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Discussion: idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique

  1. #11
    fifi3434 Guest

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    I) Introduction
    - Le thème de ce texte est l'idée d'un sens de l'histoire. Selon Kant, il existe des raisons objectives de supposer qu'un sens est à l'oeuvre dans l'histoire, lequel consisterait en un progrès, un développement de plus en plus accompli des potentialités humaines (" dispositions originelles ") qui sont la liberté et la raison Définition ici de la méthode qui permettra à Kant de réfléchir sur l’histoire humaine: au lieu de raconter la vie d’un héros, les péripéties d’une guerre, de se perdre dans des détails à la façon des historiens, il faut envisager la totalité de l’histoire de l’espèce humaine, pour y découvrir un mouvement d’ensemble et en esquisser un plan général. D’où le titre (Idée d’une histoire universelle…) : considérer l’histoire comme le devenir d’une espèce une et unique, et comme le progrès continu au cours des siècles, qui conduit peu à peu l’humanité vers sa plus haute perfection.

    II) Structure du texte

    1. " De quelque façon…dispositions originelles de cette espèce " : affirmation du caractère globalement déterminé des actions humaines, en tant qu'elles n'échappent pas aux lois de la nature. Position de la possibilité théorique d’une science humaine comme l’histoire : même humaine, l’histoire relève de la nature en tant que les événements y apparaissent comme des phénomènes.

    2. " Ainsi, les mariages…uniforme et ininterrompue " : exemple des régularités statistiques invitant à supposer un ordre par delà les caprices et l'arbitraire des volontés individuelles. Un ordre mais aussi une finalité, une direction. La causalité historique ne peut être recherchée au niveau de l’individu mais au niveau de l’espèce.

    3. " Les hommes, en tant qu'individus…pas davantage s'ils le connaissaient " : Kant énonce l'hypothèse d'un plan caché de la nature qu'on peut concevoir comme une progression de l'espèce humaine indépendante des fins conscientes des individus. Notion de ruse de la nature : les hommes concourent à la réalisation de la finalité de l’histoire sans le savoir.

    4. 2ème § : " Les hommes, dans leurs aspirations…plan déterminé de la nature " : Kant précise le statut purement hypothétique de cette idée d'un dessein que la nature aurait à l'intention de l'homme. Dualisme de la nature humaine : l'homme est écartelé entre son animalité et sa destination morale d'être raisonnable. L'homme comme être de passions. Telle est la source du mal dans l'histoire, de ce déroulement insensé et tragique, qui contraint le philosophe à chercher du côté de la nature ce qu'il ne trouve pas du côté de l'individu.

    5. " Nous voulons voir…cause universelle de la nature " (dernière partie) : Kant élargit son propos, en affirmant que l'idée d'un devenir sensé de l'espèce humaine doit être en même temps le fil conducteur que le philosophe propose à l'historien pour la rédaction de l'histoire empirique.

  2. #12
    fifi3434 Guest

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    III) Explication
    A) " De quelque façon…dispositions originelles de cette espèce " : Liberté métaphysique de l’homme et nécessité naturelle des actions humaines.


    1ère phrase



    - Kant pose ici une question essentielle : peut-on espérer que l'histoire comporte un certain ordre, qu'elle n'est pas le règne de l'absurde et du mal ? Les lois de la nature ont-elles des effets sur la vie sociale ou bien cessent-elles bizarrement de s'appliquer dès lors qu'il s'agit de l'homme ? La liberté humaine, autrement dit, n'est-elle qu'un synonyme pour l'arbitraire ?



    - Sens de la première phrase : quelle que sit notre conception de la liberté, que nous la jugions comme un phénomène empirique ou non, elle s'accompagne chez l'homme de la détermination d'une nature. L'homme appartient à deux mondes : au monde sensible en tant que phénomène, au monde suprasensible en tant que noumène. En tant qu'être de la nature, ses actions sont conditionnées et ont des causes. En tant qu'être raisonnable, il est une causalité libre et inconditionnée.



    - Kant commence ici par évoquer les deux difficultés qu'offre l'histoire : elle est le destin d'êtres libres qui décident eux-mêmes de leurs actions; cette liberté semble contraire à la régularité, à la conformité des événements à des lois, qui permet de les comprendre, de leur donner un sens. Par exemple, nous comprenons le mouvement des astres parce qu'en vertu du principe d'inertie, nous posons qu'il s'agit de corps non libres, sans spontanéité aucune qui leur permettrait d'accélérer ou de ralentir à leur guise.



    - La distinction des deux règnes auxquels appartient l'homme - monde sensible, monde suprasensible – implique une distinction entre la physique et la métaphysique : la question de savoir si l'homme est libre n'est pas du ressort de la physique, pas plus que celle de savoir si Dieu existe. Dès lors, il est possible de chercher à comprendre quelque chose aux actions des hommes comme êtres e la nature, sans pour autant nier leur liberté.



    - La thèse kantienne est essentielle : c’est elle qui ouvre la possibilité d’un savoir objectif de cette subjectivité qu’est l’homme. Accepter cette thèse, c’est ouvrir le champ de l’anthropologie (i. e. : de la connaissance de l’homme). Seule l’histoire intéresse Kant dans cet article : mais son geste dépasse la seule histoire pour fonder les sciences humaines.



    - Pour qu’une science soit possible en droit, il faut que son objet soit rationnel, c’est-à-dire obéisse à des lois universelles. La physique est une science parce que la nature est rationnelle : elle obéit à des lois et n’est pas régie par le simple hasard. Une science de l’homme n’est possible que pour autant que l’homme obéisse à des lois et ne soit pas soumis au simple hasard.

    - Ce début d’article va procéder à un coup de force :
    1) Les décisions de l’individu (et pas de l’homme en général) sont aléatoires
    2) la liberté peut bien être postulée au niveau individuel
    3) l’homme en tant qu’espèce n’en est pas moins objectivable (i. e. rationalisable).
    On obtient donc le résultat :
    il n’y a pas de science du sujet <=> il n’y a pas de science de l’individuel et 2) l’espèce est objet => il y a une science possible de l’espèce.


    - La science possible de l’espèce ne peut toutefois pas se traiter au niveau de la liberté, c’est-à-dire au niveau des intentions : c’est au niveau des faits qu’elle peut définir sa compétence. En tant qu’elles sont des faits, les actions humaines sont des événements naturels (= sont déterminées par “les lois universelles de la nature”). On peut s’autoriser à chercher dans les faits humains une causalité spécifique, des lois universelles propres. Nous ne sommes pas loin de la première règle de la méthode sociologique de Durkheim : “considérer les faits sociaux comme des choses”. Il s’agirait donc d’une décision méthodologique et non d’un constat scientifique.


    2ème phrase

    - La deuxième phrase énonce une deuxième difficulté : l'histoire est obscure, ses causes sont cachées, elle apparaît irrégulière. Kant propose un moyen de lever cette difficulté : il faut prendre du recul, considérer l'histoire dans ses " grandes lignes ", chercher un plan général par delà les événements et les individus particuliers. Référence au titre de l'ouvrage : pour découvrir une certaine régularité dans le cours irrégulier de l'histoire, nécessité de considérer l'histoire comme le devenir d'une unique espèce humaine.

    - Kant va montrer que l'on peut espérer qu'il y a dans l'histoire un ordre plutôt qu'un chaos. La marche d'ensemble de l'histoire est censée progresser, sous l'effet d'un dessein de la nature et non de la volonté des individus, vers une société composée de " citoyens raisonnables du monde " . Question : comment la nature toute seule peut-elle réaliser un but pareil sans l'intervention de la volonté des individus ? Kant n'apporte pas la réponse ici.

    - C’est en considérant l’espèce que l’on sera susceptible de trouver des régularités, c’est-à-dire des lois. En somme, les actions humaines font partie de la nature. Elles sont déterminées et peuvent être objet de connaissance. Il est possible d’établir des lois des comportements humains à condition de dégager leurs interactions réciproques. Les actions humaines sont les manifestations du développement de l’espèce, et l’individu n’est plus que l’agent involontaire de ce développement. L’histoire est comprise comme phylogenèse.

    B) " Ainsi, les mariages…uniforme et ininterrompue " : irrégularité des actions individuelles et régularité de l’histoire au niveau de l’espèce, l'exemple de la régularité démographique.


    - La démographie (Le mot n’apparaît qu’au milieu du XIX°) et le climat manifestent la pertinence de la thèse de Kant. Du point de vue de l’individu, les naissances apparaissent comme une libre décision du sujet : on ne doit donc pas être en mesure d’écrire une histoire de la natalité (l’arbitraire ou le caprice ne peut pas être objet de science). Mais globalement, il y a des constantes, de telle sorte que l’on peut espérer trouver des lois régulant les naissances. On peut donc trouver une loi là où c’est la liberté humaine qui décide; la considération d’une population entière, par exemple, permet de découvrir une loi générale, alors que la diversité des cas particuliers nous interdit de voir de l’ordre.

    - Buffon est l'auteur des premières tables statistiques, cherchant par la comparaison entre tables des naissances, mariages, décès, si l'on peut dégager des lois à partir des régularités dans la récurrence de ces événements, bien qu'ils dépendent en partie de l'arbitraire des hommes. La conclusion de ces études établissait qu'en dépit de l'intervention du caprice et de la volonté libre, il existait des régularités. Au XVIII° les enquêtes démographiques sont nombreuses


    · 1746 : Deparcieux publie un “Essai sur les probabilités de la vie humaine”.

    · 1778 : Maheau : “Recherches et considérations sur la population de France”.

    · Les mêmes études sont faites en Suède et en Allemagne : les statistiques répondent aux exigences de l’économie politique naissante.

    - Le choix de l’exemple n’est pas innocent : la natalité relève à la fois de la nature (instinct animal de reproduction) et de la liberté (choix d’avoir un enfant). Une science humaine n’est possible que parce qu’elle rencontre ce double registre. On doit pouvoir dégager des lois de ces statistiques.

    - Autre exemple : le climat. Ce deuxième exemple ajoute à l'idée d'ordre et de régularité, celle d'un sens et d'une finalité du devenir : le climat, en effet, outre sa remarquable constance en dépit des variations atmosphériques, contribue à la croissances des végétaux et des animaux. Tout se passe comme s'il existait une intention des phénomènes atmosphériques visant à la croissance de tel arbre. Les variations du temps paraissent désordonnées au jour le jour; le climat, au contraire, manifeste une constance remarquable. Les irrégularités du temps, par exemple, qui gênent un touriste en pays méditerranéen, apparaissent au géographe, qui les considère comme un tout, comme ce qui fait fructifier l'olivier.

    - La comparaison choisie par Kant est révélatrice du point de vue : l’inconstance du temps est assimilable à l’inconstance des hommes. Or un savoir scientifique doit être en mesure d’anticiper : comment anticiper le libre-arbitre (= arbitraire) ? Puisque les causes restent indécidables, il faut se contenter d’enregistrer les effets, et les effets, dans leur globalité, restent les mêmes.

    - Où Kant veut-il en venir avec cet exemple ? Que la régularité qu'on peut découvrir dans l'histoire universelle est inséparable de l'idée que l'espèce humaine, comme une autre espèce, se développe comme il convient à sa nature, au cours d'une histoire orientée, qui a un sens, tout comme un climat un sens. En météorologie, la régularité, l'ordre ont un sens : le climat, c'est le sens que nous accordons à une certaine combinaison de phénomènes naturels avant même d'en connaître le détail et le mécanisme parce que nous le voyons concourir à la présence d'un certain type de vie.

    - Il faut donc considérer l'humanité universelle, si on veut espérer percevoir un sens dans l'histoire. L'espèce humaine doit être pensée comme totalité dans son unité, sans égard aux parties (groupes, nations, peuples) qui y introduisent des discontinuités, comme un développement continu au cours des siècles, à travers les générations. Embrasser donc du regard le destin de l'humanité entière partout et toujours.

  3. #13
    fifi3434 Guest

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    Explication (suite)
    C) " Les hommes, en tant qu'individus…pas davantage s'ils le connaissaient " : finalité naturelle et dessein de la nature dans l’histoire.

    - Troisième moment du texte : idée d'une sorte de ruse de la nature. Les hommes concourent à une fin sans le savoir ni le vouloir. Ils y concourent en tant qu’espèce et non en tant qu’agents libres. Poussé par leur égoïsme, leurs intérêts, leur ambition, leurs passions privées, les individus sont bien loin de viser l'intérêt de leur espèce. L'hypothèse de Kant est audacieuse : au moment même où chacun se détermine en fonction de son intérêt particulier, sans souci de l'avenir des hommes, chacun contribue sans le savoir, malgré soi, par son propre égoïsme justement, au progrès de l'espèce.

    - Il n’y a donc pas identité entre le but consciemment voulu par un individu et le résultat objectif de son acte. L’histoire a pour objet ultime de découvrir que l’ensemble des événements qu’elle retrace concourt, à l’insu même de leurs auteurs, au développement des dispositions originelles de la nature humaine. Les hommes font l’histoire, mais à leur insu. Ils sont comme la matière que la nature utilise pour se réaliser. Peu leur importerait de connaître ce but qu’ils réalisent sans le savoir : ce n’est pas la fin de l’espèce qui peut constituer une motivation pour l’individu - d’autant que chaque génération se sacrifie pour la suivante (proposition 3) et que ce sacrifice ne peut constituer un but individuel.

    D) 2ème paragraphe (" Les hommes, dans leurs aspirations…plan déterminé de la nature ") : les hommes : ni animaux, ni citoyens raisonnables du monde

    - Le 2ème paragraphe rappelle que si l’histoire est une tragédie, il faut chercher à comprendre la cause du désordre des choses humaines. Les actions humaines ne peuvent être assimilées ni au comportement aveugle et prédéterminé de l'animal (exemple des abeilles et des castors), dotés par la nature d'un instinct infaillible, ni à la conduite d'êtres supérieurs, raisonnables. Kant précise que notre espèce est " si infatuée de ses supériorités " : elle a l'idée de qu'est une conduite raisonnable, elle fait la différence entre l'homme et l'animal, elle est raisonnable en puissance, mais pas en fait. L'homme paraît ainsi une étrange espèce, dépourvue d'instincts sûrs, dont la singularité est de posséder une qualité trop supérieure pour lui. La raison : un idéal trop difficile à pratiquer, à assumer. L'homme est en quelque sorte trop fini pour la raison qui l'habite.

    - Raison : destination éthico-politique, vocation à être un citoyen raisonnable du monde. Les hommes n'agissent pas comme des citoyens raisonnables du monde. Il leur manque le temps : à l'échelle d'une vie humaine, les possibilités inscrites dans la liberté et la raison sont trop grandes, trop extraordinaires pour que la durée de l'existence d'un individu fini y suffise.


    - La difficulté de comprendre l’histoire est donc liée à la nature de l’homme (l’histoire n’est qu’un secteur de l’anthropologie). L’homme est animal rationnel, c’est-à-dire ni totalement animal ni totalement rationnel. Les problèmes de méthode découlent de cette dualité : - s’il n’était qu’animal : l’étude du devenir de l’espèce relèverait de la biologie. Mais le problème réside dans l’interférence entre animalité et rationalité : les passions. L’homme est essentiellement un être de passions, c’est-à-dire un être dont la raison est toujours motivée par de l’irrationnel (désir). D’où la difficulté méthodologique pour étudier son devenir.

    - Les hommes se conduisent comme des enfants. Les guerres et les conflits multiples sembleraient pouvoir être évités si les hommes ne se conduisaient pas de façon si puérile. C’est là un thème récurrent chez Kant. Dans l’article contemporain “Qu’est-ce que les lumières ?”, il a l’exhortation suivante : “aie le courage de te servir de ton propre entendement !”, c’est-à-dire “Sois adulte ! Sors de l’enfance !”.

    - Le dessein de la nature est la solution méthodologique à l’impossibilité de choisir entre la nature instinctive et la nature rationnelle de l’homme. C’est en même temps l’explication de la puérilité humaine. L’exaspération ne conduit plus à la misanthropie mais à l’optimisme : l’espèce est en devenir, et ce devenir est le développement lent et progressif de la raison. L’espèce est d’abord dans l’enfance, avant de conquérir peu à peu la sagesse de l’âge adulte.

    - L’hypothèse d’un dessein de la nature est la seule solution pour trouver un ordre derrière l’apparent désordre des affaires humaines. Faute de l’existence d’un tel dessein, l’histoire humaine serait dépourvue de sens. L’idée d’un progrès de l’espèce humaine, voulu par la nature, et non par les hommes, est la seule qui puisse nous faire découvrir un ordre dans le désordre de l’histoire, et qui nous permette d’espérer.

    - A noter que l'humanité n'est pas le nom d'une espèce animale, mais le nom de l'idéal moral à réaliser par les hommes; elle a le statut d'une valeur qui oriente l'histoire, lui confère la direction d'un progrès. L'homme n'a que des germes de liberté et de raison, il est à éduquer. A la différence des abeilles et des castors, l'homme ne saurait avoir une histoire prédéterminée, répétitive. L'histoire humaine est une aventure de la liberté qui comporte arrachements, déceptions, efforts, échecs, espoirs. Tout se passe comme si les hommes avaient quelque chose à faire, un destin à assumer qui les dépasse.

    - Kant est sans illusion sur la méchanceté des hommes : pessimisme anthropologique qui se traduit par le constat de la folie destructrice des hommes. Perspective qui évite deux écueils : l'optimisme béat, utopique, fréquent chez les hommes des Lumières (les progrès des sciences, des techniques, de la raison est apte à favoriser le bonheur et la moralité); le pessimisme radical prôné à l'époque par les penseurs réactionnaires et contre-révolutionnaires : Joseph de Maistre, Edmund Burke. Ces penseurs pessimistes s'autorisent des folies de l'histoire pour rejeter la confiance dans les confiances de l'humaine raison et ne compter que sur la tradition et Dieu; l'idée d'humanité universelle est rejetée (impact égalitaire de cette idée qui menace les privilèges !). Mise en question parallèle de l'idée d'humanité et de la valeur de la raison et du progrès.

    - Cette mise en question n'était pas le seul fait des théoriciens réactionnaires. Herder, théoricien du Sturm und Drang, revendique un irrationalisme, la puissance des forces obscures, la supériorité des traditions, des sentiments, de la foi sur la raison. Ce n'est pas l'idéal d'humanité qui soude les sociétés mais les liens affectifs qui ont façonné les peuples depuis la nuit des temps. Chaque peuple a son histoire, chacun a sa vision du monde, son propre progrès. Herder pose les bases du relativisme historique qui allait trouver large écho dans l'apologie de " l'esprit des peuples " cher au romantisme, aux nationalismes et, de nos jours, d ans toutes les formes de pensée qui mettent en avant la reconnaissance de la différence – culturalisme, écologie, idéologies tiers-mondistes des décennies 60-70, etc.

    - Kant s'oppose donc à la fois à un optimisme facile, qui néglige le mal inhérent à la nature humaine finie, et le pessimisme des réactionnaires. Kant a trouvé chez Rousseau le fier principe de la liberté présent en tout homme, lequel principe invite à ne pas désespérer de l'homme. Mais, à la différence de Rousseau, Kant compte sur l'espèce, et non sur la volonté des individus passant le contrat social, pour faire progresser la justice et conduire les individus à devenir des individus raisonnables.

  4. #14
    fifi3434 Guest

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    explications (suite)

    E) " Nous voulons voir…cause universelle de la nature " (dernière partie) : Folie des hommes et jugement optimiste du philosophe sur leur histoire.

    - Interrogation ici du statut de cette notion de dessein de la nature. Il s'agit de l'idée d'un devenir sensé de l'espèce humaine, d'un fil conducteur que le philosophe propose à l'historien pour la rédaction de l'histoire. Non seulement pour qu'on puisse écrire l'histoire en fonction de cette idée directrice, mais surtout afin que les hommes, devenant conscients de ce qui agit à leur insu, puissent collaborer librement au dessein de la nature.

    - Ce fil conducteur est un principe de méthode générateur de sens, et non de vérité objective. Kant n'affirme pas qu'il existe objectivement une telle finalité; il prétend que nous avons besoin d'en former l'idée pour penser notre histoire.

    - Kant utilise dans le texte le terme " puéril ". Dans Qu'est-ce que les Lumières ?, paru la même année qu'Idée d'une histoire…, Kant définit l'adulte comme celui qui est capable de disposer librement de sa raison. Devenir adulte serait, pour l'homme, comprendre le travail de la nature qui agit en lui malgré lui et y collaborer au lieu de le freiner. Comme il le souligne dans un autre texte (Projet de paix perpétuelle), et dans la suite des propositions, cette collaboration se marquerait notamment par l'établissement de conditions politiques d'une paix durable. En effet, la soif de destruction est le témoignage le plus dégradant de l'immaturité de l'homme.

    - De quel côté ce sens de l'histoire voulu par la nature ? Du côté de l'analogie de la finalité morale avec la finalité naturelle : si la nature a pourvu l'abeille et le castor d'instincts, à plus forte raison doit-on considérer l'espèce humaine comme bien pourvue par la nature en dépit de son dénuement singulier. Idée qui sera développée par la suite que la nature ne fait rien en vain. Lorsqu'on suppose que la nature a intentionnellement pourvu l'homme à sa naissance de la seule raison et de la seule liberté afin qu'il ait tout à tirer de lui-même, on peut supposer également que la nature l'a pourvu de moyens " naturels " aptes à favoriser se finalité morale. Ces moyens, ce sont les passions antagonistes (Kant parlera plus loin de l'insociable sociabilité) qui doivent préparer le terrain à la liberté en forçant les hommes à s'organiser égoïstement pour vivre ensemble.

    - En somme, c'est dans sa propre nature que l'homme doit trouver les moyens de dominer sa nature finie et de faire régner la raison.

  5. #15
    fifi3434 Guest

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    Pour aller plus loin voici les questions de compréhension que ton prof aurait pu de donner

    Questions de compréhension : 1ère et 2ème propositions

    a) Pourquoi faut-il admettre une finalité dans la nature en général et dans les dispositions naturelles de l’homme en particulier ?


    - Afin de répondre à l’exigence théorique de la raison, qui, est de postuler une unité intégrale de la connaissance, de sorte que celle-ci n’apparaisse pas comme un simple agrégat accidentel mais comme un système lié suivant des lois nécessaires. La finalité de la nature est un postulat dont la conséquence est la considération de la nature comme un tout organisé excluant le hasard.

    - Dès lors, il convient d’admettre une finalité dans les dispositions naturelles de l’homme. En pensant la nature comme étant organisée de manière systématique, nous la pensons en même temps comme étant le produit d’une raison supérieure, d’une raison divine, qui lui prescrit a priori ses lois. En somme, le principe d’une organisation systématique et téléologique est valable pour toutes les espèces, l’homme y compris.

    b) Qu’est-ce qui oppose l’individu à l’espèce ?


    - L’individu et l’espèce s’opposent du point de vue de leur destination. L’individu n’a pas de destination ; la destination de l’homme est celle de l’espèce. C’est en tant qu’espèce animale que l’homme peut être considéré comme connaissant un développement finalisé. L’individu est mortel, à la différence de l’espèce, qui est immortelle ; il ne saurait donc atteindre dans le temps d’une vie l’achèvement du développement des dispositions naturelles de l’humanité, qui exige pour se déployer une série de générations

  6. #16
    fifi3434 Guest

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    I) Présentation générale des propositions 1, 2,3 :
    les fondements biologiques de l’histoire
    - Les propositions 1, 2 et 3 se consacrent principalement à la mise en place du concept de développement en tant qu’il est le mode d’existence historique de l’humanité : l’espèce humaine n’existe qu’en tant qu’elle devient. Kant se demande quelle est la finalité de la nature dans la production d’êtres doués de raison. Il tente de comprendre comment la nature, mécanisme aveugle et indifférent à la liberté, s’accorde avec la liberté. Il s’interroge donc sur les fondements biologiques de l’histoire. Il va monter que l’essence de l’humanité en tant qu’espèce est d’être perfectible, d’avoir à se développer. Dans la proposition 1, ce développement est posé selon le concept de but (le développement de tout être vivant a une fin); dans la proposition 2, selon celui d’espèce (dans le cas de l’homme, c’est dans l’espèce seulement que ce but est repérable); dans la proposition 3, selon celui d’effort (ce n’est pas l’instinct, mais l’effort qui préside au développement humain). Dans la 1ère proposition est donnée l’idée de développement naturel; dans la 2ème, celle de développement naturel humain; dans la 3ème, celle de développement historique culturel.

    - A travers l’étude de ces trois propositions, nous en profiterons pour aborder la question de la connaissance du vivant. Pour quelles raisons ? Ces 3 propositions se demandent quel rapport il y a entre histoire et biologie. L’homme est un vivant; l’histoire est celle du devenir de l’espèce.

    - Enjeux du texte : débat sur la spécificité du vivant et la position de Kant.

    - Trois modèles :

    a. Aristote : la finalité permet de comprendre le vivant. Mais ce modèle conceptuel est étendu à toute la nature (phusis : ce qui croît de soi-même).

    b. Descartes : le vivant relève du mécanisme comme le reste de la nature. L’organisme est assimilé à un automate (ce qui se meut de soi-même).

    c. Kant : le vivant n’est pas assimilable à une machine. Il y a une spécificité irréductible du vivant que la machine ne permet pas de penser.

  7. #17
    fifi3434 Guest

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    III) Arguments de la 1ère proposition :

    - La 1ère proposition se contente d’énoncer l’universalité du principe de finalité propre à l’étude du vivant. Le plan de la 1ère proposition est le suivant :

    Enoncé de la proposition :

    - Destination finale des dispositions naturelles.

    Développement :
    - Confirmation par l’observation des animaux.

    - Contre la désolation du hasard : la finalité comme principe d’un jugement rationnel sur la nature.

    ------------------------------

    - L’argumentation de cette 1ère proposition est la suivante :

    a. Axiome : tout ce qui est en puissance dans une créature doit devenir (un jour) en acte et réaliser une fin.

    b. Vérification de l’axiome : pas d’exception à cette règle chez les animaux. L’observation valide l’axiome.

    c. Raisonnement a contrario : et si on trouvait une exception ? L’axiome serait invalidé = le réel ne serait pas rationnel.

    - L’étude du vivant permet d’affirmer que rien n’est dû au hasard dans la nature. La nature ne fait rien en vain mais agit en fonction d’une finalité. Une disposition naturelle ne peut être comprise que par sa fin; comprendre un organe, c’est comprendre à quelle fonction il est destiné. Dans l’ordre de la vie, l’idée de finalité peut servir de fil conducteur pour la recherche. L’introduction de la finalité est justifiée par un besoin d’intelligibilité : la raison réclame un fil conducteur pour une compréhension d’ensemble de la nature. Le principe de finalité est un principe d’explication jugé plus rationnel que le simple recours à la contingence des êtres vivants.


    - De même, le principe de finalité s’applique à l’homme qui est d’abord un être de la nature. Mais l’expérience de l’histoire nous livre un agrégat de faits dispersés et sans lien, un tissu d’absurdités. La nature n’a - t - elle donc pas créé l’homme en vain ? Face à cette diversité, la raison a besoin d’une unité qui est exprimée dans l’idée d’un dessein de la nature à l’oeuvre dans l’histoire ; ce dessein donne un sens à l’histoire. Rôle régulateur de l’idée de finalité : l’idée d’une sagesse agissant dans une intention providentielle favorise une vision plus complète et plus complexe de l’expérience, incite à totaliser le champ des phénomènes, alors que l’idée de hasard multiplie la dispersion, insiste sur l’accidentel.

    - Il s’agit donc de voir dans quelle mesure l’histoire peut s’accorder avec la finalité naturelle. Exigence morale : penser que l’humanité n’existe pas en vain et est capable de réaliser sa destination morale.

  8. #18
    fifi3434 Guest

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    III) Commentaire: 2ème proposition

    - Cette 2ème proposition donne donc une définition de l’histoire : l’histoire est la transmission de l’acquis d’une génération à la génération suivante, de telle sorte que la raison se développe pleinement dans l’espèce. Le début de l’histoire, c’est la raison en puissance (comportement irrationnel de l’individu dans son rapport à autrui) ; la fin de l’histoire, c’est la raison en acte (comportement rationnel de l’homme animal politique).


    - La différence entre l’animal et l’homme se situe dans cette historicité de l’homme: l’animal se reproduit à l’identique alors l’homme transmet par l’éducation ce qu’il possède d’expérience. L’histoire est rendue possible par cette transmission


    - Pourquoi la raison a-t-elle besoin de plus temps que la vie d’un individu ? La raison a besoin d’apprentissage, d’essais, de tentatives, d’échecs. L’instinct sait tout ce qu’il doit savoir immédiatement : il en sait d’emblée plus que la raison, mais n’est pas capable de plus que ce qu’il possède d’emblée. C’est parce que la raison est plus maladroite qu’elle peut être plus adroite. L’instinct développe un programme qui ne se sait pas lui-même alors que la raison ne développe que ce qu’elle a posé elle-même comme projet : elle suppose la liberté.

    - Kant revient donc sur son geste inaugural : la liberté n’est pas vraiment hors du champ de l’histoire. C’est même parce que l’homme est libre que la raison ne peut pas se développer mécaniquement comme l’instinct. Et c’est parce qu’elle ne se développe pas mécaniquement qu’il faut faire appel à la téléologie. La raison est expérimentation libre. Elle procède par étapes de rationalisation : la vie d’un individu n’y suffit pas, il faut supposer la vie de l’espèce.
    - Kant anticipe des thèses qui ne seront développées que plus tard :

    a. La nature de l’homme réside dans sa culture : dire que l’homme est rationnel n’est pas dire que l’homme est raisonnable, mais que sa raison en puissance se développe dans la culture que chaque génération intériorise.

    b. L’histoire suppose le progrès. Mais ce progrès n’est pas tant un progrès intellectuel ou technique qu’un progrès dans les rapports civiques. C’est plus l’organisation de l’espèce qui se rationalise que l’individu en lui-même qui deviendrait plus intelligent. Mais s’assigner pour but le bien des générations futures ne risque-t-il pas de faire admettre trop facilement l’oppression dans la présent ? (beaucoup de despotes ont souvent prétendu fonder leur légitimité sur l’assurance que les efforts des hommes porteront leurs fruits seulement pour les générations ultérieures).

    - Pour Kant, il s’agit de l’idée d’un progrès à faire, progrès indéfini, qui ne cesse jamais : nous avons toujours à progresser parce qu’un homme sans aspiration est un homme mort; nous ne sommes pas réductibles à ce que nous sommes (nous pouvons toujours mieux faire) et pourtant, étant finis, il restera toujours à nous améliorer. La représentation de l’histoire comme progrès nous aide à ne pas désespérer de l’humanité, à nous donner espoir en l’avenir, et à nous apprendre à ne pas nous contenter de ce que l’histoire a fait de nous.

  9. #19
    fifi3434 Guest

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    TROISIEME PROPOSITION
    Questions de compréhension : 3ème proposition
    a) Comment la troisième proposition est-elle liée à la précédente ?

    b) Dans quelle mesure le dénuement de l’homme est-il aussi son avantage ?

    c) En quoi le sacrifice des générations est-il à la fois une énigme et une nécessité ?

    I) Présentation
    - Il s’agit sans doute de la proposition la plus finaliste de l’article. Kant va montrer que l’insuffisance, chez l’homme, de la dotation animale, crée par elle-même une disposition à l’humanité, du fait que la destination de l’homme est d’outrepasser les limites de son être simplement physique. Les individus doivent créer ce que ne leur donne pas la nature. Conception paradoxale du rôle de la finalité de la nature en l’homme ; la finalité de l’existence humaine est de s’arracher à la nature; le fait que l’instinct n’impose aucune forme fixée de satisfaction signifie que l’humanité n’a pas d’autre nature que de s’élever au-dessus de la nature. La raison en l’homme signifie qu’il a une vocation d’être libre; la liberté est notre véritable destination.

    II) Idées principales
    1. Pourvu par la nature de raison et de liberté, il appartient à l’homme d’exploiter ses qualités. Il est responsable de ce qu’il devient. La nature ne pourvoit pas immédiatement aux besoins humains; alors que l’animal est spécialisé, prisonnier d’un type déterminé d’activité, l’homme est capable d’apprendre, d’inventer, il doit tout tirer de lui-même et est par nature “cultivable”. Rôle fondamental du travail et de la technique par lesquels l’homme conquiert sa liberté et qui produisent véritablement la culture.



    2. L’usage de la raison et de la liberté aboutit d’une part au développement des sciences et des techniques - donc à une existence plus facile -, d’autre part à la réalisation d’une vie plus heureuse dont l’homme seul portera le mérite. La générosité de la nature est une fausse idée en ce qui concerne l’homme. La nature a voulu que nous devenions libres et raisonnables par nos propres efforts. L’homme a une tout autre nature que les autres animaux : la raison lui a été donnée pour qu’il devient vertueux et sage.



    3. L’idée d’une finalité naturelle qui fait de l’histoire un progrès de l’humanité implique que les générations futures profiteront du fruit des peines et des misères de leurs aînées et jouiront ainsi d’un privilège. Il y a là apparemment une injustice de la nature que nous ne comprenons et qui demeure mystérieuse.

  10. #20
    fifi3434 Guest

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    III) Commentaire
    La nature est sujet et reçoit par là-même tous les attributs du sujet : elle possède une volonté, elle “ne fait rien en vain”, elle “n’est pas prodigue”, elle éprouve du “plaisir”, elle “tient” à la moralité de l’homme plus qu’à son “bien-être”. Mais Kant accumule, au fur et à mesure du texte, les précautions comme pour diminuer les risques anthropomorphiques : “semble” et “comme si” apparaissent deux fois chacun. Par ailleurs, la réponse de l’homme à la volonté de la nature se fait sous la forme du devoir (sollen) : l’homme “ne doit pas être dirigé par l’instinct” mais “doit tout tirer de lui-même”.



    - Mais cette nature est “étrange” : et la fin du texte paraît désamorcer la dérive théologique de la proposition. Cette nature est, en effet, à la fois sujet moral kantien absolu et disciple de Machiavel. L’étrangeté réside dans la différence entre la fin et les moyens.



    · 1. La fin est morale : c’est la dignité humaine. Et cette dignité a pour origine la liberté. L’homme n’est pas déterminé par l’instinct, et en ce sens il est le plus démuni des animaux. A la place, il possède la raison (cf fable sophiste : Epiméthée / Prométhée). Mais la raison n’est pas le simple substitut de l’instinct. Il ne s’agit pas de donner à l’homme la simple capacité d’atteindre le niveau de l’instinct. Il s’agit bien plutôt de le rendre responsable de cette capacité. La raison est à la fois théorique, technique et morale. L’homme doit connaître, réaliser et être responsable de cette réalisation. La nature se dépasse et peut trouver son achèvement grâce à un être libre. La ruche constitue peut-être une société parfaite, mais quel intérêt cela représente-t-il si cette perfection est purement mécanique ? Une société parfaite d’êtres libres constitue une toute autre dimension. L’histoire n’est donc pas en rupture avec la nature : elle constitue son achèvement. L’émergence d’une société morale (= rationnelle et libre) est le point le plus haut de la nature.



    · 2. Les moyens sont immoraux. La raison pour se développer a besoin d’essais. Les propositions suivantes montreront que ces essais sont les multiples conflits et guerres qui contraignent les peuples à faire la paix pour ne pas périr. La société civile parfaite (ou tout moral) n’est obtenu à la fin de l’histoire que grâce au sacrifice (involontaires) des générations intermédiaires. Les peuples s’entretuent par passion et découvrent la raison par épuisement de leur bêtise : la nature le sait et a choisi cette stratégie “volontairement”. Les générations sacrifiées le sont pour les générations dernières, qui seules connaîtront la moralité rationnelle. Ce ne sera pas tant leur mérite propre qu’un mérite progressivement conquis. La moralité dernière (la fin - au deux sens du terme - de l’histoire) suppose l’utilisation à leur dépens des générations intermédiaires. Celles-ci sont donc utilisées par la nature comme des moyens pour réaliser sa fin.

    - Or, la philosophie pratique (morale) de Kant pose comme loi morale qu’un homme ne doit jamais être visé comme moyen mais toujours aussi comme fin. La nature serait donc immorale en tant qu’elle sacrifie des générations entières. Mieux : elle éprouverait du plaisir (comme si) en dotant l’homme si court qu’il devrait tout découvrir par lui-même. La multiplication des essais et donc des échecs ressemblerait à un “malin” plaisir “éprouvé” par la nature.
    - Mais Kant accepte l’étrangeté immorale sous couvert de nécessité. La fin de l’histoire justifie les moyens. La fin n’est pas individuelle : il s’agit du destin de l’humanité entière. Inutile de dire que ce n’est pas la dernière fois que le sens de l’histoire est invoqué comme justification de l’action (politique).

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