Je ne sais pas vous, mais il y a quelque chose qui me frappe dans l'expression instrument de communication. L'idée de communication comme échange d'information est assez récente, et s'il est commode elle repose à mon avis sur une abstraction. Cette asbtraction consiste à ignorer la dynamique constituante dont est porteur le langage. A mon sens le langage est réellement configurateur de notre expérience. De ce point de vue le considérer comme un simple outil, c'est succomber à l'illusion qu'il est neutre et que nous en sommes les maîtres? Mais ne sommes nous pas bien plutôt déterminés par celui-ci à penser ce que nous pensons à la manière dont nous le pensons?

Est nécessaire, ce qui ne peut pas ne pas être. La communication est-elle dans tous les cas indirecte?

indirecte = qui passe par une médiation. Par exemple, par la médiation d'une langue, d'un système de signifiants que ce soit des mots, des gestes, des panneaux indicateurs...
Grâce aux mots, je peux signifier et par là, communiquer de manière indirecte.


Autrui est-il ce que je cherche à rejoindre par des intermédiaires plus ou moins ambigus ou est-il, dans des moments privilégiés, celui que je peux rejoindre directement: peut-on penser un mode de communication directe, d'où le problème: quelle est la nature de la communication entre des êtres séparés? Est-elle nécessairement indirecte ou peut-elle être parfois directe?

Notez que le présupposé de votre sujet est: la communication est le plus souvent indirecte et il est bien vrai que chaque parole que nous prononçons reste une manière indirecte de communiquer.

= Quelques pistes de réflexion:

1- Le "premier pas" de la communication n'est il pas direct? On a dit à juste titre que lorsqu'un regard était échangé, tout était dit car pour communiquer il faut s'engager dans un effort, il faut désirer. C'est immédiatement et non par une médiation que le désir ouvre à autrui et à l'avenir, dans un projet par lequel il me reconnaîtra, par lequel nous nous respecterons en collaborant. Alors, n'est-il pas possible d'affirmer que communiquer c'est toujours, d'abord, commencer par une ouverture à autrui et un respect mutuel? Cela ne procède pas d'un appel à une médiation: cette communication inaugurale est directe.

Le désir inaugure une communication directe dans laquelle je suis d'emblée avec autrui: je l'accueille et dans le meilleur des cas, il m'accueille. Un "nous" apparaît dans une relation directe: chacun devient par l'autre une personne qui parle à une personne...

2- Mais la parole, parce qu'elle est utilisation personnelle d'une langue instaure une communication indirecte: parce qu'elle implique la médiation des mots elle est d'ailleurs souvent source de malentendus, d'ambiguïté, ou même de trahison. Elle sépare plus qu'elle ne rapproche. On ne voit pas les coeurs directement se plaint le misanthrope de Molière. D'ailleurs les mots ont une généralité qui les ordonne plus aux concepts généraux qu'à la complexité des sentiments. Souvent, alors que j'ai beaucoup parlé, je m'aperçois que je n'ai rien dit. Je cherche les mots, si je les trouve, ils me trahissent et si j'en crée (la bravitude), personne ne me comprends !

Loin de communiquer de manière directe, j'utilise une langue qui traîne avec elle une conception du monde et de nombreux clichés, au point que c'est la langue qui finit par délivrer le sens et non plus le sujet que je suis.

3- Que serait une communication directe? Analyser:
la sympathie,
l'amitié,
l'amour (parce que c'était lui, parce que c'était moi).
Auteurs possibles, Scheler (la sympathie), Bergson (l'intuition)

Mais revenons à notre effort de vocabulaire.

"Dire que le corps est médium, ou encore intermédiaire, est vrai dans la mesure où c'est par une de ses parties que le tout s'exprime. En ce sens la partie est "médium" entre le tout et l'extérieur, et ainsi les corps des personnes entre elles."

Je ne suis pas sûr d'avoir compris, je n'ai même rien compris du tout ! Soit.
En tout cas je n'affirmerai pas qu'une partie exprime le tout, j'aurais plutôt tendance à dire que la partie exprime quelque chose de spécifique au tout.

Petite birfucation sur l'idée de médium : je pensais, que finalement quelque part, nous ne sommes que médium. Et que ce qu'on appelle , chacun pour soi, la "réalité" n'est pas vrai .
(tiens, çà me rapelle une discussion ) . Enfin, c'est dur pour le mental ce genre de petites réflexions , mais si çà lui fait remuer la queue soit .

Mais alors, que faudrait-il pour ne plus être "médium", ne plus exister, ou quelque chose dans ce goût là ?

bon appétit !
bises

- Dans les fonctions du langage telles que les isolent les linguistes (cf. Jakobson), la fonction poétique ou esthétique inverse le rapport "ustensilaire" entre signifiant et signifié : là où il y a littérature, ou poésie, la communication peut être suspendue, ou laisser place à l'énigme (Mallarmé). Dans ce cas, il n'y a plus, à strictement parler, d'intention de dire (cf. Robbe-Grillet " le véritable écrivain est celui qui n'a rien à dire "), mais il y a recherche sur des formes nouvelles, et c'est à partir de ces formes, de ces dispositions inattendues d'éléments du langage commun, que de nouveaux sens pourront se former éventuellement. Au lieu de demeurer un instrument de communication, le langage devient pour l'écrivain un matériau à travailler en lui-même, au même titre que le marbre pour le sculpteur ou la couleur pour le peintre (cf. Barthes : différence entre l'écrivain et l'écrivant).