UN HEUREUX RATE

Juste au moment où le ciel me souriait
Et que d’être bientôt un homme heureux je me plaisais
Car de joie mon cœur battait
Et Dieu déjà je m’imaginais,

Un soleil noir point,
Exterminant tout mon enthousiasme,
Eteignant en moi la flamme
Et me liant pieds et mains.

Je suis désormais bon pour l’abattoir.
Je n’ai plus la force de croire,
Plus la force de me mouvoir,
Et j’ai perdu tout espoir.

A mes yeux, rien ne reste sans disparaître.
Plus rien ne reste sinon que pour paraître.
Je suis entre les tenailles de l’angoisse
Et cette dernière fait de moi une inexistence.

Mon inexistence, ce n’est pas que je la cris,
Mais c’est que je la vis.
Et pour moi, refuser l’idée de cette absurdité
Est le plus grand moyen de l’accepter.

Je regrette ce monde que je m’imaginais,
Je regrette celui là que je m’étais fait.
J’ai la nostalgie de ce paradis qui s’annonçait
Et qui plongeait déjà mon cœur dans un univers où jamais je ne m’ennuyais.

Je regrette, vraiment je le regrette.
Et je crois que j’offrirais au diable ma tête
Si de mon esprit je pouvais faire le vide
Et si de mon esprit je pouvais enlever toutes ces rides.

Je donnerais mon dernier souffle à Lucifer
Juste pour sortir de cet enfer
Et désormais ne rien faire
Sinon que me taire.

Je le regrette, vraiment je le regrette.
Je regrette la beauté de ce monde
Que jamais les larmes n’abondent
Et où tous jours sont pour la fête.

Quel que soit ce que je fais,
Je demeure un heureux raté,
Un éternel malheureux,
Un ver de terre parfait.

Je pense.
Mais ce n’est qu’à mon inexistence.
Plus rien n’ d’importance
Car j’ai perdu mon innocence.

Rêves et espoirs,
Force et gloire,
Magie et pouvoir,
Foi et victoire.

Je pense.
Mais ce n’est qu’à ma faiblesse.
Plus d’urgence
Et ma vie n’est que silence.

J’ose penser,
J’ose imaginer
Et j’ose espérer
Pouvoir encore être heureux.

Mais je suis condamné,
Condamné à percevoir autrement
Ce que les autres sans vomir perçoivent simplement.
Je le regrette, je ne suis q’un heureux raté.


yedvin@yahoo.fr