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Discussion: L'Etat et le Meurtre du Père.

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  1. #1
    samarkand Guest

    Cool L'Etat et le Meurtre du Père.

    Chers amis, bonjour.

    C'est dommage que cette espèce d'Algériens dont je suis sensé m'affilier soit dans un état d'ébriété intellectuelle qui me donne le sentiment d'appartenir à une nation réduite à l'état animal. Aujourd'hui je vais donc vous parler de cette animalité que nous impose la délinquance étatique au travers de la délinquance intellectuelle. Tout le monde a naturellement entendu parler de la notion de « meurtre du père » dans les sciences psychanalytiques et ethnologiques, et tout le monde a aussi entendu parler de la notion des « droits de l'homme » dans les discours politiques, mais tout le monde ne connaît pas forcément le lien entre ces deux notions, et bien parlons-en si ça vous dit.

    Il serait juste d'admettre la validité de la notion de droit de l'homme telle qu'elle est pensée par l'Occident, que ce soit dans sa conception ou encore dans son histoire, mais uniquement en référence à la réalité sociopolitique occidentale, feindre à la validité universelle de cette notion dans l'ignorance totale du jugement de l'autre relève directement de cet obscurantisme dont les occidentaux prétendent s'en être dégagé avec la découverte des droits de l'homme lors de leur déclaration universelle. Pour donner un exemple tout bête mais qui illustre parfaitement le problème, je prends l'idée de valeur historique et académique qui consiste à dire que c'est Christophe Colomb qui a découvert l'Amérique dans une perspective universaliste irrationnelle et névrotique.

    L'accostage de Christophe Colomb sur les côtes de l'Amérique n'est pas une découverte du continent dans l'absolu, ça en est une uniquement au regard de l'ignorance des européens de l'existence de ce continent, si c'est un événement historique il ne l'est qu'en référence à l'histoire occidentale. Je sais que le monde le sait, mais quand on prend conscience du ravage des non-dits, le rappel s'avère d'une valeur thérapeutique et pédagogique inestimable, car le statut de l'idée de la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb en Occident recèle deux inepties monumentale en matière d'abstractions. Dire que Christophe Colomb a découvert l'Amérique c'est jeter à la poubelle les hommes qui l'habitaient avant, ces hommes là sont jetés à la poubelle parce que cette découverte occidentale est sensée de référer à une valeur historique de dimension humaine et à prétention universelle, il y a donc une ineptie là dedans puisque si l'on se réfère à l'humanité c'est les Indiens qui ont découvert l'Amérique et non les Européens à travers Christophe Colomb. La seconde ineptie est celle de mettre le reste de l'humanité, les Africains et les Asiatiques, sous la houlette de l'Occident à travers cette fameuse découverte.

    Bien qu'ils soient de bonne foi au niveau de leur réalité personnelle, les droits de l'hommistes occupent une fonction représentaionnelle politique identique à celle occupée jadis par les missionnaires de l'Eglise, ils en sont malgré eux les héritiers. Ce que la brebis de Dieu représentait dans le raisonnement théologique de l'époque pour un projet divin de salvation, est exactement la même chose ce que représente aujourd'hui l'homme dans le raisonnement politique pour un projet humain de salvation. On ne conçoit les droits de l'homme que dans le contexte négatif de secours d'urgence, la positivité des droits de l'homme est inconcevable en Occident, par positivité j'entends entre autre l'intégration de cette notion de l'homme à la pensée politique qui structure la société occidentale elle-même afin que cet homme là ne demeure pas éternellement un ovni au statut de rescapé de la sainteté. Je ne sais pas ce qu'a été réellement le vécu des brebis de Dieu à l'époque du moyen âge, mais je suis quand même en droit de douter de cette histoire des droits de l'homme vu ce qui s'est passé en Algérie sous le règne du colonialisme français, je sais par vécu et expérience que les Français devraient tempérer un peu leurs prétentions à une nature universaliste en une époque où leur vision des droits de l'homme comme d'ailleurs aussi leur principe de laïcité étaient inopérants pour une population dont ils étaient les [seuls] maîtres.

    Quant à la notion de l'homme dans la culture scientifique chrétienne, je la mets sur le même registre que la notion de l'étranger ou de sa version moderne de l'autre dans la culture scientifique juive, la notion de l'étranger est une catégorie juridique essentielle dans le judaïsme dans un sens dangereux dans la mesure où cet étranger n'est pas appelé à être intégré au noyau identitaire juif et est sensé demeurer éternellement étranger, le judaïsme a fondamentalement besoin de l'existence de l'étranger en tant que tel et semble confondre l'étranger en tant que valeur juridique accidentelle et l'étranger en tant que valeur juridique essentielle. Ce qui ne serait pas inutile de faire c'est de remettre la notion de la dignité humaine dans son véritable contexte, l'homme n'est pas menacé par le vide, il n'est pas non plus menacé par l'homme, il est menacé par des systèmes, c'est donc en termes d'ordres politiques qu'il faudrait peut être plutôt raisonner. Raisonner en terme d'hommes c'est franchement amputer la réalité de sa tête, ni l'homme occidental ni aucun autre homme n'existe dissocié de l'ordre qui l'institue, parler de droits de l'homme pour ne désigner que l'état de victime n'a aucun sens, ça peut s'avérer une fiction quand ce n'est pas carrément la crime en soi. L'homme américain n'existe pas, ce qui existe c'est le citoyen américain, l'homme irakien non plus, et quand les USA s'appliquent à instituer un ordre humain en Irak tout en maintenant cet ordre humain catégoriquement différent de l'ordre américain je trouve cela une criminalité de la pire espèce intellectuelle. Ce n'est pas parce que la question des droits de l'homme est une question universelle que l'on se laisse abuser par l'idée qu'elle serait principalement une affaire de politique extérieure, c'est faux, elle est tout autant une affaire de politique intérieure que de politique extérieure, elle concerne tout aussi bien les victimes locales de la politique économique nationale que les victimes étrangères de la politique économique internationale.

    Parler en termes d'homme en n'y voyant que l'état de victime me donne parfois l'impression qu'on veut cacher la réalité du système duquel cet homme là participe aussi bien dans l'état de victime que dans l'état normal et normatif, et ce qui m'inquiète encore plus c'est qu'il y a une sorte d'intention de se dédouaner de sa responsabilité personnelle du fait d'être éventuellement impliqué dans ce système, impliqué surtout dans le sens de ne pas voir les leviers du système qui permettent d'améliorer la situation de cette victime, et par conséquent de ne rien faire pour actionner ces leviers. Ce qui nous emplit, nous les musulmans, encore plus de crainte de l'esprit occidental qui use et abuse de cette notion de droits l'homme, c'est d'être conscients du bas niveau conceptuel de cette valeur identitaire sociale et universelle que l'Occident appelle l'Homme. Dans notre culture notre valeur identitaire sociale et universelle est dite en arabe Béni Adam, c'est-à-dire le Enfants d'Adam, et on n'a évidemment pas besoin d'être un docteur es sciences pour se rendre compte que la notion arabo musulmane de Béni Adam est de loin plus intelligente et plus saine que celle de l'Homme du fait naturellement qu'elle porte la marque de la filiation subjective que la notion de l'Homme ne porte pas. En ma qualité d'arabomusulman, je ne me définis pas dans l'absolu par rapport à moi-même, je me définis essentiellement en ma qualité de fils de mon père, Adam, et mon prochain est mon prochain en tant qu'il est lui aussi l'enfant de mon père, mon frère ou ma soeur. Il existe naturellement la notion d'homme chez nous, al-insan, mais elle n'est utilisée que pour désigner le sujet en tant que créature spécifique par rapport aux autres espèces que Dieu a créées, et c'est en ce sens que nous considérons la pensée occidentale des droits de l'homme quelque peu vaine dans la mesure elle ne reconnaît pas la dimension essentielle de l'identité du sujet, sa filiation, sa paternité, vous me diriez que le sujet chez vous est considéré comme étant l'Enfant de Dieu, eh ben je vous répondrais qu'il soit alors désigné en tant que tel, à moins que le meurtre du père comme disent les psychanalystes soit le fondement identitaire du sujet occidental.

    Les droits de l'hommistes, se fondant su le principe du droit naturel, prétendent que c'est en vertu du principe de laïcité que la notion de l'homme s'impose par rapport la notion filiale [Enfant de Dieu ou Enfant d'Adam] dans le discours politique, mais quand on réfléchit on se rend compte qu'ils ont tout faux. Je suis entièrement d'accord avec l'aspect naturel des principes universels rapportés au sujet, mais je trouve que cet aspect naturel peut très bien s'étendre à l'identification même du sujet, c'est-à-dire en reconnaissant l'aspect naturel de la dimension filiale dont est essentiellement caractérisée le sujet, que cette filiation essentielle soit dénommée Enfant de Dieu comme l'entend le Judéo Christianisme ou encore Enfant d'Adam comme l'entend l'Islam, peu importe, je dirais même que la filiation divine judéo chrétienne s'impose encore plus que la filiation adamique islamique. Vous me diriez que la dénomination Homme à caractère laïque est soucieuse de la liberté de pensée d'autrui, je suis d'accord dans la mesure où ce serait un débile représentant de l'Etat qui le dirait, je ne crois pas qu'un chrétien s'exprimant au non de sa foi puisse sacrifier sa propre pensée pour se plier à la pensée d'autrui d'autant plus qu'il la sait défaillante. De deux choses l'une, soit le chrétien est chrétien et alors le sujet essentiel pour lui c'est l'Enfant de Dieu, soit il est un débile représentant de l'Etat et alors le sujet essentiel pour lui est l'Homme à cause de ce qu'impose le caractère différentiel et non intégrationnel de la multitude des Etats institués sur terre. Venons-en objectivement au fait, il y a deux possibilités ou deux cas de figures : -1] un sujet en face de soi qui soit indifférent qu'on le nomme Homme ou Enfant de Dieu, dans ce cas là, conformément à la pensée judéo chrétienne, on doit le nommer Enfant de Dieu -2] un sujet en face de soi qui, pour une raison ou une autre, désapprouverait qu'on le nomme Enfant de Dieu et exigerait qu'on le nomme Homme, car il estimerait qu'on empiéterait sur sa liberté de son auto identification personnelle, à ce stade de la réflexion je dirais qu'il aurait raison mais uniquement dans la mesure où lui aussi respecterait l'obligation que l'on soit nommé Enfant de Dieu. Le problème réside plutôt du côté de l'Etat pour qui il est impossible de départager les sujets autrement que de nommer chacun d'eux comme il l'entend, l'Etat nomme le premier sujet Enfant de Dieu, et nomme l'autre sujet Homme, l'Etat ne peut imposer la nomination d'Homme au sujet qui n'en veut pas tout comme il ne peut imposer la nomination d'Enfant de Dieu à l'autre sujet, l'Etat n'est pas une personne surnaturelle qui pourrait se prétendre être en dehors de la partie, c'est inconcevable. Vous voyez comment on pourrait être mal barrés, et n'avoir rien ni dans le coeur ni dans la tête ? Ce qu'il y a dans la tête est cela même qu'il y a dans le coeur, la tête n'est pas coupée du coeur ni le coeur isolé de la tête, il suffit de penser si comme on nous dit, liberté de pensée il y a. Je crains fort malheureusement qu'on est fichu. Que Dieu nous vienne en aide !

    Etant mal définie dans les sciences juridiques, la notion de droit naturel ne peut justifier l'usage de l'homme à la place de celui d'enfant de Dieu ou d'enfant d'Adam. Dans l'histoire ce n'est pas le rapport duel de droit entre l'individu humain et Dieu qu'il s'agit, mais du rapport tripartite de droit entre l'homme, son prochain et Dieu. Il ne faudrait donc pas fausser le problème comme on serait tenté de tout fausser, jusqu'au moindre mouvement que l'on puisse être amené à effectuer envers Dieu. La question du droit est la plus essentielle de toutes les questions qui puissent figurer dans notre esprit, c'est elle qui fonde la souveraineté voire même la subjectivité de l'homme, sans droit c'est le néant total. Il y a donc l'enjeu d'une trinité subjective fondamentale au cœur de la notion de droit, je ne vois pas comment on pourrait parler du droit en occultant totalement cette trinité. Il y est évidemment question de droit humain, mais ce droit humain qu'il soit individuel ou collectif ne se place jamais face au droit divin, c'est insensé, Dieu a droit sur tout, et personne ni rien n'a droit sur Lui. Le droit humain n'existe et n'est concevable que dans le rapport entre l'homme et son prochain, et tout le problème pour l'homme réside dans l'équilibre entre le droit que Dieu a sur lui et le droit qui le lie à son prochain, c'est cet équilibre qui importe en premier lieu et non la défaillance de l'homme dans le droit que Dieu a sur lui. L'expression de « droit divin », que l'on pourrait formuler d'une manière inconsciente et irresponsable, ne délimite pas une souveraineté divine par rapport à une autre souveraineté qui viendrait se placer face à elle, c'est absurde, la souveraineté divine est totale et embrasse tout, on ne peut délimiter la souveraineté divine ni au niveau de la subjectivité ni au niveau de l'espace. L'expression de « droit divin » ne s'entend et ne se conçoit qu'à l'intérieur des limites de l'humanité, l'expression de « droit divin » ne désigne rien d'autre que le droit qui régit les rapports interhumains, il est extrêmement dangereux de penser que cette expression désigne un droit divin absolu dissocié du droit régissant les rapports interhumains. Et enfin, à mon sens l'expression de « droit naturel » n'est autre que celle de « droit divin », si l'expression de « droit naturel » a été inventée, je crois que c'est pour évacuer la notion de « droit divin » de la réflexion, et quand je dis « droit divin » je signifie naturellement le droit qui régit les rapports interhumains. On est donc là avec cette expression de « droit naturel » face une incroyable absurdité, puisque finalement c'est le droit qui régit les rapports interhumains qu'elle vise à évacuer de la réflexion. On est là entre nous, et Dieu dans Son retrait apparent de la scène, n'est relevé que par l'homme, c'est à dire que la représentation divine de l'homme ne réside pas dans le vide ni au milieu des autres créatures divines, l'homme représente Dieu aux yeux de son prochain, la représentation humaine de Dieu réside d'abord et en premier lieu au sein de l'humanité elle-même.

    Cordialement.
    Dernière modification par samarkand 19/12/2004 à 03h57

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