Si la religion implique le monopole de la réponse à la question de la finalité de l'existence humaine, nous qui posons la question de l'opportunité d'en finir avec la religion, nous reconnaissons implicitement que la religion n'est plus la plus haute instance de décision quant à l'orientation de notre existence.

Le statut d'évidence dont jouit par essence la religion en tant que structure normative encadrant l'existence humaine a cessé de lui appartenir. Par contre cette évidence s'est reportée sur la question que nous posons à propos de la religion.
C'est une évidence pour nous que la religion puisse et même doive être interrogée, critiquée, adoptée ou rejetée du fait de notre droit à la liberté de penser. C'est la liberté de penser qui rend cette question possible. Ne serait-ce donc pas que la possibilité d'une discussion rationnelle autour du fait religieux occupe le lieu d'où autrefois la religion apparaissait comme une nécessité incontestable?

La question de la religion enflamme les passions. Tâchons-donc de ne pas directement partir sur la question de l'existence ou de l'inexistence de Dieu mais essayons de réfléchir au problème de la religion en tant qu'institution politique et sociale.
Je ne crois pas que la religion soit une invention pour nous garantir de la peur de l'inconnu. Dès le départ, la religion apparaît comme un lien sociale très puissant car elle permet de confondre la loi avec un commandement intérieur. De ce point de vue, la religion structure d'emblée notre représentation du monde. La question que je me pose, c'est de savoir si ce que nous appelons en Occident religion (l'Eglise apostolique et romaine) n'a pas céder le pas à un autre contenu d'évidence (la science, l'opinion publique, les droits de l'homme) et si finalement,alors que nous croyons être quitte envers la religion, nous ne portons pas alors notre critique contre une forme dépassée du fait religieux. Ce qui nous empêche de reconnaître notre comportement "religieux" à l'égard de nos institutions présentes.