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Discussion: prologue d'Antigone d'Anouilh

  1. #1
    deddel Guest

    Unhappy prologue d'Antigone d'Anouilh

    Bonjour,
    Elève de Khâgne, je me permets de vous demander votre aide pour un exposé à faire devant toute la classe et pour lequel j'ai peur de ne pas être à la hauteur: l'étude thématique du prologue d'Anouilh. d'avance je vous remercie chaleuresement.

  2. #2
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    Je n'ai plus le texte et je manque de temps pour le chercher....

  3. #3
    deddel Guest

    Post texte du prologue d'Antigone d'Anouilh

    le voici:
    "Voilà. Ces personnages vont vous jouer l'histoire d'Antigone. Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu'elle va être Antigone tout-à-l'heure, qu'elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aime vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout... Et, depuis que ce rideau s'est levé, elle sent qu'elle s'éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n'avons pas à mourir ce soir.
    Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l'heureuse Ismène, c'est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d'Antigone. Tout le portait vers Ismène : son goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi, car Ismène est bien plus jolie qu'Antigone, et puis un soir, un soir de bal où il n'avait dansé qu'avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone, qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et lui a demandé d'être sa femme. Personne n'a jamais compris pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit 'oui' avec un petit sourire triste... L'orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène riait aux éclats, là-bas, au milieu des autres garçons, et voilà,maintenant, lui, il allait être le mari d'Antigone. Il ne savait pas qu'il ne devrait jamais exister de mari d'Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.
    Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c'est Créon. C'est le roi. Il a des rides, il est fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, du temps d'Œdipe, quand il n'était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. Mais Œdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches et il a pris leur place.
    Quelquefois, le soir, il est fatigué, et il se demande s'il n'est pas vain de conduire les hommes. Si cela n'est pas un office sordide qu'on doit laisser à d'autres, plus frustes... Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu'il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée.
    La vieille dame qui tricote, à coté de la nourrice qui a élevé les deux petites, c'est Eurydice, la femme de Créon. Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu'à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. Elle est bonne, digne, aimante. Elle ne lui est d'aucun secours. Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.
    Ce garçon pâle, là-bas, qui rêve adossé au mur, c'est le Messager. C'est lui qui viendra annoncer la mort d'Hémon tout à l'heure. C'est pour cela qu'il n'a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres... Il sait déjà...
    Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leur chapeau sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l'heure. Ils sentent l'ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et satisfaits d'eux-mêmes, de la justice. Pour le moment, jusqu'à ce qu'un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne de l'arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon.
    Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d'Œdipe, Etéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville, Etéocle, l'aîné, au terme de la première année de pouvoir ayant refusé de céder la place à son frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagné à sa cause ont été défaits devant les sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts, et Créon, le roi a ordonné qu'à Etéocle, le bon frère, il serait fait d'imposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals. Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort."

    merci d'avance chaleureusement du temps consacré et de votre aide.

  4. #4
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    Je viens de l'imprimer et je le pose sur mon bureau au-dessus d'une pile:

  5. #5
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    Voici quelques pistes:
    Antigone: Anouilh

    Thématique générale:
    c'est un jeu de rôle que la vie, chacun va jouer son rôle, sans pouvoir lui échapper car des fils le relient à un texte déjà écrit., ailleurs.

    => Destin, nécessité, ananké

    => Le coeur a sa raison que la raison ne connaît pas, mais le coup de foudre est un coup du destin qui frappera cruellement Créon. Dans le coup de foudre on croit se reconnaître.

    => Le poids du pouvoir exercé avec application (Créon) et de l'humble tâche quotidienne assumée avec la même application (Eurydice). Monotonie du travail bien fait, bien enchaîné comme une mécanique, comme si on suivait sa route ou plus exactement une route tracée .On fait son devoir, mais le devoir traverse l'homme. Qui croirait que ces deux là ne sont pas des justes: ils vont cependant être entraînés à faire leur malheur...

    => Messager qui annonce le malheur et qui le sait et qui ne peut échapper à sa fonction.

    => Enfin les braves gens, pétris de bonne conscience, qui ne se posent pas de question et qui se transforment en bourreaux dès que la loi l'exige.

    Le jeu:
    Comme un système dans lequel chacun prend son sens des autres (Antigone par rapport à Ismène; Étéocle par rapport à Polynice ...). Mécanique tragique qui, bien remontée comme un ressort par le destin, va se dérouler inexorablement, malgré les pleurs, malgré l'amour familial, malgré l'application, malgré la justice non écrite, et grâce aux braves gens.

    Ah oui, nous sommes dans le tragique, impuissants à soulever quoi que ce soit du rôle, l'horloge est bien remontée. C'était écrit, ailleurs, dans un Grand Livre.

    Joseph

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    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

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