Les sangs noms

Quels regrets d'avoir un jour prié Dieu...
J'ai arraché ma paire d'yeux
& je les ai balancé dans le caniveau
qu'ils ont dévalés jusqu'à mon père
qui regarde l'avenir, par terre,
la pierre est la même que celle du coeur des hommes
si tous les chemins mènent à Rome,
celui ci va vers l'abandon d'un cimetière
remplit de corps que personne n'exhume.
Il est posé là sur son douillet lit de bîtume
entre du dégueuli suintant l'absynthe
que même les pigeons ne veulent pas
& des bouteilles aux vapeurs réchauffantes,
il se souvient qu'un jour on l'a appellé "papa"
Vu d'ici le trottoir à l'air
aussi long & froid que l'hiver
C'est l'abri des sans noms,
des gens aussi oubliés & invisibles
que leurs rêves recouverts
de poussière