Bonjour à vous,

Je suis assez d’accord avec vous, notamment à propos de l’ethnocentrisme des auteurs abordés. J’ai un souvenir très similaire en sociologie à la Fac, on a eu un nouveau prof d’origine berbère qui a décidé de nous faire découvrir des auteurs berbères ou arabes passés sous silence traditionnellement (comme Ibn Batuta). Ils ont pourtant eu un apport énorme, largement équivalent à nos chers penseurs européens, et j’ai trouvé ça très.. cool.

Ensuite, je ne sais plus qui à parler de « comprendre », et je m’en vais dire ce que j’entends par ce mot. Pour moi, comprendre c’est intégrer une information ou une notion, alors que savoir serait plutôt « rajouter une couche »…rien ne dit quelle ne va pas s’écailler ou disparaître avec le temps. Quelque chose de compris s’emboîte dans une vision des choses et va participer inconsciemment à générer des idées, des avis, alors que le savoir tiendrait plutôt d’un outil que l’on manipule consciemment, en réfléchissant, et qui ne garantit pas une bonne utilisation (On peut être très savant et très con).

Enfin, je voulais dire que j’étais entièrement d’accord avec Augustin quant à la professionnalisation de l’école et à la lente éradication de l’esprit critique (t’as lu J.C. Michéa ? Orwell ?). J’en avais déjà parlé avec Ondevirtuelle et c’est un sujet pourtant fondamental quant aux évolutions à venir. L’imbrication du monde professionnel avec le monde de l’éducation ne sent pas bon du tout, d’ailleurs on extrapolant un peu, on peut finir par accéder à un minimum de savoir, histoire d’avoir quelques bases, avant de s’orienter professionnellement très tôt, afin de répondre à la demande du marché de l’emploi.

Il est d’ailleurs intéressant de constater que ce marché devient visible à très court terme et qu’il faut aux organismes de formation une grande souplesse pour s’adapter à la demande fluctuante des secteurs concernés. Il faudra réagir vite pour combler la demande dans tel secteur, puis dans tel autre, … au gré des changements du sacro-saint Marché. Finalement, seules les élites pourront bénéficier d’une vraie instruction et seront les seuls a pouvoir comprendre correctement la situation… et le noble but d’élever un maximum d’hommes vers la connaissance (d’où le nom « d’élève », CA celui qu’on élève) va devenir une optique bassement mercantile dans laquelle les hommes devront s’adapter au marché pour finalement se réduire à une fonction à assumer.

Enfin, bref, désolé de cette digression. Pour en revenir au sujet, il est aussi intéressant de constater l’absence de (re)connaissance de nos philosophes contemporains, ainsi que leur absence à la télé (je n’ai guère vu que Régis Debray récemment et l’inévitable Alain Finkielkraut). Pourtant, ils sont très étudiés aux USA et représentant une branche (postmoderne surtout) qui s’est surtout épanouie en France : Baudrillard, Deleuze, Guéthary, Foucault, Debray, Derrida, …
J’avais lu une fois que c’était surtout l’Intelligentsia en place qui étouffait ces semeurs de troubles, critiques acerbes d’une société à la dérive, car ils (l’Intelligentsia) sont les garants de la teneur informative à donner au peuple. De toute évidence, les idées développées par ces quelques auteurs ne rentrent pas dans le cadre intellectuel destiné aux gens…

Pour clôturer ce message qui part un peu dans tous les sens, j’ai fait une terminale L et je me souviens combien tous les sujets philo abordés me semblaient taper de tous les côtés, un coup le Bonheur, un coup la Justice, un autre l’Amour, …, la faute à l’absence d’une ligne conductrice, un peu à la manière de l’approche historique proposée par jesaispas95 qui, si j’ai bien compris, permettrait aux élèves de cadrer l’évolution de la pensée humaine en l’installant dans une ligne temporelle et éviterait se perdre dans un patchwork idéologique un peu abscons aux néophytes. Mon problème, c’est que c’est aussi peut-être moi qui comprenais rien, la faute à un travail relatif ? Bref, pour essayer de joindre les points de vue abordés, peut-être que l’absence de développement de l’esprit critique à l’école entraîne de facto une difficulté à comprendre les développements philosophiques…surtout qu’on nous demande le plus souvent de recracher les idées des auteurs selon le thème du sujet, pas de réfléchir par nous-mêmes et de se risquer dans une réponse vraiment personnelle.

Sur ce,

Ciaooooo