La mesure nous est étrangère, avouons-le; ce qui nous excite, c'est l'attrait de l'infini de la démesure
Bonjour à tous les deux Obeslot et Skippy.
Voilà ce que propose, pourquoi pas pour une amorce de débat.
Dans la phrase de Nietzsche, je choisis deux termes, arbitrairement:
avouons le et le verbe exciter.
= pour ce qui est de avouons le, cela semble suggérer que nous le savons bien et que nous avons honte de le faire paraître à nos propres yeux et aux yeux d'autrui. Mais qu'il y a honte, et peut-être sentiment de la faute ou même remords, c'est qu'il y a un idéal dont nous avons conscience et sans lequel l'aveu ne serait pas un aveu. Dans ces conditions, avouons le pose un idéal qui nous habite selon lequel la mesure ou la tempérance serait un devoir: dans une certaine mesure c'est assez difficile de dire qu'elle nous est étrangère et qu'en même temps cela peut être un aveu. De quel droit réduirait-on la vérité à la démesure si cette réduction était un aveu.
exciter = n'ayons pas peur de le dire, exciter c'est provoquer un mouvement en réaction: on dirait "allumer".
attrait de l'infini l'expression peut avoir deux sens:
ou bien l'attrait du plaisir, de ce qui ne s'arrête jamais, de ce qui invite à une fuite dans la fuite comme celle de Dom Juan: c'est le mauvais infini du désir.
Mais il y a aussi l'attrait de l'illimité, de la perfection, de l'infini au sens du transcendant.
Or, la mesure, pour échapper au quantitatif et à sa relativité (l'homme est la mesure de toute chose) doit être ouverture au transcendant, à l'illimité, à l'Infini.)
Dans Femmes damnées, Baudelaire écrit:
"Faites votre destin femmes désordonnées et fuyez l'infini que vous portez en vous."
C'est alors très difficile de dire que la mesure comme ouverture au transcendant nous est étrangère.
Le débat s'instaure donc à partir de l'alternative: l'homme est-il la mesure de toute chose ou est-ce la divinité qui est la mesure de toute chose comme Platon l'affirme dans Les Lois, à la fin de sa
vie probablement.
L'attrait de la démesure nous excite peut-être, dans le toujours plus et le toujours plus jouir mais c'est pour nous
entraîner à remplir des tonneaux percés ("la chair est triste hélas et j'ai lu tous les livres" Mallarmé, Brise marine).
Si la mesure est nécessairement relation à une transcendance c'est qu'elle est qualitative. Sans la relation à la transcendance une mesure ne peut être que quantitative et relative à l'étalon choisi arbitrairement ou à l'individu etc... On ne sait pas ce qu'on mesure.
J'ajoute que le sujet est excellent.
à suivre ?
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