique se perd un peu lol pour laisser place aux automatismes. bien des gens font un boulot qu'il n'aime pas et le font plus de 35heures hebdo...ils sont plus nombreux qu'on ne le croit. après on peut apprendre à l'aimer ce boulot non choisi au départ ou choisi par dépit et se dire qu'on est responsable de cet état de fait, n'empêche que ça crispe...après quand on fait moins d'heures, il est plus facile de trouver le jeu, il est vrai, mais quand ça grimpe, c'est un cauchemar.

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