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Discussion: existe-t-il une nation européenne ??

  1. #1
    lejiji777 Guest

    Par défaut existe-t-il une nation européenne ??

    j'aurai aimer des précisions sur ce sujet...merci ! :-)

  2. #2
    fripounet Guest

    Par défaut c pas un sujet de philo

    Vers une nation européenne


    "La politique européenne est plus qu'un devoir, c'est notre raison d'être, nous l'avons tous dans le sang."
    "L'Europe est un droit. L'Europe est là pour tous les Européens. Mais l'Europe n'est pas encore achevée, loin de là. Nous avons encore beaucoup de travail devant nous pour y parvenir."
    Otto de Habsbourg-Lorraine

    Les leçons de deux guerres qui ont meurtri l'Europe et l'ont amputée d'une part de son identité au siècle dernier sont tirées : le construction d'un espace de liberté et de paix avance. Notre continent s'accepte enfin aujourd'hui tel qu'il est : divers. Mais nous nous reconnaissons aussi un héritage historique et culturel commun.
    Les Etats ne peuvent plus répondre seuls aux enjeux d'un monde marqué par la prééminence sans précédent de l'hyperpuissance américaine et le mouvement de mondialisation des échanges. Il leur faut s'exprimer ensemble, de façon à former une entité ayant la taille critique pour peser sur les choix du monde et le rendre plus démocratique et vivable (oui, vivable !). Nous devons arriver à construire cette entité en dépassant son caractère strictement économique, tout en refusant l'uniformisation que nous impose le seul point de vue marchand défendu par les tenants de la mondialisation actuelle.
    L'Europe, tel est le nom de cette entité. Une Europe élargie, fédérale et citoyenne, que je vais ici défendre de manière inégale, je le sais, et iconoclaste, je le crains.

    Réussir l'élargissement : un devoir historique

    Oui, l'élargissement de l'Union Européenne prévu pour le 1er mai 2004 est bancal : il entraînera à coup sûr une crise institutionnelle et budgétaire. Institutionnelle, parce que l'on ne gère pas l'Union à 25 selon un dispositif prévu pour 6 états en 1957, avec une règle de l'unanimité qui s'avère déjà inopérante à 15 et une présidence tournante qui est surtout l'occasion pour le pays qui l'assume de pouvoir organiser tous les sept ans et demie un sommet dont personne ne repart satisfait. Budgétaire du fait de l'impossibilité de trouver un accord sur la réforme des grandes politiques de l'Union, au premier rang desquelles la politique agricole commune (PAC), que les uns (la France par exemple) veulent maintenir en l'état parce qu'ils en sont bénéficiaires nets, et que les autres veulent changer parce qu'ils en sont contributeurs nets (parmi lesquels les Britanniques). A-t-on jusqu'alors entendu les représentants des grands états de l'Union évoquer l'arrivée de plus de 5 millions d'agriculteurs des 10 nouveaux pays membres ? Qui s'est offusqué du montant de l'aide que toucheront les agriculteurs des pays candidats, égal au quart de ce que touchent nos agriculteurs ? Aucun de nos représentants, jusque dans les propres rangs de notre parti.
    Elargissement bancal, mais inéluctable et nécessaire. Il est trop tard pour faire machine arrière, et attendre davantage alors que les pays qui nous rejoindront dans un an et demi frappent à notre porte depuis près de dix ans serait méprisant à leur égard et constituerait une faute historique. Rappelons-nous que la Grèce est entrée dans la CEE 8 ans après la chute des Colonels, l'Espagne 10 ans après la mort de Franco, le Portugal 12 ans après la Révolution des Œillets. Délai que l'on ne jugeait pas si court que cela à l'époque, et qui s'est montré suffisant pour permettre à ces 3 pays de devenir de vraies démocraties et d'adapter leurs structures économiques aux exigences communautaires. Nos amis tchèques, hongrois, slovaques, slovènes, polonais ou baltes ont consenti les mêmes efforts que les Espagnols, les Grecs et les Portugais. Ils vivent dans des pays démocratiques et ont dû passer en un temps record d'une économie collective à une économie de marché.
    A l'heure où, las d'attendre d'entrer dans une Union Européenne qui ne fait pas montre d'un vibrant enthousiasme, les peuples d'Europe centrale et orientale se tournent vers l'autre rive de l'Atlantique, nous devons les accueillir fraternellement : l'Europe sans eux n'est pas l'Europe, elle ne restera qu'une œuvre inachevée, un tableau déchiré. Et c'est faute d'avoir su et voulu réformer le fonctionnement de l'Union que les 15 exposent l'Europe de demain à de graves problèmes internes : ne faisons pas payer le prix de notre incurie à des pays qui n'en sont pas responsables, et cherchons plutôt à construire avec eux une Europe fédérale et citoyenne.

    L'Europe fédérale ou la primauté attendue de la sphère politique

    Le décalage entre la sphère économique, mondialisée, et la sphère politique, qui peine à sortir des cadres nationaux, est tout aussi criant que compréhensible. Les capitaux sont plus faciles à manier que les idées, le capitalisme ignore les différences culturelles alors que la démocratie les confronte. Le système économique dans lequel nous vivons est livré à lui-même et présente de plus en plus les traits d'un totalitarisme dont l'idéologie est l'argent et dont les thuriféraires sont ceux qui, au nom de cette idéologie, nient les droits sociaux, l'environnement ou le patrimoine culturel. Et nous lui laissons le champ libre car nos Etats sont depuis longtemps trop faibles pour ne serait-ce que l'encadrer, le réguler. L'Europe, pas celle qui impose le calibre des olives picardes ou des betteraves grecques, mais le projet politique commun qui doit émerger au plus vite et au mieux, a seule la taille critique permettant à ses Etats unis (hélas sans trait d'union pour l'instant) de peser dans les discussions commerciales et de faire pièce au dangereux unilatéralisme américain, qu'il soit économique, diplomatique, social ou culturel. Seule une action à l'échelle de l'Union peut aussi mener l'ensemble de ses membres vers un haut niveau de développement, par une idée que d'aucuns trouvent désuète, mais à laquelle aucune alternative crédible n'a été substituée : la redistribution des richesses, en direction des hommes comme des territoires, qu'elle prenne forme en tant que politique de protection sociale ou qu'aide aux projets de développement. Le nouvel universalisme, dépourvu de tout messianisme, que nous attendons, en faveur d'un monde plus harmonieux et pacifique, seule l'Europe est en mesure de le porter.
    Il lui faut pour cela, naturellement, une structuration politique aboutissant à la formation d'un véritable Etat fédéral (à long terme). Celle-ci ne peut être fondée que par la double souveraineté que Robert Badinter évoque dans son projet de constitution : souveraineté des Etats, souveraineté des peuples. A l'architecture institutionnelle audacieuse, juste et complexe prônée par le bourreau de la peine de mort, qui prévoit un système bi-gouvernemental, il faut, si l'on veut créer quelque chose qui fonctionne tout en étant compréhensible par les Européens – condition sine qua non de leur adhésion à un régime – préférer un ordonnancement simplifié. Un régime européen ne saurait être que parlementaire et primo-ministériel, c'est la tradition historique de notre continent qui l'a inventé. Le Parlement serait bien entendu bicaméral. Une chambre représenterait les gens, désignée au même moment, selon le même mode de scrutin (1) et d'après les mêmes règles, par les électeurs de l'Union dans leurs Etats respectifs et dont les membres (pas plus de 500, halte à l'inflation élective !) seraient répartis au prorata de la population desdits Etats. Le Premier Ministre serait désigné au sein de sa majorité. La seconde chambre représenterait les Etats, et chaque Etat devrait y peser le même poids, un peu comme au Sénat américain (2). Elle remplirait n'aurait aucune prééminence par rapport à la première chambre, mais permettrait de mieux prendre en compte la volonté des Etats.
    Le Gouvernement serait lui aussi doublement structuré, sous la présidence unique du Premier Ministre. Auraient rang de ministres de plein exercice les seuls ministres dont le champ d'intervention relève d'un domaine de compétence strictement européen (on aurait dit "communautaire" jadis…) : Affaires étrangères, Défense, Budget, Commerce etc. D'autres membres du Gouvernement joueraient davantage un rôle de coordination des politiques des différents Etats pour ce qui concerne les domaines partagés (Education, Culture, Sécurité, Justice, Territoires…), et recevraient en cela l'aide de la seconde chambre du Parlement. L'Union serait en outre dotée d'un Chef d'Etat élu par les deux chambres, qui jouerait un rôle d'autorité morale, à l'image du chef de l'Etat allemand, autrichien, belge, britannique, danois, espagnol, finlandais, luxembourgeois, néerlandais, portugais ou suédois (sous une forme républicaine et laïque, cela va de soi).
    C'est la souveraineté des gens, et non des Etats, qui primera. Or elle ne saurait se décliner sous une forme uniquement institutionnelle et constitutionnelle : l'Europe doit être l'Union des Européens autant que l'Union Européenne.

    L'Europe citoyenne : un idéal démocratique pour la gauche

    Si l'Europe n'a jamais connu d'union politique jusqu'alors, elle a culturellement formé, au Moyen-Age, une entité fondée sur les savoirs et leur échange. L'Europe des clercs, des étudiants qui parcouraient le continent d'université en université, est en train de renaître peu à peu avec Erasmus, débarrassée de son contenu spirituel et élitiste mais forte d'une symbolique historique. L'Europe des artistes de la Renaissance, celle des penseurs des Lumières, c'est celle des étudiants et des chercheurs d'aujourd'hui : un espace où la mobilité ouvre l'esprit, où l'on est partout dépaysé et partout chez soi. Il faut encourager cet esprit dans tous les domaines et pour toutes celles et tous ceux qui vivent en Europe et pousser à l'ouverture des consciences à l'unité dans la diversité, marque de notre continent. Les échanges universitaires et lycéens sont trop peu nombreux, des barrières existent encore quant à l'exercice de certaines professions, notamment dans la fonction publique civile, qu'il est nécessaire de faire sauter. Trop de décalages subsistent entre les niveaux de vie et de protection sociale, qui freinent la mobilité. Après avoir ouvert les frontières politiques, le grand chantier est de faire sauter les barrières mentales, préalable indispensable à l'avènement d'une citoyenneté européenne qui tienne ailleurs que sur un passeport.
    C'est une tâche ardue et noble que d'unir des centaines de millions d'individus au-delà de leurs différences linguistiques ou de leurs différends historiques ; c'est un défi qui peut être relevé si les forces vives de l'Union montrent le chemin. Notre identité de socialistes, internationaliste, nous place devant une mission historique : faire de l'Europe un espace supranational d'expression politique unique. Les partis politiques et les syndicats doivent parler au niveau européen. Il n'existe pas aujourd'hui de véritable plate-forme commune, ne serait-ce que pour les élections européennes, aux partis socialistes européens ; le PSE est une coquille vide. Mettre à plat nos divergences, entre Britanniques et Français par exemple, et construire un projet continental commun, donnerait du poids aux idées que nous portons. "Socialistes de tous les pays, unissez-vous !", comme le titrait une tribune publiée le 28 octobre dans Le Monde par trois de nos camarades. Un Parti Socialiste Européen doit naître et remplacer le fantomatique Parti des Socialistes Européens. Les revendications syndicales seraient mieux entendues si elles étaient communes aux travailleurs de tous les pays. La lutte contre la mondialisation marchande se ferait à armes plus égales si nous portions, nous, forces de gauche, notre discours au même niveau géographique que nos adversaires. Et le cadre de pensée européen se diffuserait plus vite chez nos concitoyens si nous avions l'audace de nous y hisser. "Foule esclave, debout ! debout ! Le monde va changer de base".

    Les Etats-nations qui constituent l'Europe ont mis des siècles à se construire, certains parmi les plus importants comme l'Allemagne et l'Italie n'ayant même pas 150 ans d'existence ! La construction de l'Europe politique, au regard de ce processus historique, sera elle-même longue.
    Il est donc impératif d'œuvrer ensemble, dès aujourd'hui, pour qu'elle aboutisse un jour. La Convention sur l'avenir de l'Europe répond, malgré ses imperfections et son faible écho, à l'attente de nombreux citoyens européens de voir le débat sur l'union politique porté sur la scène publique. C'est le débat le plus important de ce début de 21ème siècle, et gageons qu'il se poursuivra bien après que la Convention aura remis ses conclusions. Nous devons l'alimenter et le vulgariser, populariser l'Europe politique, fédérale et citoyenne, notre nouvel horizon désormais.
    Mieux : nous avons la chance de pouvoir offrir au monde une nation d'un type radicalement nouveau, fondée sur une culture commune et le respect de sa diversité. Sur l'adhésion à un projet et non le sang, celui qui coule dans nos veines et celui qu'on verse. Sur l'universalisme et non sur ce qui nous sépare des autres. La nation européenne.

    salut

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