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Discussion: loi et morale

  1. #1
    socratis Guest

    Par défaut loi et morale

    Bonjour,

    Je planche actuellement sur ce sujet :

    "Sans la loi la morale est aveugle", citation d'un certain Quéri.

    Pourriez-vous me donner quelques pistes svp ?

    Merci.

  2. #2
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    Etonnez vous!
    On attendait le contraire!
    A la réflexion il y a bien un rôle pédagogique des lois: elles éclairent , guident et moralisent...
    Voir ces deux pages:

    http://www.philagora.net/philo/rousseau4.php

    http://www.philagora.net/grenier/rousseau2.php

    Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir

  3. #3
    socratis Guest

    Par défaut quel plan ?

    Je n'arrive pas à trouver un plan satisfaisant...

    1/ La morale, suffisante à elle même (d'un point de vue de l'individu)
    2/ La loi comme méthode et guide indispensable à la morale (au niveau général)

    Quel plan + en phase avec le sujet adopteriez-vous ?
    Merci pr votre aide...

  4. #4
    june Guest

    Par défaut

    tout d'abord:
    QU'EST-CE QUE LA LOI

    La loi, dans un sens étroit, est l'acte fait par le pouvoir législatif tel qu'il est établi par la constitution. Une fois publiée au Journal officiel de la République, elle s’impose à tous.


    La loi, dans son sens matériel, est l'acte instituant la règle juridique dont les caractéristiques sont l'abstraction, la généralité et la permanence. La loi s'impose au juge qui est chargé de l'appliquer. La loi, au sens matériel englobe les décrets qui instituent des règles juridiques que l'on appelle décrets réglementaires. L'existence de différentes variétés de textes constituant les lois matérielles pose bien évidemment le problème de leur hiérarchie. Il y a d'abord :

    – les lois constitutionnelles qui comprennent le préambule de la constitution et la déclaration des droits de l'homme à laquelle ils se réfèrent ;
    – les traités ;
    – les lois organiques ;
    – les lois ordinaires (et les ordonnances de l'article 38 de la constitution, lorsqu'elles ont été ratifiées par le parlement) ;
    – les décrets du Président de la République délibérés en Conseil des Ministres et les ordonnances de l'article 38 avant la ratification parlementaire ;
    – les décrets du premier ministre (décret en conseil d'État, décret pris sur l'avis obliga toire du conseil économique et social, décret nécessitant l'avis d'un organisme consultatif, décret simple) ;
    – les arrêtés.

    Dans la hiérarchie des normes, on n'inclut pas les circulaires qui ne s'imposent pas au juge. La hiérarchie des normes entraîne que la norme inférieure doit respecter la norme supérieure. Au terme de l'article 55 de la constitution, les traités sont supérieurs à la loi interne, comme par exemple la convention européenne des droits de l'homme.

    Les principes généraux du droit ne sont ni des lois ni des décrets, mais des règles dégagées par la jurisprudence, spécialement administratives et qui, dans la hiérarchie des normes, se situent à la même hauteur que la loi. La loi n'est donc pas subordonnée aux principes généraux. Le décret, même autonome, doit respecter ces principes. La règle selon laquelle le juge est tenu d'appliquer la loi sans pouvoir prétexter de son silence, de son obscurité ou de son insuffisance a bien évidemment pour corollaire le pouvoir et l'obligation de l'interpréter.

    ____________________________

    De la loi morale. Historique de l'utilitarisme

    Des caractères de la loi morale

    Elle est absolue
    Elle est universelle
    Elle est obliga toire
    L'utilitarisme. Des doctrines utilitaires qui comparent les plaisirs quantitativement
    Cyrénaïques
    Epicuriens
    Bentham
    Il applique à la loi morale une méthode mathématique
    Il réintègre en morale les devoirs sociaux
    Des doctrines utilitaires qui comparent les plaisirs qualitativement
    Mill
    Spencer

    --------------------------------------------------------------------------------


    Lecture 57. De la loi morale. Historique de l'utilitarisme
    Nous avons expliqué quelles conditions sont nécessaires pour que nous soyons responsables, et responsables à perpétuité, de nos actions. Mais pour que la Responsabilité soit toute entière expliquée, il faut encore savoir quelle est cette autorité dont nous nous reconnaissons justiciables. Pour que nous soyons responsables, il faut qu'il y ait une règle à laquelle nous soyons tenus de nous conformer, et qui mesure le degré de notre responsabilité. Pour que nous soyons justiciables, il faut que nous le soyons envers une loi. Cette dernière condition de la responsabilité est une condition morale et non plus psychologique.

    Voyons, pour pouvoir déterminer quelle est cette loi, quels caractères elle doit présenter. Les philosophes sont généralement d'accord pour lui en reconnaître trois: elle doit être absolue, universelle, obliga toire.

    I. Absolue, c'est-à-dire qu'elle doit commander sans restriction. Les ordres ne sont pas relatifs à tel ou tel individu, mais à toute l'humanité. De plus, elle ne doit pas être relative à telle ou telle fin, mais être posée comme un absolu.

    II. Universelle. Ici se présente une difficulté. La loi morale, dit-on, n'est pas la même dans tous les temps et tous les pays. Il y a une grande différence entre la loi du sauvage et celle de l'homme civilisé. Elle n'est donc pas universelle. Cette objection montre seulement que la matière de la loi morale varie avec les époques et les pays, mais non cette loi elle-même. Il est vrai quand les hommes cherchent à définir la loi morale, ils ne s'entendent plus; mais tous n'en cherchent pas moins une loi universelle. Le sauvage considère sa morale comme devant être celle de tous et par conséquent les faits que l'on cite n'infirment pas l'universalité de la loi. Il en est en morale comme en logique: les hommes voient le devoir comme la vérité sous plusieurs aspects, mais il n'y en a pas moins une seule vérité comme une seule loi morale.

    III. Obliga toire. C'est-à-dire que la loi morale commande, et que celui à qui elle commande quelque chose est tenu d'obéir. Mais tandis que les choses soumises aux lois physiques ne peuvent se soustraire à ces lois, l'homme peut désobéir à la loi morale. C'est cette nécessité morale qui constitue l'obligation. Kant exprimait ce caractère en disant que la loi morale est impérative.



    --------------------------------------------------------------------------------

    Quelle est la loi qui satisfait à ces trois conditions?

    Beaucoup de philosophes ont répondu que cette loi n'était autre que l'intérêt et qu'elle nous commandait uniquement de faire ce qui nous est le plus avantageux. Tel est le principe de la morale utilitaire. Elle a été souvent remaniée et s'est élevée peu à peu de l'apologie des plaisirs les moins délicats jusqu'à l'appréciation des sentiments les plus élevés et les plus désintéressés.

    C'est l'Ecole cyrénaïque qui offre, nous semble-t-il, la première forme de la morale utilitaire. Aristippe recommande de ne tenir pour bien que le plaisir, et le plaisir immédiat, dût-il entraîner pour plus tard des douleurs. Le laisser-aller au plaisir est la seule condition pour le goûter.

    Epicure fit un pas de plus. Remarquant qu'après le plaisir venaient toujours des douleurs qui le dépassaient en intensité, il pensa que l'intérêt bien entendu était de renoncer à ces plaisirs. D'ailleurs, il y avait pour lui deux sortes de plaisirs: les premiers courts et intenses, qu'il nommait plaisirs en mouvement; les autres longs et plus faibles qu'il appelait plaisirs en repos. L'expérience établit que les premiers entraînent toujours après eux de grandes douleurs: ils bouleversent l'âme, en troublent l'équilibre. De là des maladies morales. Les seconds au contraire sont moins intenses, mais plus continus; ils n'exposent pas l'homme aux risques des plaisirs violents. L'instinct raisonné conseillera donc de les choisir de préférence aux autres. Or, où les trouve-t-on? Dans le travail, la méditation, la sobriété, l'étude de la philosophie. Voilà comment au nom de l'intérêt l'utilitarisme arrive déjà à recommander une vie vertueuse.

    Epicure, se fondant sur l'intérêt, parvenait donc à recommander une vie assez élevée. Mais sa méthode conservait bien de l'arbitraire. Il n'est pas facile de déterminer le degré d'intensité des plaisirs. Il n'aboutit en somme qu'à des maximes excellents, mais qui ne forment pas un système. C'est ce que lui reproche Bentham. Celui-ci se propose de chercher un critérium plus sûr, plus scientifique. C'est là le but de son arithmétique des plaisirs.

    De plus, Epicure recommandait à ses sectateurs de ne pas sortir d'eux-mêmes. La vie qu'il recommandait était sévère et assez élevée, mais égoïste dans ses principes comme dans ses conséquences: l'épicurien devait se désintéresser de la société des autres hommes, fuir les affaires publiques ainsi que les charges de la famille ou de l'amitié. Il devait vivre pour lui seul. En même temps qu'il veut fonder un utilitarisme plus scientifique, Bentham se préoccupe de réintégrer les sentiments altruistes dans la morale utilitaire. Voyons comment s'y est pris Bentham pour réaliser ces deux progrès.

    Quelque variables que soient les plaisirs et les peines, ils ne peuvent agir sur nous que par un certain nombre de caractères déterminés. Considérons un plaisir ou une peine. La valeur dépendra de quatre conditions: Intensité, durée, certitude, proximité. Mais ce n'est là que sa valeur intrinsèque. Si nous considérons un acte au point de vue de ses conséquences pour nous et pour ceux qui nous entourent, nous déterminerons de nouveaux caractères des plaisirs et des peines. Alors, pour apprécier la bonté d'un acte, voici ce qu'il faut faire. Il faut examiner les plaisirs ou les peines qui en peuvent résulter, puis distinguer dans quelle mesure ces plaisirs ou ces peines présentent les caractères dont nous venons de parler. Cet examen fait, on dressera une liste des pertes et des gains probables et l'on se décidera en faveur du total le plus fort. La marche est lente, mais elle est sûre.

    Voici comment Bentham réalise le second progrès. Il montre, par la simple application de sa méthode, que les plaisirs les plus avantageux sont ceux qui ne concernent pas l'individu tout seul, ceux qui ne sont pas purement égoïstes. Il croit pouvoir démontrer que le plaisir est en raison directe du nombre de gens qu'il oblige de sorte qu'il arrive à recommander le dévouement au nom même de l'intérêt. Comme on le voit, toute cette partie de sa morale est animée d'un grand optimisme. Il croit que la meilleure manière de trouver notre plus grand plaisir, c'est de trouver le plus grand plaisir des autres parce qu'il y a une harmonie naturelle entre tous les intérêts humains.



    --------------------------------------------------------------------------------

    Bentham réintègre ainsi les devoirs sociaux dans la morale utilitaire. Stuart Mill a essayé de faire la même chose pour l'amour du bien et celui du vrai. "Jusqu'ici, dit-il, les utilitaires ont eu le tort de ne considérer dans les plaisirs que la quantité, non la qualité. Or celle-ci est bien distincte de la quantité. C'est elle qui fait que les uns sont supérieurs aux autres. Les plaisirs du goût sont bien plus vifs que ceux de la vue, et nous trouvons pourtant le plaisir de contempler une oeuvre d'art supérieur à celui de manger des mets délicats. Attachons-nous donc aux plaisirs qualitativement, et non quantitativement supérieurs. Il y a une espèce de dignité de certains plaisirs qui les rend préférables aux autres."

    Mais comment appliquer ce critérium; comment comparer la qualité des plaisirs? Pour savoir lequel est préférable de deux plaisirs, dit Mill, il faut s'adresser à ceux qui les ont éprouvés tous deux. Leur décision sera la bonne. Mais s'ils ne sont pas d'accord? Si les divers juges compétents diffèrent d'opinion? On va aux voix et l'on tiendra pour supérieur celui des deux plaisirs qui aura été déclaré tel par la majorité.

    M. Herbert Spencer a repris et rajeuni la doctrine de Mill. Ce qui le distingue de celui-ci, c'est comme il le dit lui-même, moins une différence de doctrine que de méthode. Il reproche à son prédécesseur de procéder d'une manière trop empirique. Il voudrait que la comparaison qualitative des plaisirs se fît d'une manière plus scientifique, que l'on montrât pourquoi tel plaisir était supérieur à tel autre. Voici comment il concevrait alors la morale utilitaire: la nature de l'homme étant connue, on en déduirait le genre de vie qui doit mener au bonheur: "il appartient à la loi morale de déduire des lois de la vie et des conditions de l'existence quels sont les actes qui tendent à produire le bonheur, et quels sont ceux qui produisent le malheur. Cela fait, ces déductions doivent être reconnus comme lois de la conduite, et l'on doit s'y conformer" (Lettre à Stuart Mill). Au lieu de procéder empiriquement, Spencer cherche à procéder avec méthode, comme dans les sciences physiques: il cherche quelles sont les causes propres à produire le bonheur.

    Tel est le développement qu'a reçu à travers l'histoire l'idée utilitaire.

    _______________
    J'espère que ces deux cours pourront t'éclairer
    Dernière modification par june 10/01/2004 à 23h50

  5. #5
    june Guest

    Par défaut

    petite précision:

    Lois civiles: On ne les opposera pas ici aux lois pénales, mais à une loi morale universelle, immuable et non écrite. Les lois civiles recouvrent dans ces lignes ce que l'on appelle le droit positif, c'est-à-dire tout le dispositif juridique - législatif et réglementaire - qui est celui d'un pays donné à un moment donné. Les lois civiles définissent le permis et le défendu, en vue de rendre possible un vivre-ensemble dans une société pluraliste.

    Loi morale: Au singulier, il s'agit de l'impératif qui interdit à l'homme certains comportements, non pas pour le seul motif que ces comportements seraient sanctionnés par le droit, mais parce qu'ils sont indignes de l'homme. Située bien en amont des lois civiles, la loi morale définit le bien et le mal, en commandant de faire le premier et de rejeter le second. Elle est universelle, immuable et transcende toutes les expressions écrites qui peuvent chercher à l'exprimer (règles déontologiques, avis des divers comités d'éthique, etc.). C'est, pour les juifs et les chrétiens, le registre du Décalogue et, pour beaucoup de nos contemporains, celui des Droits de l'Homme.


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