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Discussion: peut-on être heureux en étant bon philosophe?

  1. #11
    good Guest

    Question qu'est-ce que le bonheur?

    Ta question est intéressante, quoi que plus complexe qu'il n'y paraît. En effet qu'est-ce que le bonheur? Aristote l'a rémarquer il y a déjà bien longtemps: " Tous les hommes désirent d'être heureux. Mais aucun n'appelle bonheur la même chose". Comment savoir ce qu'est le bonheur?
    Se poser cette question c'est déjà faire oeuvre de philosophie. La recherche de ce qu'est le bonheur peut-elle dès lors constituer le bonheur véritable? Le philosophe peut-il être heureux en apprenant ce qu'est le bonheur? Mais qu'apprend-il au sujet du bonheur? Et bien justement ce qu'en dit Aristote: qu'il la dénigre du fait de son inconstance ou qu'il y voit le signe d'une éminente liberté, le philosophe est d'emblée conduit à reconnaitre que la nature humaine est insaisissable en un sens univoque. Car la question du bonheur est liée à celle de la nature propre de l'être qui y aspire.
    Qu'est-ce que le bonheur? Ce que l'on désire. Que désire-t-on? Ce qui nous manque? Mais que nous manque-t-il? Qu'est-ce qui cause l'imperfection profonde de cette nature qui cherchant toujours à se combler voit toujours l'objet de son désir reculer.
    Car c'est bien là le drame: l'homme est un être de désir. Autrement dit le but qu'il semble rechercher: l'apaisement, la suspension de la douleur, l'état de plénitude qu'est le bonheur, il ne peut se le représenter qu'en ne l'ayant jamais. Finalement ce n'est pas ce qu'il recherche qui définit l'être de l'homme, mais le fait qu'il le recherche, encore et toujours.
    Que fait le philosophe sachant cela? Doit-il lui aussi courir après un terme qu'il sait illusoir? D'ailleurs sa recherche intellectuelle et sa vie, toute entière tournée vers le savoir, n'est-elle pas le signe que lui aussi ne peut s'empêcher d'attribuer de la valeur à une chose qu'il juge pouvoir le rapprocher de son propre absolue.
    Alors le philosophe peut-il être heureux? Deux réponses me semblent possible: d'une part, il prend conscience de cette finitude constitutive de lui-même (il est désir, il est manquant, il n'est pas tout, il est fini), cela le philosophe le sait et, je crois, en souffre, du fait que la vérité essentielle, celle qui ne change pas, qui correspond à l'intuition première de l'existence, cette vérité était déjà connue dès l'Antiquité. Et pourtant rien n'a changé. Ou plutôt tout a changé: l'histoire et la suite des siècles ont apporté des modifications radicales à l'inscription de l'homme dans le monde, et les philosophies ont changé aussi, mais au fond c'est toujours la même interrogation fondamentale et le sentiment qu'elle induit chez celui qui en fait l'expérience, qui traverse toutes ces époques: le fait que la réalité humaine soit si mouvante et si incapable de se reposer dans une harmonie qui serait son salut et sa félicité. De là les quelques projets de réforme philosophique de la société qui, quand ils n'échouent pas (Platon et Denys) finissent par s'appenter à un dangereux totalitarisme (religion positive d'Auguste). C'est que le but du philosophe n'est pas d'apporter de réponse dogmatique à la question qu'il pose à l'existence. Son rôle serait plutôt d'assurer le maintien du questionnement. Que l'on n'oublie pas que rien ne va de soi, surtout pas les idées générales que l'on reçoit de notre milieu historique. Que l'on n'oublie tout simplement pas de s'étonner sur l'apparente simplicité du monde. De ce point de vue le philosophe est heureux parce qu'il a appris à saisir la beauté radicale de l'instant, mais le constat de la violence et des préjugés, le rend nécessairement amer. Plus d'un d'entre eux aurait soupiré cette phrase de Hamlet: la vie est une histoire pleine de fureur et de bruit racontée par un fou! Alors il ne faut pas s'étonner si le prof de philo est parfois un peu maussade devant les nouvelles du monde et l'inertie des consciences à se mobiliser.
    Mais je crois, et j'espère (car je serais bientôt enseignant) en la transmission de l'interrogation, la conscience du rôle que nous avons dans la possibilité de maintenir un avenir humain, vraiment humain. Car l'homme d'aujourdh'ui, qui devient actuellement Un est peut-être en train de disparaître. Il disparaît dans la mesure où il croît à la possibilité d'un bonheur immédiat, d'une satisfaction absolue qui le comblerait, alors que sa définition est justement d'indéfinissabilité. On ne peut dire ce qu'est l'homme et on ne doit pas le dire, sans quoi l'on retire à l'existence la spontanéité créatrice qui constitue le sens véritable de la liberté. L'homme disparaît, autre chose vient qui n'a plus que des certitudes et croit être tout, tout-puissant.
    Et dans l'espoir fou de changer l'homme, de lui faire reconnaître sa liberté absolue, j'imagine qu'un professeur un peu idéaliste trouvera dans ce désir toujours insatisfait, le moteur de sa recherche et même de sa vie. Alors il est et se sait manquant et fini comme tout un chacun. En est-il heureux? Si oui, c'est un sage (sophos), plus un homme qui désire la sagesse (philo-sophos).

  2. #12
    good Guest

    Wink Quelques pistes de lectures

    Voil***224; quelques orientations bibliographiques sur la question du bonheur.

    - Phil***232;be Platon
    - Les Sto***239;ciens Br***233;hier
    - De la fin des biens et des maux III Cic***233;ron
    - Tusculanes II, III, IV, V Cic***233;ron
    - Entretiens Epict***232;te
    - Manuel Epict***232;te
    - Pens***233;es Marc-Aur***232;le
    - Lettre ***224; M***233;n***233;c***233;e Epicure
    - Maximes capitales Epicure
    - Sentences vaticanes Epicure
    - L***8217;utilitarisme J.S. Mill

    Annexes
    - Ethique ***224; Nicomaque Aristote
    - Chrysippe et l***8217;Ancien Sto***239;cisme Br***233;hier
    - De la vie heureuse S***233;n***232;que
    - Lettres ***224; Lucilius S***233;n***232;que
    - Lettre ***224; H***233;rodote Epicure
    - Pens***233;es Pascal
    - Court Trait***233; Spinoza
    - L***8217;***233;thique Spinoza
    - Critique de la raison pratique Kant
    Dernière modification par good 04/02/2006 à 10h45

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