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Discussion: L'esthétique de Nietzsche

  1. #1
    Dinou Guest

    Talking L'esthétique de Nietzsche

    Bonjour,

    j'ai une petite question à vous soumettre à propos de l'esthétique de Nietzsche.

    Dans le § 10 de La Naissance de la Tragédie ,
    il écrit " L'art est ce qui représente l'espoir d'une future destruction des frontières de l'individuation, et le pressentiment joyeux de l'unité restaurée".

    Donc, d'après ce que j'ai compris, cela voudrait dire que dans l'expérience de l'art, que ce soit celle que l'on fait du côté de la création, ou de la contemplation, on épreuve en quelque sorte la possibilité d'un affranchissement à l'égard des limites, des barrières qui ordinairement nous séparent.

    Mais dans Humain trop humain et surtout dans La Volonté de Puissance , on comprend que pour Nietzsche, l'appréciation esthétique n'est qu'une série d'interprêtation.

    De fait, je me demandais si on pouvait dire que par delà ces interprêtations toutes particulières, il existe quelque chose qui viendrait unir les hommes, dans l'art...Comme une sorte de sens commun par exemple.

    Je sais qu'il est difficile de résumer la pensée sur l'art de Nietzsche en quelques phrases, mais j'aimerais avoir un petit débriefing sur la question, si vous en avez le temps.


    Merci d'avance.


    Dinou.

  2. #2
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    France -
    Messages
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    Par défaut

    Sur l'esthétique de Nietzsche.

    L'artiste est un chercheur de vérité. Il faut prendre vérité en un sens inoui pour la pensée classique: la vérité vise l'apparence, la vérité est apparence.

    1- Il faut renoncer à la vérité absolue puisque l'apparence est l'unique réalité des choses.

    2- L'art a au moins le mérite de se présenter "franchement" comme une interprétation (= proposer un sens). Il est donc plus vrai que les explications des savants ou des philosophes qui n'ont pas interrogé leur volonté de vérité.

    3- Parce que, seul, il renonce à la prétention de la vérité absolue, l'artiste est en accord avec le caractère essentiel que présente l'existence: la parspective.

    4- Comprendre que Nietzsche refus l'écriture systématique et écrit par aphorisme parce que, l'aphorisme dit le sens, rompt avec la continuité des systèmes qui se contentent trop souvent d'une vérité formelle, interprète et élève l'interprétation à un art.

    => Il me semble que parler de sens commun revient à s'éloigner de la pensée de Nietzsche: le sens commun (=> Kant s'appuie sur une identité, une liberté éprouvée en chacun: quand je dis c'est beau j'en appelle à la liberté de chaque être humain, raisonnable et sensiblement affecté, d'éprouver une satisfaction dans le jeu de l'entendement et de la sensibilité).

    Mais pour Nietzsche, toute identité est une erreur et correspond à l'antique conception de la vérité: si la vérité classique est visée comme repérage de l'identité et si cette conception doit être abandonnée, c'est que, par un chagement radical de sens, la vérité devient différence: n'est-ce pas l'espoir qui se lève ...
    Seulement un espoir car l'artiste n'est pas philosophe: il faut que la philosophie devienne esthétique et Nietzsche pense qu'elle le devient avec lui-même. Il n'hésite pas à se comparer au Christ et au bouleversement que l'Evangile a apporté.

    Dire moi c'est exprimer ce que j'ai en commun avec tous les autres en exprimant rien de ma singularité: j'exprime une identité factice qui n'est pas moi et alors je ne parle pas de moi.
    En réalité, loin de coïncider avec moi-même dans l'identité du terme moi, je m'échappe toujours à moi même par une ouverture sur un abime qui me constitue un peu comme quelqu'un qui glisserait sur les tuiles d'un toit sans limite et qui tenterait sans cesse de se rattraper.

    On comprend que lève dans une telle perspective, de la destruction d'une fausse identité qui inscrit des frontières comme individuation et que l'art soit une promesse d'une restauration de ce que la conceptualisation a masqué, l'unité dans l'acceptation des différences.
    Après tout, l'unité ne se fait jamais dans le camouflage des diférences.
    A l'amoureux qui déclare à sa belle nous ne ferons qu'un, la belle répond: lequel?

    == De la manière dont vous présentez les choses, il me semble que vous auriez tout intérêt à revenir sur le texte.
    Ne cherchez pas à opposer Nietzsche avec lui même, c'est très facile parce qu'il souhaite aller par delà le principe de contradiction: il peut très bien dire ceci selon telle perspective et cela selon telle autre perspective. Sans pour cela se contredire! De toute façon, son but me semble être la destruction des concepts.

    Bon courage
    Joseph
    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

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