Bonjour.
Voici quelques remarques d'un professeur qui a souvent collaboré avec des débutants.
Très vite, vous trouverez votre propre style et ce sera le meilleur.
Pour la préparation des cours, vous pouvez chaque fois que vous êtes "sec" utiliser les ressources de philagora qui ont été plusieurs fois recommandées aux professeurs débutants en particulier par le CNDP.
Sans vouloir vous faire peur, tout se joue dans les premiers contacts. Les élèves apprécient, par exemple, une structure écrite au tableau, que vous parliez lentement, sans hésiter à dicter de temps en temps quelques brèves synthèses.
Il ne faut jamais perdre de vue que la plupart attendent un cours et qu'il faut donc, au début du moins qu'ils aient l'impression d'avoir un cours. L'idéal est de les solliciter sans cesse pour qu'ils découvrent par eux mêmes, qu'ils comprennent et pour cela les questions sont nécessaires.
Les questions (amorce) doivent être intéressantes. Par exemple, l'amour peut-il durer? ou encore, peut-on savoir si on aime? ou encore, comment savoir si on est aimé? etc.
A vous d'orienter le questionnement vers les éléments que vous voulez donner, à un moment où vous allez sentir une attention à ce que vous dites.
La prise de contact pour chaque cours est importante. Utilisez le phénomène d'induction, souriez, comme si vous étiez content de les revoir et d'ailleurs, bien vite vous serez content de les revoir: vous allez penser ensemble.
De temps en temps vous pouvez demander: est-ce que j'ai employé un mot qui mérite d'être défini?
Imposez vous, même si ce que vous dites vous semble passionnant, de faire de fréquentes pauses, soit pour les interroger sans en avoir l'air, sur ce que vous venez de dire, soit pour envoyer un exemple drôle. Ils ont besoin de détente, mais c'est à vous d'organiser la détente. Ils comprendront vite que c'est vous qui dirigez.
Je ne suis pas partisan de mélanger le cours ou du moins la vision du programme avec la discussion car vous n'avancerez pas. Réservez, par exemple, un temps par semaine, pour un débat sur un thème choisi une semaine à l'avance.
Il peut très bien être mené par un élève qui gère les prises de parole. Assis parmi vos élèves, vous pourrez ainsi tout entendre et demander la parole (rassurez-vous des élèves vous interrogerons, beaucoup plus qu'en cours! et écouteront votre réponse). Puisque vous avez fait des café-philo, vous savez très bien que cela peut "déraper".
Avant de commencer un débat, il faut donc poser des limites et tomber d'accord sur la confidentialité de ce qui sera échangé.
Une autre règle, c'est de dire que si on parle des absents, on devra s'arranger pour leur redire ce qu'on a dit en leur absence.
Dans certaines classes on décide même de ne pas parler des absents. Ajoutons que le problème est de savoir: qui va choisir le thème? Là c'est vous qui déciderez. Je laissais choisir le thème et mes cheveux se sont parfois dressés sur la tête.
Quand ces débats réussissent, une véritable communauté se crée, des dialogues deviennent possibles et vous aurez très souvent la joie de voir que vos cours sont utilisés dans les débats.
Enfin j'ajouterais que l'abandon de la maïeutique (c'est toi qui le diras) a été trop radical. Je sais bien que des inspecteurs rappellent qu'ils faut les préparer à l'écrit, que dans une classe la maïeutique échoue toujours, mais je témoigne ici que mes meilleurs moments d'enseignement sont des moments où la maïeutique vit dans une classe.
Si vous avez la possibilité d'entrer dans le privé, vous serez considéré comme vos collègues certifiés ou agrégés. C'est très important. Je connais une personne qui vient de prendre un poste de professeur de philosophie avec un doctorat, elle est autodidacte comme vous. Et elle réussit très bien.
De toute façon, c'est un métier et une vocation qui vous sollicitera sans cesse à travailler. Vous passerez et vous réussirez des concours.
Je ne connais pas de bons manuels. J'espère que d'autres professeurs interviendront pour répondre à votre demande.
Cordialement
Joseph Llapasset
http://www.philagora.net
Sur un entretien aves Monsieur Besnier , dans la prestigieuse revue, Sciences et Avenir