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Discussion: pourquoi donne-t-on ?

  1. #1
    leone Guest

    Question pourquoi donne-t-on ?

    Bonjour à vous !
    Pourquoi donne-t-on ? Pourquoi en particulier le bénévolat, ou le le volontariat existent-ils, pourquoi parle-t-on de "donner du temps", "donner deux ans de sa vie" (pour partir en volontariat de solidarité internationale par exemple, ou pour l'Arche de Jean Vanier, etc.) ?
    Je cherche à dépasser l'opposition qui me semble assez peu féconde de l'altruisme et de l'égoïsme, du type: on ne donne pas par pur altruisme, parce qu'on reçoit beaucoup en donnant, donc l'altruisme pur n'existe pas. ça me semble assez évident et pas très riche.
    Je cherche à approfondir la notion d'engagement par exemple, par laquelle on pourrait expliquer que ce que l'on cherche en donnant, c'est la maintenance de soi par la promesse (cf Ricoeur).
    Qu'en pensez-vous ?
    Avez-vous d'autres pistes de notions ou d'auteurs à explorer pour expliquer le pourquoi du don ?
    Quel rapport entretient-on avec l'autre en donnant ?
    Merci par avance !

  2. #2
    good Guest

    Post

    Un petit tour par l'anthropologie pourrait ***234;tre utile. Mauss, fondateur de l'ethnologie fran***231;aise, a mis en lumi***232;re dans son essai sur le don une forme sociale d'***233;change sans finalit***233; mercantile mais dont la signification symbolique est fondamentale et permet, ***224; travers des rites et des obligations sacr***233;s, de cr***233;er des liens de d***233;pendance entre tribus, ce qui a pour cons***233;quence d'accro***238;tre consid***233;rablement le champ de l'***233;change et ainsi pacifier les rapports entre tribus concurrentes.
    Je fais suivre mes notes sur l'essai. La notion de potlatch et le commerce de la Kula sont autant d'exemples d'une formation sociale inconsciente des r***232;gles d'***233;change dont nos propres pratiques, comme No***235;l ou les anniversaires, sont encore des manifestations.

    Essai sur le don. Forme et raison de l'***233;change dans les soci***233;t***233;s archa***239;ques

    Introduction- Du don, et en particulier de l'obligation ***224; rendre les pr***233;sents

    Dans la civilisation scandinave et dans bon nombre d'autres, les ***233;changes et les contrats se font sous la forme de cadeaux, en th***233;orie volontaire, en r***233;alit***233; obliga-toirement faits et rendus.

    Quel est la r***232;gle de droit et d'int***233;r***234;t qui fait que dans les soci***233;t***233;s archa***239;ques le pr***233;sent re***231;u est obliga-toirement rendu?

    Il ne semble pas qu'il ait jamais exist***233;, ni jusqu'***224; une ***233;poque assez reproch***233; de nous, ni dans les soci***233;t***233;s qu'on confond fort mal sous le nom de primitives ou inf***233;rieures, rien qui ressembl***226;t ***224; ce qu'on appelle l'Economie naturelle.

    D'abord ce ne sont pas des individus, ce sont des collectivit***233;s qui s'obligent mutuellement, ***233;changent et contractent.
    De plus, ce qu'ils ***233;changent, ce n'est pas exclusivement des biens et des richesses, des meubles et des immeubles, des choses utiles ***233;conomiquement. Ce sont avant tout des politesses, des festins, des rites, des services militaires, des femmes, des enfants, des danses, des f***234;tes, des foires dont le march***233; n'est qu'un des moments et o***249; la circulation des richesses n'est qu'un des termes d'un contrat beaucoup plus g***233;n***233;ral et beaucoup plus permanent. Enfin ces prestations et contre-prestations s'engagent sous une forme plut***244;t volontaire, par des pr***233;sents, des cadeaux, bien qu'elles soient au fond rigoureusement obliga-toires, ***224; peine de guerre priv***233;e ou publique. Nous avons propos***233; d'appeler tout cela le syst***232;me des prestations totales.

    Il y a prestation totale en ce sens que c'est bien tout le clan qui contracte pour tous, pour tout ce qu'il poss***232;de et pour tout ce qu'il fait, par l'interm***233;diaire de son chef. Mais cette prestation rev***234;t de la part du chef une allure agonistique tr***232;s marqu***233;e.
    Nous proposons de r***233;server le nom de potlatch ***224; ce genre d'institution que l'on pourrait, avec moins de danger et plus de pr***233;cision, appeler: prestations totales de type agonistiques.
    Divers th***232;mes ***8211; r***232;gles et id***233;es ***8211; sont contenus dans ce type de droit et d'***233;conomie. Le plus important, parmi ces m***233;canismes spirituels, est ***233;videmment celui qui oblige ***224; rendre le pr***233;sent re***231;u.

    Ch. I- Les dons ***233;chang***233;s et l'obligation de les rendre (Polyn***233;sie)

    A- Prestation totale, biens ut***233;rins contre biens masculins (Samoa)

    D'abord ce syst***232;me de cadeaux contractuels ***224; Samoa s'***233;tend bien au-del***224; du mariage: naissance d'enfant, circoncision, maladie, pubert***233; de la fille, rites fun***233;raires, commerce.
    Ensuite deux ***233;l***233;ments essentiels du potlacth proprement dit sont nettement attest***233;s: celui de l'honneur, du prestige, du mana que conf***232;re la richesse, et celui de l'obligation absolue de rendre ces dons sous peine de perdre ce mana, cette autorit***233;, ce talisman et cette source de richesse qu'est l'autorit***233; elle-m***234;me.

    B- L'esprit de la chose donn***233;e

    Les taonga et toutes propri***233;t***233;s rigoureusement dites personnelles ont un hau, un pouvoir spirituel. Vous m'en donnez un, je le donne ***224; un tiers; celui-ci m'en rend un autre, parce qu'il est oblig***233; de vous donner cette chose, parce qu'il faut que je vous rende ce qui est en r***233;alit***233; le produit du hau de votre taongua.
    Ce qui dans le cadeau re***231;u, ***233;chang***233;, oblige, c'est que la chose re***231;ue n'est pas inerte.
    On comprend clairement et logiquement, dans ce syst***232;me d'id***233;es, qu'il faille rendre ***224; autrui ce qui est en r***233;alit***233; parcelle de sa nature et substance; car, accepter quelque chose de quelqu'un, c'est accepter quelque chose de son essence spirituelle, de son ***226;me; la conservation de cette chose serait dangereuse et mortelle et cela non pas simplement parce qu'elle serait illicite, mais aussi parce que cette chose qui vient de la personne, non seulement moralement, mais physiquement et spirituellement, cette essence, cette nourriture, ces rites***8230; donnent prise magique et religieuse sur vous.

    C- Autres th***232;mes: l'obligation de donner. L'obligation de recevoir

    Il reste pour comprendre compl***232;tement l'institution de la prestation totale et du potlatch, ***224; chercher l'explication des deux moments qui sont compl***233;mentaires de celui-l***224;: obligation d'en faire, obligation d'en recevoir.
    L'obligation de donner pourrait faire comprendre comment les hommes sont devenus ***233;changistes.


    D- Remarque- Le pr***233;sent fait aux hommes et le pr***233;sent fait aux dieux

    Un quatri***232;me th***232;me joue un r***244;le dans cette ***233;conomie et cette morale des pr***233;sents, c'est celui du cadeau fait aux hommes en vue des dieux et de la nature.
    L'un des premiers groupes d'***234;tres avec lesquels les hommes ont d***251; contracter et qui par d***233;finition ***233;taient l***224; pour contracter avec eux, c'***233;tait avant tout les esprits des morts et des dieux. C'***233;tait avec eux qu'il ***233;tait le plus n***233;cessaire d'***233;changer et le plus dangereux de ne pas ***233;changer. Mais, inversement, c'***233;tait avec eux qu'il ***233;tait le plus facile et le plus s***251;r d'***233;changer. La destruction sacrificielle a pr***233;cis***233;ment pour but d'***234;tre une donation qui soit n***233;cessairement rendue.

    Ch. II- Extension de ce syst***232;me. Lib***233;ralit***233;, honneur, monnaie

    A- R***232;gle de la g***233;n***233;rosit***233;

    Malgr***233; l'importance de ces ***233;changes, comme le groupe local et la famille, en d'autres cas savent se suffire en fait d'outils, etc., ces pr***233;sents ne servent pas au m***234;me but que le commerce et l'***233;change dans les soci***233;t***233;s plus d***233;velopp***233;es. Le but est avant tout moral, l'objet en est de produire un sentiment amical entre les deux personnes en jeu, et si l'op***233;ration n'avait pas cet effet, tout en ***233;tait manqu***233;.

    Au fond ce sont des m***233;langes. On m***234;le les ***226;mes dans les choses; on m***234;le les choses dans les ***226;mes.

    B- Principes, raisons et intensit***233; des ***233;changes de dons (M***233;lan***233;sie)


    Le kula est une sorte de grand potlatch; v***233;hiculant un grand commerce intertribal, il s'***233;tend sur toutes les ***238;les Trobriand.

    Le commerce Kula est d'ordre noble. Il s'exerce de fa***231;on noble, en apparence purement d***233;sint***233;ress***233;e et modeste. On le distingue soigneusement du simple ***233;change ***233;conomique de marchandises utiles qui porte le nom de gimwali.

    La r***232;gle est de partir dans rien avoir ***224; ***233;changer, m***234;me sans rien avoir ***224; donner. On affecte de ne faire que recevoir. C***8217;est quand la tribu visiteuse hospitalisera, l***8217;an d***8217;apr***232;s, la flotte de la tribu visit***233;e, que les cadeaux seront rendus avec usure.
    La donation elle-m***234;me affecte des formes tr***232;s solennelles, la chose re***231;ue est d***233;daign***233;e. Apr***232;s avoir amen***233; solenelennelement, et ***224; son de conue son pr***233;sent, il s***8217;excuse de ne donner que ses restes et jette au pied du rival et partenaire la chose donn***233;e.

    L***8217;objet essentiel de ces ***233;changes-donations sont les vaygu***8217;a, sorte de monnaie.
    D***8217;apr***232;s Malinowski, ces vaygu***8217;a sont anim***233;s d***8217;une sorte de mouvement circulaire : les mwali, les bracelets, se transmettent r***233;guli***232;rement d***8217;Ouest en Est, et les soulava voyagent toujours d***8217;Est en Ouest.

    C***8217;est une propri***233;t***233; et une possession, un gage et une chose lou***233;e, une chose vendue et achet***233;e en m***234;me temps d***233;pos***233;e, mandat***233;e et fid***233;i-commise : car elle ne vous est donn***233; qu***8217;***224; condition d***8217;en faire usage pour un autre, ou de la transmettre ***224; un tiers, partenaire lointain, murimuri.

    Le premier don d***8217;un vaygu***8217;a ouvre d***233;finitivement le donataire ***224; un don de retour, le yotile. Si on est incapable de le rendre, on peut ***224; la rigueur offrir un basi qui seulement perce la peau, ne la mord pas, ne finit pas l***8217;affaire. C***8217;est une sorte de cadeau d***8217;attente, d***8217;int***233;r***234;t moratoire.
    Accepter l***8217;une de ses offrandes, c***8217;est montrer qu***8217;on est enclin ***224; entrer en jeu, sinon ***224; y rester. Le recevoir, c***8217;est s***8217;engager vraiment ***224; donner le vaga, le premier don d***233;sir***233;.
    Ils recherchent le meilleur partenaire possible de la tribu oppos***233;e. La cause est grave : car l***8217;association qu***8217;on tend n***224; cr***233;er ***233;tablit une sorte de clan entre les partenaires. D***8217;ailleurs, tout le kula sort la tribu d***8217;elle-m***234;me tout enti***232;re du cercle ***233;troit de ses fronti***232;res, m***234;me de ses int***233;r***234;ts et de ses droits ; mais normalement, ***224; l***8217;int***233;rieur, les clans, les villages sont li***233;s par des liens du m***234;me genre.

    Autres soci***233;t***233;s m***233;lan***233;siennes

    Ces hommes n***8217;ont ni l***8217;id***233;e de la vente, ni l***8217;id***233;e du pr***234;t et cependant font des op***233;rations juridiques et ***233;conomiques qui ont m***234;me fonction.

    C- Nord-ouest am***233;ricain

    L***8217;honneur et le cr***233;dit

    La vie mat***233;rielle et morale, l***8217;***233;change, y fonctionnent sous une forme d***233;sint***233;ress***233;e et obliga-toire en m***234;me temps. De plus, cette obligation s***8217;exprime de fa***231;on mythique, imaginaire, ou si l***8217;on veut, symbolique et collective : elle prend l***8217;aspect de l***8217;int***233;r***234;t attach***233; aux choses ***233;chang***233;es.
    En r***233;alit***233;, ce symbole de la vie sociale ne fait que traduire assez directement la mani***232;re dont les sous-groupes de ces soci***233;t***233;s segment***233;es, de type archa***239;que, sont constamment imbriqu***233;s les uns dans les autres, et sentent qu***8217;ils se doivent tout.

    Le potlacth lui-m***234;me, si typique comme fait, et en m***234;me temps si caract***233;ristique de ces tribus, n***8217;est pas autre chose que le syst***232;me des dons ***233;chang***233;s. Il n***8217;en diff***232;re que par la violence, l***8217;exag***233;ration, les antagonismes qu***8217;il suscite d***8217;une part, et d***8217;autre part, par une certaine pauvret***233; des concepts juridiques, par une structure plus simple, plus brute qu***8217;en M***233;lan***233;sie.
    Deux notions y sont pourtant bien mieux en ***233;vidence que dans le potlacth m***233;lan***233;sien : c***8217;est la notion de cr***233;adit, de terme, et c***8217;est aussi la notion d***8217;honneur. Nulle part le prestige individuel d***8217;un chef et le prestige de son clan ne sont plus li***233;s ***224; la d***233;pense, et ***224; l***8217;exactitude ***224; rendre usurairement les dons accept***233;s, de fa***231;on ***224; transformer en oblig***233;s ceux qui vous ont oblig***233;s.

    Le potlactch est bien plus qu***8217;un ph***233;nom***232;ne juridique. Il est religieux, mythologique et shamanique, puisque les chefs qui s***8217;y engagent y repr***233;sentent, y incarnent les anc***234;tres et les dieux, dont ils portent le nom, dont ils dansent les danses et dont les esprits les poss***232;dent. On fraternise et cependant on reste ***233;tranger ; on communique et on s***8217;oppose dans un gigantesque commerce et un constant tournoi.

    Les trois obligations : donner, recevoir, rendre

    L***8217;obligation de donner est l***8217;essence du potlatch. Un chef ne conserve son autorit***233; sur sa tribu et son village, voire sur sa famille, il ne maintient son rang entre chefs que s***8217;il prouve qu***8217;il est hant***233; et favoris***233; des esprits et de la fortune, qu***8217;il est poss***233;d***233; par elle et qu***8217;il la poss***232;de ; et il ne peut prouver cette fortune qu***8217;en la d***233;pensant, et en la distribuant, en humiliant les autres, en les mettant ***224; l***8217;ombre de son nom.

    L***8217;obligation de recevoir n***8217;est pas moins contraignante. On n***8217;a pas le droit de refuser un don, de refuser le potlatch. Sinon, c***8217;est perdre le poids de son nom.

    L***8217;obligation de rendre est tout le potlatch. L***8217;obligation de rendre dignement est imp***233;rative. On perd la face ***224; jamais si on ne rend pas, ou si on ne d***233;truit pas les valeurs ***233;quivalentes.
    La sanction de l***8217;obligation de rendre est l***8217;esclavage pour dette.

    La force des choses

    L***8217;ensemble de ces choses est toujours dans toutes ces tribus d***8217;origine spirituelle et de nature spirituelle.

    Premi***232;re conclusion

    Ils nous permettent de concevoir que ce principe de l***8217;***233;change-don a d***251; ***234;tre celui des soci***233;t***233;s qui ont d***233;pass***233; la phase de la prestation sociale (de clan ***224; clan et de famille ***224; famille) et qui cependant ne sont pas encore parvenues au contrat individuel pur, au march***233; o***249; roule l***8217;argent, ***224; la vente proprement dite et surtout ***224; la notion du prix estim***233; en monnaie pes***233;e et titr***233;e.


    Ch. III- Survivance de ces principes dans les droits anciens et les ***233;conomies anciennes

    A- Droit personnel et droit r***233;el (droit romain tr***232;s ancien)

    A l***8217;origine, s***251;rement, les choses elles-m***234;mes avaient une personnalit***233; et une vertu.
    Les choses ne sont pas les ***234;tres inertes que le droit de Justinien et nos droits entendent. D***8217;abord elles font partie de la famille.
    De plus, les choses ***233;taient de deux sortes. On distinguait entre la familia et la pecunia, entre les choses de la maison et le b***233;tail qui vit aux champs loin des ***233;tables.

    La notion de la force inh***233;rente ***224; la chose n***8217;a d***8217;ailleurs jamais quitt***233; le droit romain sur deux points : le vol, furtum et les contrats re.
    En ce qui concerne le vol, les actions et obligations qu***8217;il entra***238;ne sont nettement dues ***224; la puissance de la chose.
    Les contrats re forment quatre des contrats les plus importants du droit : pr***234;t, d***233;p***244;t, gage, et commodat.
    Le contractant est d***8217;abord reus ; c***8217;est avant tout l***8217;homme qui a re***231;u la res d***8217;autrui et devient ***224; ce titre son reus, c***8217;est ***224; dire l***8217;individu qui lui est li***233; par la chose elle-m***234;me, c***8217;est ***224; dire par son esprit.

    Le seul fait d***8217;avoir la chose met l***8217;accepiens dans un ***233;tat incertain de quasi-culpabilit***233;, d***8217;inf***233;riorit***233; spirituelle, d***8217;in***233;galit***233; morale, vis-***224;-vis du livreur.

    B- Droit hindou classique

    C- Droit germanique


    Ch. IV- Conclusion

    A- conclusion de morale

    Une partie consid***233;rable de notre morale et de notre vie elle-m***234;me stationne toujours dans cette m***234;me atmosph***232;re du don, de l***8217;obligation et de la libert***233; m***234;l***233;s.
    Le don non rend rend encore inf***233;rieur celui qui l***8217;a accept***233; surtout quand il est re***231;u sans esprit de retour.

    B- Conclusion de sociologie ***233;conomique et d***8217;***233;conomie politique

    Toute cette ***233;conomie tr***232;s riche est encore pleine d***8217;***233;l***233;ments religieux : la monnaie a encore son pouvoir magique et est li***233;e au clan ou ***224; l***8217;individu ; les diverses activit***233;s ***233;conomiques, par exemple le march***233;, sont impr***233;gn***233;es de rites et de mythes ; elles gardent un caract***232;re c***233;r***233;moniel, obliga-toire et efficace : elles sont pleines de rituels et de droits.

    C- Conclusion de sociologie g***233;n***233;rale et de morale

    Les faits que nous avons ***233;tudi***233;s sont tous des faits sociaux totaux ou g***233;n***233;raux : c***8217;est ***224; dire qu***8217;ils mettent en branle dans certains cas la totalit***233; de la soci***233;t***233; et de ses institutions et dans d***8217;autres cas, seulement un tr***232;s grand nombre d***8217;institutions, en particulier lorsque ces ***233;changes et ces contrats concernent plut***244;t des individus.
    Tous ces ph***233;nom***232;nes sont ***224; la fois juridiques, ***233;conomiques, religieux et m***234;me esth***233;tiques, morphologiques***8230;

    Le principe et la fin de la sociologie c***8217;est d***8217;apercevoir le groupe entier et son comportement tout entier.
    Dernière modification par good 13/03/2006 à 14h50

  3. #3
    leone Guest

    Par défaut

    Merci Soukoun !
    C'est une bonne synthèse bien utile que tu as faite là !
    Le bénévolat par exemple peut être expliqué schématiquement par la théorie du don selon Mauss, sans doute parce qu'évidemment, on donne pour recevoir autre chose (on ne donne pas pour recevoir la même chose que ce que l'on a donné, mais on reçoit quand même quelque chose qui est de l'ordre de la reconnaissance, de la valorisation, des relations sociales, etc.). Cette théorie permet je pense de ne pas s'étonner du fait que le bénévolat n'est pas "pur altruisme", qu'il n'y a pas de "don pur" puisque tout don implique un contre-don, si j'ai bien compris.
    Ce qui m'intéressait c'était également d'avoir un regard philosophique sur la question, et également un regard sur la société contemporaine.
    Est-ce qu'il n'y aurait pas d'autres dimensions du don que la philosophie permettrait d'aborder ?
    Ce qui m'interroge en particulier ce sont les gens qui disent, "je donne deux ans de ma vie" par exemple. Est-ce une illusion ? Est-ce possible ? Comment peut-on dire ça, est-ce justifiable/explicable par la philosophie ?

  4. #4
    good Guest

    Par défaut

    Le don s'analyse en tant que rapport entre quelqu'un qui donne et quelqu'un qui reçoit. Par conséquent, c'est sur la relation et non pas uniquement sur un des côtés (donateur ou receveur) mais sur l'ensemble du rapport que doit porter la réflexion philosophique. A quoi engage le don? Il se crée une forme de relation hiérarchique car celui qui reçoit est débiteur. On peut donc comparer le don à un contrat. Mais pour aussitôt en marquer la différence. Le contrat est un engagement réciproque où je donne en échange de ce que je reçois. Or le don n'appelle pas la remise d'une dette. Le don est gratuit ou il n'est pas.
    Néanmoins, moralement, celui qui reçoit le don est obligé à l'égard de son bienfaiteur. Par rapport à lui, nous ne sommes pas libre d'aller à son devant en l'ignorant, nous lui devons la reconnaissance à moins d'être ingrat. S'ensuit une certaine relation d'inégalité entre celui qui a donné et celui qui a reçu le don, ce dernier ne pouvant acquitter de dette du fait même qu'il s'agit d'un don. La seule chose qui lui reste pour sortir de relation unilatérale, c'est à son tour de rendre le présent. Et ainsi se montrer lui-même en position d'autonomie. Celui qui donne n'attends rien, c'est là sa superbe.
    Etendu à un niveau collectif ce mécanisme conduit au système agonistique du potlatch où deux chefs de clans rivalisent de cadeau pour affirmer leur puissance, risquant même de plonger leur clan dans la disette. C'est ce qui intéressant avec le don, sa dimension symbolique qui implique à ce point la subjectivité qu'il peut se révéler totalement non-productif à un niveau disons concret, en tout cas ce que l'économie marchande considère comme concret.

    Autre piste possible: le don à soi de Dieu, et le don de Dieu = lui-même en l'homme. Ici la relation est encore plus unilatérale puisqu'elle oppose le fini (l'homme) et l'infini (Dieu). Entre Dieu et l'homme pas de contrat (car pas d'égalité) mais la loi (obligation) et l'amour (le don). Dans ces deux derniers cas il y va d'un rapport inégal. De là à commettre ce paradoxe de dire que le don est en fait une vertu égoïste...

  5. #5
    henri2 Guest

    Par défaut Marquise d'amour ,vos beaux yeux ...mourir me font!

    Si il y a pur don ,si cela est possible ,de se vider de soi mème sans calcul de retour (y compris de retour calculé dans la vie éternelle)
    C'est en vérité une interpellation bouleversante !
    C'est un vrai délire ,un torrent qui devrait se tarir immédiatement ,l'homme devrait devenir exsangue dans cet étrange suicide du don gratuit pour les beaux yeux de l'autre !
    Et pourtant on voit que ceux la qui s'y risquent ,ont, au contraire ,un teint vermeil et la bouche fleurie ...
    "marquise vos beaux yeux me font mourir d'amour .... "
    Il n'y a rien qui donne tant la santé !
    le don c'est l'amour !
    si le don ne se tarit pas en se donnant c'est que le don a une source infinie ?
    C'est donc que l'amour est infini ?
    c'est donc que l'amour est divin?
    C'est donc que 1) l'Amour existe 2) Il est Dieu
    J'espère que ça t'aidera ,Léone ,c'est à dire que j'aurais été moi mème pur don ...
    et qu'il n' y aura pas eu dans mon explication -don ces scories de l'orgueuil et ces vils retours sur soi mème qui nous suivent comme une ombre...

  6. #6
    JLB31 Guest

    Lightbulb Amour et don

    Il est clair que le point de vue religieux semble difficilement contournable ici, j'ai un copain qui me parle du don selon sa croyance (chr***233;tienne) que je pourrais r***233;sumer ainsi.

    "Aimez-vous les uns les autres et vous marcherez dans la lumi***232;re" St Jean

    Aimez vous les uns les autres pas pour faire plaisir au bon dieu, pas parce que c'est bien, pas parce que vous aurez ainsi la vie ***233;ternelle, non : "Aimez-vous les uns les autres et vous marcherez dans la lumi***232;re"

    Que signifit ce "marcher dans la lumi***232;re" ? et pourquoi je parle d'amour alors qu'il est question de don. Peut-***234;tre parce que l'amour se d***233;fini essentiellement par le don. Lacan ***233;crivait : "L'amour c'est donner ce qu'on n'a pas" et de fait il y a un passage de l'***233;vangile ou Jesus re***231;oit l'aumone de riches commer***231;ants puis d'une vieille mis***233;rable, et il dit "ils ont donn***233; de leur trop, elle a donn***233; de son manque"
    L'amour c'est donner ce que l'on a pas parce que ***234;tre tout entier tourn***233; vers une attention ***224; l'autre. Or ce que l'on a pas, ce qui nous a toujours manqu***233;, c'est aussi ce dont on veut par cons***233;quent absolument d***233;livrer l'autre, ce qui nous para***238;t le plus important ***224; lui offrir. Et par ce don on dompte ses propres faiblesse, ses manques, en les transformant en pleinitude, en surabondance, en don.

    De l***224; peut ***234;tre cette jouissance du don: "marcher dans la lumi***232;re"
    De l***224; peut ***234;tre aussi l'importance plus m***234;me que de donner, d'accepter le don : D'accepter que l'autre veuille, litt***233;rallement, se donner ***224; nous.

    ***224; bient***244;t...
    Dernière modification par JLB31 15/03/2006 à 04h27

  7. #7
    henri2 Guest

    Par défaut petits poèmes en prose de Baudelaire

    L'amour c'est donner ce que l'on a pas
    si ce n'est pas une atroce ironie ce ne peut etre que donner son "etre "..."soi mème "
    comment donner son etre sans ...mourir ?
    comment donner son etre jusqu'à en mourir sans espoir que ce sacrifice ne soit pas sans un magnifique lendemain?
    comment avoir cet espérance qui ne veut pas mourir,sans une confiance béton...
    celui qui se donne absolument casse toute hiérarchie donnant donnant!
    L'autre (le sdf)le sent bien ! celui qui a vraiment donné a donné à un frère
    l'autre le sent bien :ce n'est pas une piecette qu'on lui a donné !
    Il y a la dessus un admirable petit poème en prose de Baudelaire ou l'on voit le bourgeois (le donnateur )traiter en frère le mendiant du coin en se compromettant à c de poings avec lui ,charité suprème !et le donnateur est ,en fait, le clochard qui tape plus sec ! c'est touchant et édifiant...
    bonne lecture de carème pour les mécréants et les pharisiens !

  8. #8
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    Messages
    1 073

    Par défaut

    le don

    cela s'apprend et cela se vit.

    je voudrais donner des voies collatérales, des chemins de traverses, des pistes lachement connectées au sujet

    Le don, donnant donnant, la théorie des jeux ( Nash- jeu du prisonnier ), jeu de rôle ( jeu de société mais aussi technique psycholique ) Apprentissage du don. Mimétisme. exemple du don.
    don de soi, perte de soi, sacrifice, bouc émissaire. Coopération égoîsme partagé.
    Communication, information , partage de l'information. Rétention d'information.
    Le plus fort est celui qui sait, désir de puissance. liberté d'être faible. Lorsqu'on gagne on perd et lorsqu'on perd on gagne.

    importance du jeu de rôle.

    don de matière contre matière. don d'amour pour amour. Don argent pour amour. Don d'amour pour argent. Don d'agent pour bien être ou pour biens.
    équivalence matière énergie. Energie=essence=amour. casser la matière pour avoir de l'énergie. Fission fusion energie. Big bang apparition de matière

    Sacrifice d'argent pour amour ou sacrifice d'amour pour argent

    transfert, communication, don sacrifice.

  9. #9
    leone Guest

    Par défaut liberté chérie

    Merci ***224; tous pour ces dons extraordinaires que sont vos pens***233;es...

    Fran***231;ois, tes aphorismes sont bien int***233;ressants et bien myst***233;rieux ***233;galement...
    Pourrais tu nous ***233;clairer sur ce "d***233;sir de puissance. libert***233; d'***234;tre faible" ?
    A tous, vous voyez une relation de quelle nature entre le don et la libert***233; ? Tout donner, est-ce se lib***233;rer ?
    Merci !

  10. #10
    JLB31 Guest

    Arrow Liberté ?

    Et bien si j'essaie de me tenir ***224; ce que j'ai dit avant, le don lib***232;re mon ***234;tre de ses manques et de la cilpabilit***233; qui y est li***233;. Ca ne constitue pas un ***234;tre libre (je ne crois pas ***224; la libert***233; absolu) mais ***231;a constitue une lib***233;ration, c'est ***224; dire le d***233;passement de limitations contingentes par lesquelles on s'entrave tout seul et se nuit ***224; soi-m***234;me.

    Il en d***233;coule un grand sentiment de libert***233; et de jouissance : "marcher dans la lumi***232;re"


    au re-lire

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