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Discussion: Pourquoi l'esclave défend-il le maître?

  1. #1
    Wàng Guest

    Par défaut Pourquoi l'esclave défend-il le maître?

    Pourquoi donc l'homme s'attache à ses chaines?
    Pourquoi, en toute bonne foi, les gens refusent d'admettre qu'une situation est à leur désavantage?
    On pourrait avoir comme exemple les femmes considérées comme des êtres inférieurs dans certains pays, les noirs aux Etats-Unis il y a 50 ans, qui se considéraient comme inférieurs aux blancs, ayant intériorisé l'idée « dominante », la liste peut être longue...

    Qu'est-ce que la philosophie peut nous dire là dessus?

    Wàng

  2. #2
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    (Je n'assure pas la véracité de ce que je m'apprête à dire; je ne sais plus d'où je tiens cette info) :

    Une experience a été menée sur le caractère social des rats.

    Dans une cage de plusieurs individus de même espèce, organisée de manière à ce que la nouritture ne soit accessible que par des trappes situées sous l'eau, il se crée toujours immanquablement une hièrarchie :

    Après quelques instants de prise de contact et de mise au point, un rat "matte" les autres et se fait apporter la nourriture par les rats soumis sans avoir besoin de se mouiller.

    Lorsque l'on ouvre le cerveau des rongeurs, on constate que le rat le plus stressé était le rat dominant.


    Soumission = quiétude ?
    Domination = responsabilités ?

  3. #3
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    J'abonde dans le sens de David:

    des études sur la soumission et l'obéissance sont assez nombreuses en psychologie cognitive pour montrer que les humains sont "cablés" pour obéir, et être "manipulés". Les commerciaux sont sans doute bien placés pour le savoir (il leur faut trouver un bon "levier"...).
    Par exemple, la politesse est une certaine manipulation: on est plus doux avec quelqu'un de poli...

    Cela montre que nous sommes naturellement des êtres sociaux, et qu'on préfère se soumettre plutôt que de faire bande à part. On peut aisément penser aussi au phénomènes comme la mode, etc. qui nous font culturellement être ensemble...

    Est-ce un mal? tout dépend sans doute de la place qu'on laisse à cet instinct.

    Scop

  4. #4
    demea Guest

    Talking Réorienter le débat ?

    Les études menées sur les rats en laboratoires dans des conditions données sont tout à fait intéressantes. Néanmoins, il me semble que la relation des résultats de ces expériences n'épuise pas le sujet, fort heureusement.
    On pourrait recentrer le débat sur la dialectique du maitre et de l'esclave que l'on trouve chez Hegel qui analyse le phénomène de domination de l'homme par l'homme : Toute conscience rencontrant une autre conscience tendrait à faire naître une relation d'opposition. Ce qui me semble intéressant c'est que cet abord ne s'oppose pas de manière frontale aux résultats menées sur les rongeurs. Mais, ce qui me semble intéressant est le point de vue par lequel la question est abordée et le système dans lequel cette pensée de Hegel vient se nicher. On sort alors de la philosophie d'un point de vue synchronique. Ce qui semble être le point de vue privilégié des étudiants sur ce forum et ce qui s'explique à mon sens par la prégnance, la vivacité de l'impression ressentie lors des expériences fortes du jeune adulte. L'abord historique conviendrait mieux à un esprit déjà installé dans son existence (mais qui n'aurait pas non plus renoncé, pas abandonné le pro-jet)
    UNe autre manière de voir consiste à opérer un retournement en s'opposant à la pensée dominante comme le fait Nietzsche : une morale, une religion ne fait qu'asseoir le pouvoir des faibles qui ont eu la bonne idée de poser la vertu non pas a priori, mais de manière contingente. Les fins morales sont posées secondairement à des buts inavouables. Finalement, et dans un certain sens, Nietzsche est par ce côté profondément kantien. Qu'en pensez-vous ?

  5. #5
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    Chaque mot est lié à un sensation sous jacente.

    Ainsi "maitre" possège une co-notation positive et "esclave" une négative.

    pourquoi?

    Tout lien est toujours a double sens. La relation maitre-esclave est à double aboutissant. Chacun y trouve avantage. Ce lien enchaine les deux pôles. Toute la question est de savoir si les deux en sont conscients et quel intérêt et quelle contrainte sont sous jacentes à ce lien.

    Il est par ailleurs intéressant de se rappeller le film " the servant" au cours duquel la relation maitre serviteur s'inverse lorsque le rapport de force est ignoré (ou lachement méconnu) par l'un des deux protagonistes.

    chaque rapport humain est un lien, une chaine ( selon une vision pessimiste ), un ancrage ( selon une vision optimiste ). Ces liens nous rattachent à la réalité et sont indispensables à toute vie sociale.

  6. #6
    demea Guest

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    Il est vrai que de nos jours les mots "maître" et "esclave", lorsqu'ils sont employés, sont encore plus indissolublement liés même (surtout?) si ce lien est de manière privilégiée symbolique. QU'EST-CE QUE DE NOS JOURS UN ESCLAVE ET UN MAÎTRE OU comment se représenter une telle relation, de telles rapports humains ? Assurément nul n'est plus de nos jours la propriété de personne, même si on peut s'imaginer que tel est le cas d'un enfant ou d'un parent ou de tout être. Tant importe dans cette question non plus le point de vue du réel, mais bien ceux de l'imaginaire et du symbolique.
    Je pense que la dépendance psychique existe bilatéralement (comme le souligne François2) et que symboliquement la pôsition dominante n'est occupée par le maître qu'à raison d'un certain équilibre où l'adhésion du soi-disant "esclave" est un facteur déterminant. Autrement dit, à un certain moment l'on choisit de devenir et d'être maintenu esclavec d'un autre. Et à ce titre, cette adhésion mérite d'être pensée et peut-être renommée. Je ne sais pas ce qu'ont dit Lacan ou Freud à ce sujet, mais j'imagine un peu les choses ainsi (au risque de me tromper) : le lien est vraisemblablement une dépendance aussi forte pour celui qui assure la position du dominé que pour celui qui maîtrise ou tyrannise. Et cette dépendance peut être assimilée à un esclavage, de sorte que le rôle joué par chacun des deux pôles serait comme une sorte d'épiphénomène et que seul compterait de ce nouveau point de vue l'axe, une centralité autour de laquelle s'organiseraient, se joueraient les rapports inconscients des sujets aux prises avec leur désir !!!!

  7. #7
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    April 2005
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    Pariiiis
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    La relation de maître et d'esclave peut également se retrouver en soi-même.
    Rester maître de soi ou esclave de ses passions?

    Cordialement
    Scop

  8. #8
    dugogh Guest

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    Qu'est-ce que la philosophie peut nous dire là dessus?
    -Esclave, que sais tu faire?
    -Commander aux hommes. Achéte moi et je vais te donner de bons ordres.

  9. #9
    demea Guest

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    Citation Posté par Scop
    La relation de maître et d'esclave peut également se retrouver en soi-même.
    Rester maître de soi ou esclave de ses passions?

    Cordialement
    Scop
    OUI, classiquement la problématique morale fait intervenir le rapport de l'âme aux passions qui l'agitent et la détournent de l'effectivité de l'action morale. Mais il s'agira de se débarrasser de la contrainte d'un système d'éthique opprimant, à même de contraindre sans libérer et qui a beau jeu de prétendre assumer la réalisation du bien et avec lui l'effectuation du devoir moral. La perspective kantienne du devoir me semble (très) globalement inassumable aujourd'hui. Qu'en pensez-vous ?
    g

  10. #10
    dugogh Guest

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    La perspective kantienne du devoir me semble (très) globalement inassumable aujourd'hui. Qu'en pensez-vous ?
    Le devoir moral(+l'impèratif)? Un saint assumait sans faille, une fois? ("Qui est sans faute...")
    Hum, sans rigoller: d'une part aide de distinguer la belle morale, par ex., un effet curatif, d'une autre part c'est du individualisme pur, les valeurs (bien qu'objectivement) subjectifs au delà de tout.
    Dernière modification par dugogh 27/06/2005 à 12h25

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