pourquoi sauver la rhétorique?
Bienfaits et méfaits de la rhétorique.
Il y a beaucoup à dire. Par exemple vous pouvez vous étonner et trouver bien
drôle qu'on pose ce problème en France où on en finit pas de proclamer la
mort de la rhétorique tout en l'exigeant dans les dissertations littéraires ou
philosophiques, singulièrement en classe prépas!
C'est que, quelque soit les méfaits de la rhétorique, elle a tellement imprégné
les mentalités des enseignant et singulièrement des professeurs de prépas,
qu'elle triomphe alors même qu'ils la dénoncent.
Vous pouvez raconter les "mardis" de Mallarmé http://www.philagora.net/auteurs/mallarme.php
: chaque semaine ce grand poète recevait l'élite intellectuelle et
politique à Paris. Paul Valéry et bien d'autres composaient un auditoire
charmé qui après des heures pendant lesquelles le maître parlait dans des
nuages de fumées émis par sa pipe, se séparait avec l'impression d'avoir
reçu un contenu qui leur permettrait, à la mort de Mallarmé, de remplir des
pages et des pages.
Ce fut dit souvent, mais ce ne fut pas fait; et chacun dut avouer son
impuissance à restituer le discours qu'il avait écouté avec tant de piété.
C'est que, Valéry nous l'apprend, Mallarmé leur avait fait un cours de
rhétorique supérieure.
Il faut croire que Paul Valéry avait reçu le message cinq sur cinq sur
puisqu'il a souvent demandé un retour à la rhétorique sans être écouté par
l'élite de son temps.
Vous pouvez poser dès le
début la problématique fondamentale: non pas le cliché du fond et de la forme
mais le problème essentiel: comment la rhétorique qui est art de convaincre et
de persuader peut-elle être l'instrument de quelqu'un qui nécessairement pense
bien et qui sait bien vivre. Comment être certain que celui qui nous touche,
qui nous émeut est lui-même ému? Qu'est-ce qui nous assure que la fin de la
forme est la transmission et non pas de la poudre aux yeux: la rhétorique comme
ensemble de procédés peut engendrer, comme la langue d'Ésope, le meilleur
(bienfait, c'est à dire la transmission) ou le pire, c'est à dire la
communication pour la communication.
Il me semble qu'il faudrait étudier les 5 moments du discours: l'invention,
la disposition, l'élocution et enfin apprendre parfaitement le discours.
Voyez aussi les figures de la rhétorique (l'ornement facile comme la
répétition... et l'ornement difficile comme la métaphore ou la synecdoque).
Pour les méfaits de la rhétorique, le mieux est peut être d'utiliser les
arguments de Socrate contre les sophistes.
Pour les bienfaits, vous pouvez lire de P. Zumthor, Le Masque et la lumière,
la poétique des grands rhétoriqueurs , seuil, 1978
De P. Bourdieu et R. Passeron, La Reproduction. Pour ces deux auteurs la
rhétorique subit une dépréciation de ceux-la même qui la possèdent le mieux
et qui pour ainsi dire l'utilisent comme ils respirent.
On peut se demander s'il n'y a
pas un clivage, une inégalité qui vient du fait que la rhétorique n'est plus
enseignée au peuple sous prétexte de ses méfaits alors qu'elle est transmise
dans d'autres milieux, ne serait-ce que par la pleine possession de la langue
française.
Voyez que cet excellent vous
plonge en plein débat d'une mort toujours annoncée (pourquoi donc?) et
toujours problématique.
Pour approfondir voir dans l'Encyclopedia Universalis le tome XV, l'excellent
article de Georges Mounin, page 1107 à 1110 avec la bibliographie et les corrélats
Bonne lecture
Joseph
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Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir