Il me semble ici qu'il y ait une légère confusion ou peut-être une imprécision quant à l'emploi du mot "pessimisme"; en effet, devons nous discuter du pessimisme dans son acception actuelle qui le rapproche, de manière erronée, du fatalisme, comme le souligne lusa, ou bien du pessimisme schopenhauerien, qui constitue une critique de l'optimisme naif de Leibniz ( cf. "le meilleur des mondes possibles") que désigne déjà, avec bcp d'humour Voltaire.
S'il faut parler de la deuxième acception, à mon sens la plus intéressante, alors faudrait-il noter que nécessairement ce pessimisme n'est pas figé ; Si Schopenhauer établit le constat d'une nature foncièrement mauvaise de l'homme et d'une indifférence totale du monde à l'egard de la souffrance humaine, il rapproche par là même les malheurs de l'homme de la répétition incessante du désir et de la volonté. L'important est donc désormais de sortir, de s'échapper de la volonté par la contemplation de l'art, par la morale de la pitié ou bien encore par l'ascétisme.
Vous l'aurez compris : entre un boudhiste et un disciple de Schopenhauer, la différence n'est que sémantique et non pas essentielle. Le plus intéressant peut-être est qu'alors que Schopenhauer condamne l'idée de progrès (etym. progressus en latin signifie "faire un pas en avant"), le dépassement qu'il tente sur la volonté est un pas en avant! L'idée de progrès reste présente au sein de toute velléité de dépassement.
De plus, la volonté de dépassement du désir constitue en elle-même un désir. Le sage qui ne désire que l'ascétisme n'est alors pas véritablement un ascéte mais un sage qui désire ne plus désirer.
Tout n'est pas à jeter dans le pessimisme puisqu'il fût la source d'inspiration de philosophe tel que Nietzsche et même Freud!
Mais dans son acception actuelle de "fatalisme", il est à refuser nous dit Alain car il "se prouve lui-même dès qu'on y croit". La messe est dite avant même que l'on puisse agir, on n'agit donc jamais. Qu'importe t-il d'agir puisque les dès sont truqués dès le départ. Wait and See. Voilà la démarche du pessimiste actuel. Et quelle erreur! Puisque tout philosophe fait le pari inverse que sa pensée puisse l'amener à vivre et non pas à exister. Nul philosophe ne peut accepter le fatalisme s'il le résoud à s'asseoir, amer et désespéré. Le pessimiste meurt seul et degoûté où le stoicien avait le bon ton de s'asseoir, heureux, et de profiter du monde lorsque le bateau coulait.
Voilà où nous sommes arrivés : avant c'était mieux pour sûr