Ondevirtuelle :
Je rajouterai même que selon les « axiomes » capitalistes, l’offre est censé entrer en résonance avec la demande, il y a offre parce qu’il y a demande. Or, et c’est bien un magnifique revers à cette idéologie (comme beaucoup d’autres points), de nos jours on créé l’offre avant la demande, ensuite, charge aux publicitaires de convaincre les clients potentiels du caractère indispensable du produit proposé.
La consommation, qu'il y ait revers ou non de l'idéologie capitaliste, reste intrinsèquement liées à notre mode de fonctionnement. Les publicitaires ne reculent devant rien pour créer de toute pièce de nouveaux besoins. Bien loin des notions de "bien" ou de "mal", ces derniers savent flatter nos sens quelque soit l'âge. En passant de l'étalage de nourriture aux heures des repas, aux assurances vie du lever du jour, la machine est parfaitement huilée! Le problème central résultant de cet envahissement, est bien de l'ordre de la manipulation mentale. Certes! nous pouvons tjrs nous réfugier derrière "c'est comme ça", l'idéologie ambiante est responsable de ce fléau et les paramètres bien trop nombreux à dénombrer, reste que nous devenons progressivement des machines. Il suffit de discuter avec ces milliers de jeunes pour comprendre qu'ils bâtissent envers et contre tout une individualité dont les fondements reposent sur l'apparence extérieure et le désir effreiné de consommer. Dès lors, nous pouvons nous interroger sur la route empruntée. Bien loin des longs débats économiques et politiques, une prise de conscience individuelle et collective serait de bon aloi.......
Quand tu dis « puisque la nature humaine est par définition une parfaite insatisfaite », je ne peux m’empêcher de penser que c’est une réflexion très moderne, très imprégnée justement de notre idéologie libérale (le libéralisme est l’idéologie du capitalisme, ce dernier ne pouvant « pleinement » fonctionner qu’avec une grande libéralisation). Pour reprendre une terminologie Deleuzienne, l’homme comme « machine désirante », qui cherche par tous les moyens à satisfaire ses soit disant « manques » est une conception assez récente dont les postulats ont été clairement annoncés par les textes fondateurs du Capitalisme.
En fait, je ne dis pas que tu as tort, loin de là, je dis seulement que « l’homme dont le but est d’assouvir ses envies » est justement un des postulats fondateurs de l’idéologie qui est notre, mais ça ne veut pas dire que ce soit la Vérité. Elle n’est une vérité relative que parce qu’on nous a appris à agir de la sorte, à vivre une vie toute entière vouée a satisfaire nos « besoins », à travailler pour consommer. Ce n’est pas entièrement faux, mais je dirai plus succinctement que tout homme, quel qu’il soit et quoi qu’il fasse, ne cherche qu’une chose : son bonheur… depuis « toujours ».
On peut se tromper sur la nature de ce bonheur, on peut même se persuader qu’il se trouve dans l’accumulation matérielle (et le trouver dedans, pourquoi pas !), mais cela reste le moteur fondamental de nos choix : on choisira toujours ce qui se rapprochera le plus de ce « but », toute la subtilité à l’heure actuelle étant peut-être que l’on a déplacé cette quête dans un objectif matérialiste ?
La notion de "manque" étant moteur du besoin, on comprend comment l'illusion d'un bien-être incarné dans la matérialité se substitue à une recherche plus personnelle. Si l'idéologie se distingue de la vérité, elle tend malgré tout à la détrôner et à semer le doute dans les esprits. Tout homme est en quête de bonheur, mais dans la confusion générale, le bonheur a aujourd'hui un prix et celui-ci semble trainer derrière lui son cortège de malheur et de frustration voire un appauvrissement de notre condition.
Oui, mais on sait l’horreur des guerres idéologiques, qu’elles soient religieuses ou politiques, tout le problème soulevé par les discours américains étant qu’il recommencent à opposer leur vision (la meilleure bien sûr) à celle des autres (qui ont forcément tort) en la mélangeant avec des considérations religieuses ! Huntington avait parlé de « choc des civilisation », ce qui est faux, les civilisations se sont toujours mélangées, ont appris les unes des autres, ont cohabité, mais force est de constater que c’est sur des différences apparemment inconciliable que les USA entreprennent de changer le monde à l’aide de mesures coercitives.
Deux conséquences: un blocage évolutif des civilisations dont l'enrichissement serait basé sur la pluralité culturelle.
Le durcissement d'un pouvoir stéréotypé attisant les haines. Bref, une idéologie de l'intolérance au service de la régression. La question étant de savoir si l'impératif économique l'emportera sur les valeurs humaines et éthiques? Et surtout, où nous mènera t'il?
Autant que je sache, notre mode de vie « occidental » n’est viable que si on maintient d’autres pays dans une situation d’exploités. Par exemple : on nous a parlé il y a quelques temps d’une entreprise qui se délocalisait en Roumanie et les dirigeants avaient proposé aux employés un poste en Roumanie (ce qui est en parfait accord avec la doctrine capitaliste : tout homme est prêt à se déplacer géographiquement s’il y a un intérêt à le faire… sic) avec un salaire « roumain ». D’autres entreprises ont fait de même. L’attraction de la Roumanie (pour ne citer que cet exemple) est le fait d’un niveau de vie bas et de salaires bas, ce qui attire nos entreprises.
Donc, la Roumanie n’a pas intérêt à s’aligner sur notre modèle productif, sinon les entreprises iraient ailleurs, il faut donc maintenir ce même modèle pour pouvoir attirer des capitaux. Et si le coût augmente aussi en Roumanie, ils iront dans un autre pays, moins cher. Nous avons ainsi un pays qui base son développement sur des salaires bas et qui a intérêt à les maintenir sous peine de voir partir les capitaux… quel étrange paradoxe ! Le but n’est donc pas de développer les pays exploités, mais de les maintenir en l’état, et tant pis pour les gens dont le niveau de vie ne bougera pas beaucoup… ! Ils auront au moins du travail.
La pratique du "dumping" aussi efficace soit-elle, bâtit ses richesses sur la détresse de personnes en position de survie. Hors je ne pense pas que la viabilité du monde occidental puisse perdurer en fonctionnant ainsi. Contrairement au monde animalier reposant sur un équilibre naturel, notre évolution repose entre les mains de carcans théoriques qui loin de s'interpénétrer au profit d'une remédiation, se déchirent. Toute théorie, tout système fermé est voué à sa propre destruction ou à son remplacement. Confronté à l'expérimentation, il découvre en-même temps ses propres limites. Alors que dire lorsque ces dernières comportent les affres de l'injustice?
Amicalement, Onde