La fragilité d'un "moi", sa trop grande sensibilité , est-ce un atout ou un boulet pour tenter une démarche philosophique?

Voici quelques lignes écrites après quatre cent pages qui se voulaient volontaires et optimistes:

"Nous allons tous notre chemin chacun dans notre folie et nous crions avec les mêmes mots nos désespoirs et nos amours qui sont également incompréhensibles.
Seul le hasard aide parfois à de véritables rencontres, mais tout le reste n'est que conventions, usages, habitudes grégaires dont on tire de la sagesse....
Je dégueule sur cette humanité avec Cioran et je m'en échappe aussitôt après avec Apollinaire, Groddeck,et Nietzsche, "icaresques" créatures qui ne se sont jamais résignées à subir!

Qui me dira, qui osera me dire : il y a un mode d'emploi de la vie? Au plus, un être meilleur que d'autres m'aidera à croire que nous sommes mis à l'épreuve et que tout cela n'est qu'apéritif; que je manque d'amour alors que je suis socialement mort d'avoir trop aimé les yeux et l'odeur de celle qui est encore inscrite en moi depuis presqu'un demi siècle et qui devait m'apporter la clé de l'eternité..
Le " je" et seul le "je" à un sens, le reste est suppositions!
Je lâche tout ce qui m'entoure comme j'avais déja laché tout ce que je rencontrais par hasard ou destination.
J'abandonne le jeu que je recommandais aux autres...On n'a jamais raison pour soi comme on n'est jamais prophète en son pays.
Après tout, il me reste l'idée consolante que je suis sans doute aussi veule que le dernier de ceux que je méprise pour leur choix du "mal" ou du "rien" faciles...Qu'ais-je de plus sinon quelques lectures , un peu de souffrance , une fois si peu influente qu'elle me laisse me décomposer.
Je rejoint ma schizophrénie et Cioran, sauf que je ne quitterai jamais cette petite lumière qui fait que je vais rire tout à l'heure, heureux quelques instants d'avoir oublié ma face cachée, celle qui se traine par terre comme une pute qu'est cette chair molle comme ce cerveau noyé de molécules étrangères comme la légion et qui fait "cameron" tous les jours quelque part quand je crois décider ou avoir un avis, ou une envie...."

Où est la "raison" qui me permettrait "objectivement" de philosopher, c'est à dire de théoriser, quand les "sens" sont aussi présents??

MERCI à qui s'arrétera deux secondes là dessus
amitiès
yves