Gris-Nez au matin…
Au plus massif du granit
Je sculpterai tes courbes marines
Les goélands d’un coup de plume
Garderont ton souvenir lustré


Et le flot se ruant
Très loin sur les falaises
Le vent sifflera ta chanson
Je garderai toujours les clefs de la cabane…


Ciel d’Angleterre, cap comme un soc
Bouquets d’algues crinières
Vapeurs d’alcool…
Toujours recommencer… Apprendre…


Tes yeux pétillent
Dans les reflets du nacre
Fragiles sont les souvenirs de sable
Je garderai un peu les odeurs du matin…


Je n’ai jamais revu
Autant d’oiseaux qu’à cette marée là
Il y en avait une multitude
Des horizons d’ailes et de duvet…


L’un emporte ma jeunesse
Un autre la fougue et l’espérance
Je garderai le peu de temps qui reste
Pour façonner une idole de pierre

Qu’un courant plus puissant
Lessive la grève cernée
Et décelant l’impatience à le suivre
Consent à m’emporter…

Pour m’emmener vers toi
Deux bras d’écume se sont ouverts
On est déjà demain…
Le temps était bien long…


Mes rêves sont composés
D’odeurs de cheveux fins
Dans la vague s’étire
Un filet d’heures salées…

Et le détroit verdâtre qui aligne
En chapelet les navires en partance
Allonge ses ombres mauves
Sur les lueurs de Douvres…

Toutes les minutes de vie
Glissent de mes doigts fatigués
Ton regard est sur mon front
Un tatouage improbable…

Je donnerai ton nom
Ton nom secret, celui que je connais
Celui du premier jour
De la première marée…

Sur le cap déserté
Un rocher brun domine
Les goélands d’un coup de plume
Gardent une idole immaculée…

Et le flot se ruant
Très loin sur les falaises
Le vent du Nord portera ta chanson
Je garderai sur moi les clefs de ta maison…