Ciel de Flandre.


Le ciel de Flandre est comme un rêve sans horizon,
Et qui ondule, furieux, retenu en sourdine,
Une palpitation coléreuse ravine
Les labours aux senteurs de pluie où l’air est bon.

Aucune haie et aucun chant. Tous les oiseaux rompus
Nichent au creux des blessures profondes de la glaise,
Et les clochers ponctuent l’angélus de braise,
Ici-bas, sous les saules têtards des étangs chevelus.

Pas un troupeau ne broute emplissant de son bruit
Les chemins creux, boueux, où s’enterre l’histoire
Parfois quelques ornières où patauge l’espoir
Fait miroiter des mondes où le rire est maudit.

Tel l’enfer allumé flamboie sous les murailles.
Mais, tandis que reposent dans les chaudes cités,
Les bourgeois gras et roses, flamands lourds et butés,
Rêvent aux carnavals, aux matins de ripaille.