Il est un fait que dans les lois sur la bioéthique, la loi ne s'est pas prononcée, elle n'a pas dit que l'embryon était une chose, ni que l'embryon était une personne. Elle n'a rien dit, elle s'est bornée à protéger l'embryon contre certaines dérives, on ne peut pas en faire pour la recherche, on ne peut pas l'expérimenter, ce qui ne donne pas une définition positive de l'embryon. Elle n'a pas dit que c'était un être humain, elle n'a pas dit que c'était une chose. Il faut quand même vous dire que la loi Veil sur l'avortement dit qu'un être humain a le droit au respect de la vie dès le commencement. La loi Veil considère que l'embryon est un être humain. Bel et bien. Et elle donne à la femme le droit de tuer un être humain, parce que la femme se trouve en légitime défense. C'est le dispositif de la loi. Jamais la loi Veil n'a dit que l'embryon était une chose et qu'il ne coûtait rien de supprimer une chose. Curieusement les lois sur la bioéthique n'ont pas repris cette définition de l'être humain, elles n'ont rien dit comme je viens de vous le dire, en revanche nous avons eu une décision du Conseil constitutionnel du 27 Juillet 94 qui, saisi de la question du statut, des embryons, a déterminé une différence entre les embryons, d'un côté il y a les embryons in vivo, qui ont le droit au respect de tout être humain et puis les embryons in vitro, qui n'ont aucun droit. Ce ne sont pas de êtres humains, ils n'ont donc pas le droit au respect auquel a le droit tout être humain. Ce qui veut dire, en réalité en filigrane, on peut en faire ce qu'on en veut. On peut les expérimenter, on peut en fabriquer etc. C'est la logique intime du Conseil constitutionnel pour vous faire comprendre, quand même l'émotion juridique qui saisit le lecteur de cette décision, c'est bien évidemment l'indignation, puisque le Conseil constitutionnel est notre plus haute assemblée. Le Conseil constitutionnel vient en quelque sorte rajouter à la loi, puisqu'il dit que l'embryon in vitro n'est pas un être humain, il ouvre en quelque sorte toute une perspective visant à faire de l'embryon in vitro, une chose et toutes les dérives possibles. Voilà en deux mots quel est l'état du droit.