La parole et l'être
Beau sujet!
Doit-on parler de l'existence?
:je-nag
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La parole et l'être
Beau sujet!
Doit-on parler de l'existence?
:je-nag
Voilà un excellent sujet qui pourrait bien nous permettre de prendre ensemble dans la main les trois oeuvres, et de cerner Le rôle de la parole dans la réalisation
A bientôt
Joseph
Note importante
L'ensemble de mes interventions peut paraître "avec un peu trop de détours " mais je réponds à des interrogations reçues par mails. Il suffit de mettre en objet: La parole et l'être. philagora@philagora.com
Bonne journée à toutes et à tous
Joseph
Accroche:
Tout d'abord:
Pourquoi la parole et l'être?
Tout simplement parce que la parole évoque ce qui n'est pas , ce qui manque, et échoue dès qu'elle a la prétention de parler de ce qui est.
Pour ainsi dire le moteur de la parole est le manque éprouvé comme une absence.
Ce qui suffit à justifier le sujet posé. Il nous concerne tous en tant qu'êtres raisonnables sensiblement affecté , qui manquent et qui désirent, qui pensent et par là s'élèvent à l'absolu, ce qui a sa raison d'être en soi, le rapport qui se pose lui-même,
comme il concerne les 3 auteurs.
Remarquons que l'être n'a pas de pluriel.
Nous pouvons parler des êtres non parce qu'ils sont l'être mais parce qu'ils ont un rapport à l'être. Ce n'et pas une identité c'est une analogie, ils sont d'une certaine manière, ils deviennent en effet .
Ils existent et en choisissant ils se choisissent.
Je n'ajoute rien à une essence en disant qu'elle a un rapport à l'être car du point de vue de l'essence sa définition reste la même.
Chercher l'être dans ce qui est est et restera une entreprise vaine.
Si un être humain parle de ce qui n'est pas c'est qu'il part d'une absence ,un manque . Il appellera cela la fragilité de l'être . En fait il parle de la fragilité de son mode d'être.
Dans les trois oeuvres ce sont des êtres en devenir qui nous parlent et nous prennent à témoin de leurs efforts pour "penser" chacun à leur manière et pour échapper ou apprivoiser le mal qui les ronge balancés qu'ils sont entre le sensible et le raisonnable.:
La parole dans des dialogues (Platon, Marivaux) ou dans des monologues qui sont des dialogues entre l'âme et le coeur (Verlaine)
Note importante
L'ensemble de mes interventions peut paraître "avec un peu trop de détours " mais je réponds à des interrogations reçues par mails. Il suffit de mettre en objet: La parole et l'être. philagora@philagora.com
Bonne journée à toutes et à tous
Joseph
Les êtres et le temps
Si tous les êtres ont un rapport à l'être, si donc l'être a le caractère d'être universel,il semble peu contestable que les êtres sont temporels soumis à un grand maître qui les fait apparaître, devenir et disparaître.Le temps.
Cela pose le problème de la compatibilité entre l'être et le devenir.
Comment les penser ensemble ?
Pour devenir adolescent il faut bien que je ne sois pas, mais il faut bien aussi que je ne sois pas cet enfant qui va le devenir , sinon je resterais cet enfant.Comment affirmer qu'il puisse y avoir une place pour l'être dans le devenir qui transit les êtres (Platon, Verlaine, Marivaux). D'ailleurs le moindre mouvement exclut qui'il y ait une place pour l'être. Bien entendu le temps ,seul, peut lever cette aporie au prix d'un effondrement, il est vrai. Le passé n'est plus, le présent s'effondre et l'avenir n'est pas encore. Avec cela comment nier la fragilité des êtres?
Comment vont-ils réagir? Pourquoi peuvent-ils réagir?
Il est bien vrai, Anna, que le sujet est: La parole et l'être
La parole tient radicalement à l'être.
La parole est créatrice d'un monde.
L'écrit ne naît que dans un rapport à une parole. C'est toujours la parole qui dicte. En ce sens la parole fait être
Si toute langue implique une conception du monde, c'est la parole qui crée le monde personnel.
La parole rend la réalité présente. Je parle et par ma parole la réalité advient à l'être, s'accomplit.
Tout professeur que son cours, si bien préparé qu'il soit, ne s'accomplit que par sa parole.
Que penser de ce texte de Merleau?
«!Beaucoup plus qu'un moyen, le langage est quelque chose comme un être et c'est pourquoi il peut si bien nous rendre présent quelqu'un : la parole d'un ami au téléphone nous le donne lui-même, comme s'il était tout dans cette manière d'interpeller et de prendre congé, de commencer et de finir ses phrases, de cheminer à
travers les choses non-dites. Le sens est le mouvement total de la parole et c'est pourquoi notre pensée traîne dans le langage. C'est pourquoi aussi elle le traverse comme le geste dépasse ses points de passage. Au moment même où le langage emplit notre esprit jusqu'aux bords, sans laisser la plus petite place à une pensée qui ne soit
prise dans sa vibration, et dans la mesure justement où nous nous abandonnons à lui, il passe au-delà des «signes » vers leur sens. Et, de ce sens, rien ne nous sépare plus :
le langage ne présuppose pas sa table de correspondance, il dévoile lui-même sessecrets, il les enseigne à tout enfant qui vient au monde, il est tout entier monstration. Son opacité, son obstinée référence à lui-même, ses retours et ses replis sur lui-même sont justement ce qui fait de lui un pouvoir spirituel : car il devient à son tour quelque chose comme un univers, capable de loger en lui les choses mêmes, - après les avoir
changées en leur sens.!» ( Signes, p. 54)
Brigitte, vous avez compris, me semble-t-il ce que je voulais suggérer: les êtres ont un rapport à l'être mais en un sens ne sont pas.
La dualité d'un être humain le fait devenir en fonction de la nature et en fonction de ses choix raisonnables. C'est la dualité de la conscience malheureuse, monstruosité d'une impossible synthèse de l'eau et du eu.
Il est donc possible de prendre ensemble les trois oeuvres dans une même perspective: la quête de l'être , même si les chemins diffèrent.
La quête de l'être par la parole, la création poétique démiurgique qui modèle le sensible et le moral au point de les faire être dans le flou de ce qui se confond (Verlaine)
L'orientation vers l'être par une conversion, en conservant le sensible par le recours au mythe, dans la parole , le dialogue , la maieutique (c'est toi qui le diras), chez le Platon de Phèdre.
La fabrication de l'être par les artifices par une parole qui, finalement, produit la vérité gràce au mensonge bien élaboré, au dialogue, aux fourberies pour la bonne cause, au théâtre (Marivaux)
. Ce qui est bien dans les trois cas trois chemins vers l'être comme manière de s'orienter vers l'être.
Comme un Dieu l'homme parle et l'être se dévoile au creux de l'étant
On voit maintenant comment prendre dans le creux de sa main les trois auteurs
Platon par la conversion nous invite à nous tourner vers l'intelligible pour échapper à l'écroulement de l'être sensible rongé par le non être
Verlaine qui choisit d'affronter la contingence du sensible et de la couler au coeur de ce qui s'écoule par la parole qui l'épouse, et l'amène à l'existence, si ce n'est à l'être.... L'évanescence promue au rang de la necessité,la projection d'une âme ,le reflet d'une mouvance de l'intériorité.
Reste Marivaux qui choisit de produire de l'être par la parole et singulièrement par la fourberie: le mensonge au service de la vérité: ( comme Verlaine) : utiliser le mal contre le mal , le devenir du discours et même la contingence contre la nécessité., en plaçant la contingence au creux de la nécessité.
A chacun sa vérité. L'illusion au service de la vérité .