Pourquoi vouloir se débarasser du manuel de Mr Onfray?
Porquoi assimiler ce livre aux syndromes de tes amis?
L'auteur qui vient de démissioner de l'Education nationale pour enseigner la philo de façon plus libre conseillerait aux jeunes gens de ne rien faire?
Le livre a deux visées qui se rejoignent dans une forme d'éloge de la liberté contre l'ordre social:
1) Contester le mode d'enseignement de la philo voire de l'enseignement en général.
2) Ebranler l'aliénation des individus par la société.
Selon son approche peut-être un peu excessivement paranoïaque des institutions, l'auteur pense que l'école sert moins à transmettre des savoirs qu'à garder sous contrôle les millions de chérubins qui sans elle laisseraient libre cours à leurs pulsions festives. Il se propose donc d'interrompre ce marché de dupes et de nous éveiller à la libre pensée et à la vie bonne!
Il n'est pas si facile de tourner Mr Onfray en ridicule car il semble vraiment aimer ses élèves et savourer sa modeste maïeutique. Et quand il dit lui savoir ce qu'est un élève réel, c'est à dire qui ne s'intéresse à rien d'autre qu'à ce qui l'environne, on ne se sent pas la mauvaise foi de lui réciter le couplet de l'émancipation IIIème Répbulique...
Toutefois il critique aussi, sans animosité, le principe d'une philosophie qui ne proposerait pas d'art de vivre. Alors on peut lui opposer que si l'on envoie au casse-pipe des élèves totalement déconnectés des savoirs du programme officiel, ce n'est pas pour anesthésier le prolétariat en devenir mais parceque le manque de courage politique paralyse ceux qui pourraient offrir un avenir à ces jeunes. L'insoupçonnable admirateur du général De Gaulle en serait il d'accord?
Autre question soulevée et sur laquelle je m'avoue incompétent: pourquoi le programme de philo est-il aussi énorme? On connaît la réponse de l'auteur (exclure), mais un certain nombre de ses collègues semblent s'en accomoder. Le flou sur les exigences leur permettrait d'éveiller les intelligences sans que le pouvoir y mette son grain de sel et ne vienne normer les références. Soit, mais quand ces mêmes protestent qu'un programme resseré ne signifie l'imposition d'une idéologie politique qui aurait la démocratie libérale pour horizon (sinon quoi? Goulags et phalanstères?), on se demande qui est l'enfant de la salle de classe...
Alors lisons l'anti-manuel, mais pour se libérer des pesanteurs de la société, rendons la d'abord capable de faire de nous des citoyens plutôt que des Don Quichotte ou des ignorants!