Le monde des passions
1. Honoré de Balzac, La cousine Bette (1847)
2. Jean Racine, Andromaque (1667)
3. David Hume,Dissertation sur les passions (1757) traduction Jean-Pierre Cléro (Editions GF Flammarion)
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Le monde des passions
1. Honoré de Balzac, La cousine Bette (1847)
2. Jean Racine, Andromaque (1667)
3. David Hume,Dissertation sur les passions (1757) traduction Jean-Pierre Cléro (Editions GF Flammarion)
I
Dialogue premier
Dialogue entre le hibou et David Hume
Hibou: Vous avez dit «*science de l'homme»*? De quoi s'agit-il, selon vous*?
Hume: Il s'agit de bien délimiter le champ d'investigation de la philosophie: ce champ n'est pas celui d 'orgueilleuses facultés humaines, mais celui de leur USAGE.
(Le dernier mot est crié, je ne suis pas sourd)
Hibou: pourquoi une telle limitation?
Hume: On se limite à ce dont on a l'expérience. La limitation du champ à l'expérience évite les
élucubrations de l'imagination et garantit la sûreté de l'esprit dans son activité, sûreté relative mais assurée, le mieux possible, dans la vie de tous les jours.
Chaque jour le soleil se lève mais demain ce n'est que probable...
Hibou: n'avez-vous pas peur d'abandonner les déductions bien conduites des mathématiques?
Hume: Certes, elle règnent dans les mathématique, pour peu qu'on admette le point de départ,mais il serait vain de prendre les mathématiques pour modèle quand il s'agit de la vie de tous les jours dans laquelle l'avenir ne se donne jamais que comme probable... et donc ne se déduit pas.
Hibou: Pourriez-vous formuler cela avec concision?
Hume: Je l'emprunte , la formulation concise demandée, à Didier Deleule:
«La science de l'homme ,comme science de l'esprit à l'oeuvre, sera régie par la méthode sceptique 3 (Philo/Nathan, Enquête sur L'Entendement Humain, page 13)
Hibou : D'où un deuxième entretien ?
Hume : Bien volontiers oiseau de la nuit
Citation:
Hume a été inspiré par le scepticisme antique sans pour cela se laisser entraîner jusqu'au doute absolu: il campe plutôt sur une position qui consiste à affirmer que la croyance prend une grande part dans le savoir. En affirmant, Hume échappe au scepticisme absolu.
=> Voir entretien second post 10
Lire jusqu'au dernier post.
Citation:
Avant tout il serait bon de lire le post ci-dessous intitulé ce qu'on attend de vous: 1,2,3, 4, 5
Une piste vers un problème:
Expliquer.
=> Du simple au complexe, du complexe au simple.
Expliquer c'est déplier ce qui était plié, c'est faire apparaître des sources, mettre en évidence un lien objectif entre un phénomène et un processus causal antécédent, ce qui le constitue. C'est toujours présenter le simple comme origine et raison du complexe.
Autant dire que expliquer c'est démontrer, rendre nécessaire en exhibant une cause antécédente ou la loi sous laquelle un phénomène se range. Il s'agit bien de déduire un phénomène à partir de ses antécédents, et donc de couler les données expérimentales dans le moule mathématiques de la rigueur des enchaînements. Expliquer c'est arraisonner.
Expliquer c'est donc toujours prendre le risque de parler d'autre chose (cadre formel) que de la chose qu'on explique.
Et c'est bien là le problème*: comment se fait-il qu'expliquer atteigne souvent le contraire de ce qu'on se propose*? Faire disparaître ce qu'on voulait déplier dans la lumière*!
Pourqupoi l'explication manque-t-elle la saisie de l'essentiel*?
Comprendre c'est , par exemple, être capable d'expliquer du point de vue de l'intériorité, en fonction de la fin visée par l'individu ou le sujet: c'est faire le pari de l'humanité et de la liberté; parier qu'il y a une cohérence entre le projet d'un sujet et ce qu'il fait effectivement. En ce sens Sartre affirmait: "Notre compréhension de l'autre se fait nécessairement par ses fins."*
Cela ne signifie pas, loin de là, que beaucoup d'actions ne relèvent pas de l'explication: C'est que chaque fois qu'il se laisse aller, qu'il s'abandonne, le sujet redevient un individu et dans sa chute retrouve des causes antécédentes déterminantes qu'il aurait pu transfigurer en simples conditions pour peu qu'il l'ait voulu. Ainsi, celui qui se laisse entraîner par la violence, par les passions ou par tel ou tel trait de caractère à commettre l'irréparable .
II
Explicitons:
=> Tout à coup, je comprends (connaissance propre à moi, en première personne), j'interprète, le comportement d'un étudiant (= X) par une opération qui m'est propre (autonomie) : je relie, je prends ensemble en un éclair ce qu'une intuition synthétique me fait, d'un même coup, pénétrer et relier: je suis capable de déterminer ses conditions de vie, par exemple la précarité, de longs déplacements, la nécessité de travailler aussi pour gagner sa vie, des causes (tel ou tel handicap physique) et des motifs qui habitent X, ses raisons intellectuelles d'agir.
Que s'est-il passé ?
Ce qui était pour ainsi dire plié (plicare en latin), je le saisis déplié (multiple)en fonction de l'unité d'un sujet (X), je le prends ensemble dans la clarté.
Passage de la connaissance en première personne à la connaissance en troisième personne.
=> Mais, si pour rendre clair aux autres ce que je comprends, je tente de l'expliquer, de le déplier dans un discours ordonné qui unit l'analyse et la synthèse, par abstraction je présente successivement les points qui me semblent nécessaires pour éclairer la conduite de X: je choisis un ordre d'exposition pour expliquer ce que j'ai saisi dans une intuition synthétique. Mon discours tourne à la démonstration et il s'agit bien de déduire X de ses antécédents. (expliquer)
=> Or dans cette exposition des causes (expliquer c'est donner les causes) quelque chose m'échappe maintenant, un "petit rien" qui jette le doute et l'incertitude sur la rigueur de l'enchaînement qui habite mon discours.
Or X n'est pas un mécanisme, un simple enchaînement de causes et d'effets: c'est qu'il a une intention, un projet qui détermine en grande partie ses actions. Autant dire que ce qu'il fait a un sens, une orientation, une signification; pour le dire en un mot, une fin: sans la saisie de cette fin, sa compréhension, les plus beaux discours explicatifs, malgré leur rigueur (= enchaînements bien conduits) manquent l'essentiel.
Problème:..............
III
Donnons la parole à des grands:
"Ce que l'explication vise en premier lieu, c'est la déduction du phénomène en partant de ses antécédents, dont il devra être la conséquence logique." Meyerson, De l'explication dans les sciences, page 7
"Ce mot (explication) aura le sens précis suivant: faire entrer les données expérimentales dans un cadre mathématique approprié." Filippi, La connaissance du monde physique
"Nous réservons le terme comprendre à la connaissance obtenue par interpénétration psychologique. La découverte d'un lien objectif de cause à effet constaté du dehors n'est jamais appelée compréhension, mais toujours explication." Jaspers, Psycho-pathologie générale, page 25.
"Comprendre, c'est comprendre par l'unité." Ricoeur, Histoire et vérité, page 29.
"Nous expliquons la nature, nous comprenons la vie psychique." Dilthey, Le monde de l'esprit, I, page 150
"Une relation statistique ... ne suffit pas à satisfaire notre curiosité, nous voulons comprendre le lien des motifs à l'acte, qui explique la conduite des hommes et, par suite, la relation statistique elle même." Aron, La sociologie allemande contemporaine, page 158.
IV
Ce qu'on attend de vous:
1) Organisation
2) autonomie
3) humilité dans la formulation
4) questionnement
Citation:
par exemple: expliquer est--ce (3 et 4) une fin en soi ou une étape vers comprendre et peut-être même (3) interpréter?
notez l'humilité dans la formulation (en vert)
1,2,3...Excellent dans un entretien d'embauche " j'aime m'organiser avant de commencer"
plutôt que " je suis impatient de travailler.... Dynamique....infatigable, souple et obéissant, autoritaire (attention au contradictoire...)
4)
l'humilité c'est la vérité: on vous demande votre principal défaut..."Je n'aime pas perdre,mais j'ai appris à rebondir" ( bien entendu vous avez un exemple en mémoire, par exemple un 4 en.... dissertation.
plutôt que " je n'ai pas confiance en moi" (comment vous ferait-on confiance?!
Citation:
Tout cela vous parait évident ,mais si vous aviez fait passer des oraux ou des entretiens.....
V
Rapport au thème de la science?
Qu'est-ce que démontrer c'est d'abord rendre nécessaire." P. Mouy
"Notre connaissance ne cherche la nécessité que pour assurer à l'action la sécurité; elle cherche à connaître toujours les chose de manière à pouvoir les produire..." Pradines, Traité de psychologie, I, page 255.
"Les lois de la nature sont nécessaire, mais le cours des événements de la nature est contingent." J. Maritain, Pour une philosophie de l'histoire, page 45.
VI
La scientificité antidote du scientisme:
http://www.philagora.net/ph-prepa/la...entificite.php
La scientificité revient donc à construire des opérations ordonnées à une fin.: rapprocher des modèles théoriques et des données objectives, celle d'accorder les opérations de l'esprit et le fonctionnement des systèmes réels sans jamais oublier le rôle de l'esprit critique et de l'intelligence qui fait que la science n'est jamais seule: la scientificité n'apparaît qu'avec un esprit d'examen, une critique vigilante.
En conséquence, on ne peut qu'adopter ce propos de Gonseth: "La science actuelle se sert de la révision comme d'un procédé technique naturel et assuré."
La scientificité ainsi déterminée nous protège des aliénations et de la tyrannie d'une science qui se poserait comme ce qui doit avoir le dernier mot dans tous les problèmes qui se posent à l'humanité. En ce sens la scientificité est l'antidote du scientisme.
Joseph
VII
Exemple 1 : la prudence
Vous pouvez déterminer le concept à partir de ce qu'il n'est pas, par exemple la vertu:
La prudence: Elle va servir l'action. Alors que la vertu dépend de la science et s'occupe de la raison, un père dirige ses enfants, la prudence n'est pas la science car ce qui concerne l'homme n'est pas le nécessaire: la science a trait au général, la prudence a trait au fait particulier, elle porte sur la connaissance des moyens et c'est la vertu intellectuelle de l'âge mûr, qui a l'expérience. Cette séparation de la science et de la prudence peut paraître artificielle car on voit mal comment un homme pas éduqué pourrait être véritablement prudent.
C'est la capacité qu'a l'intelligence de discerner, puis de choisir ce qui convient et d'écarter ce qui ne convient pas: il s'agit donc d'éviter ce qui peut avoir des suites regrettables, qui pourrait amener des regrets ou même des remords. La prudence a donc des rapports avec la raison théorique et la raison pratique. Avec la vérité avec la morale.
Exemple 2 : l'attention
Vous pouvez procéder autour d'un certain nombre de perspectives qui éclairent des aspects de l'attention:
. Par exemple voici un schéma possible pour l'attention: . Au point de départ il y a l'intensité de l'excitant par rapport aux intérêts du sujet. La nouveauté joue aussi un grand rôle. Ensuite l'attitude du corps; écoutez les réactions physiologiques dont vous avez parlé dans l'introduction et qui vous ont servi à accrocher votre auditoire. A ces conditions externes se joignent des conditions internes que nous découvrent les enquêtes et l'introspection. Tout d'abord un intérêt. Dans un paysage un géologue et un peintre ne vont pas faire attention aux mêmes éléments. Vous pouvez souligner le rôle du désir (on ne voit plus que ça !).
A très bientôt
Joseph
Point de vue catégorique
de Hume:
Citation:
"La raison est, et elle ne peut qu'être, l'esclave des passions; elle ne peut prétendre à d'autre rôle qu'à les servir et à leur obéir." Hume, Traité de la nature humaine, II.
Point de vue de Louis XIV:
Citation:
"Le feu des plus nobles passions, comme celui des plus obscures, produit toujours un peu de fumée, qui offusque notre raison" Louis XIV
Notez bien ce sujet: Le monde des passions relève-t-il d'une explication réductrice? => Le monde des passions relève-t-il d'une explication réductrice? Que serait une explication qui ne serait pas réductrice?( l'explication réductrice par un processus causal antécédent )
ou de l'interprétation comme effort de compréhension? Comment se fait-il que l'attitude explicative cède souvent la place à l'interprétation malgré les résolutions les plus fermes?
Que serait une explication qui ne serait pas réductrice?
Pour répondre suivre ce lien:
http://forum.philagora.net/showthrea...us-au-concours
Autres problématiques
Introduction:Citation:
=> Si l'objet de la passion semble tant compter pour le passionné, au point qu'il colore tous ses états psychologiques et les oriente, comment se fait-il que cet objet puisse se révéler aussi divers, au point que son contenu peut être négligé dans une définition de la passion qui ne perdrait rien de sa pertinence. Pourtant que de titres! Les passions et que de textes qui s'en suivent et qui parlent de la passion. Par exemple: Descartes, Les passions de l'âme et dès le premier article que définit-il? La passion.
Comment ce qui semble irrationnel peut-il avoir un sens?
La passion relève-t-elle de l'explication par un processus causal antécédent ou de l'interprétation comme effort de compréhension? Comment se fait-il que l'attitude explicative cède souvent la place à l'interprétation malgré les résolutions les plus fermes?
Vous avez tous compris que le post sur "expliquer" (le sujet du concours ) vous sera très utile pour le monde des passions: expliquer,comprendre, interpréter: ? Comment la réduction des passions apparaît toujours victorieuse ... dans un premier moment.
Pourtant le dernier mot peut rester toujours à la raison : à quel prix?
= Rappel: la problématique est le chemin que vous inventez / trouvez pour conduire votre lecteur correcteur vers le problème fondamental qui a permis de poser une question formulée, le sujet.
Le lieu de votre problématique est l'introduction car l'introduction doit avant tout faire apparaître explicitement "de quoi il s'agit", ce qui permet d'annoncer un mouvement bien ajusté au problème comme s'il en était déduit. (Un peu comme un habit sur mesure est déduit de votre morphologie).
C'est que, si toute question posée semble appeler une réponse tranchée (oui ou non), au contraire le problème, la question de la question et la question à la question posée, tient à la difficulté de répondre par oui ou par non en portant un jugement univoque sur les passions: cette difficulté tient à ce que celui qui réfléchit sur la passion, réfléchit sur lui même et que, un système ne peut jamais parvenir à formuler un savoir de soi qui l'englobe entièrement. Par exemple, pour dire dans un discours justifié (= savoir) un système à n éléments j'ai au moins besoin de n+1 éléments et cela ne peut être demandé au système qui a n éléments, réduit à lui même. Toute biologie des passions sera donc hypothèses et vérifications à l'infini.
A suivre
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Maintenant lisons les deux textes:
Optique première
comme propédeutique à la compréhension de la dissertation sur les passions de David Hume..
[
"La raison est, et elle ne peut qu'être, l'esclave des passions; elle ne peut prétendre à d'autre rôle qu'à les servir et à leur obéir." Hume, Traité de la nature humaine, II.
Pour mettre de l'ordre dans ce qui vous semble embrouillé , je vous propose de prendre d'emblée le point de vue de l'empirisme pour qui l'origine des idées n'est pas à chercher ailleurs que dans un processus d'affaiblissement et d'association des impressions sensibles, un peu comme un corps vivace deviendrait un fantôme sans nerfs...
Le rôle de la raison ne peut alors être le rôle d'un moteur, dans un tel état d'affaiblissement. Elle est, au service de la passion première et forte :scruter (par la relation de cause à effet) tout ce qui est relié à un objet, à cet objet qui, avec la fraîcheur d'une naissance explosive, a ouvert une perspective en quelque sorte affective: celle d'un plaisir (ou d'une peine) que l'objet nous ferait éprouver.
Dans la passion amoureuse, le passionné finit par aimer, par association, tout ce qui lui rappelle l'objet de son amour ...( processus réductif par tautologie: c'est semblable)
Ce qui fait que l'objet de la passion ne nous est pas indifférent, ce n'est pas la pâle raison, mais le fait premier que l'objet nous touche, qu'il nous affecte et nous pousse à chercher à le saisir ... Voyez dans la Princesse de Clèves: le Prince de Clèves éperdu, foudroyé par Mademoiselle de Chartres n'a qu'une idée: savoir qui elle est pour demander sa main et la posséder.
Plus tard la vertueuse Madame de Clèves ne pourra rien contre sa passion elle même, elle pourra simplement refuser de lui céder mais certainement pas lui enlever cette force qu'elle éprouvera jusqu'à sa mort, puisque, refusant de la réaliser, elle ne pourra lui échapper dans l'horrible vie quotidienne. L'horrible vie quotidienne , elle seule, pourrait combattre sa passion par une autre passion!
C'est que la raison, selon Hume, ne peut rien contre la passion puisqu'elle n'est pas du même ordre et qu'elle n'est pas de l'ordre de ce qui peut motiver, de ce qui peut avoir une quelconque influence. Ce n'est qu'un fantôme des impressions premières qui a perdu leur force. La raison se contente donc d'enregistrer la passion et de la servir comme un simple instrument. La passion c'est le vent dans les voiles...
Celle qui va, va des pas emporté de l'amour selon l'expression de Shakespeare.
Comment un instrument pourrait-il combattre ou dominer s'il lui manque le vent du désir: si la raison réduite à elle même ne peut produire une action, comment pourrait-elle gagner une guerre en s'opposant à une volition, comment serait-elle préférée à la verdeur d'une émotion ou d'une passion? Cette impulsion qu'il lui faudrait, la raison est incapable de la faire naître et par là elle aura toujours la volonté contre elle, loin qu'elle puisse s'en faire une alliée.
Pour Hume, la raison n'est donc qu'une chambre d'enregistrement parce qu'elle relève des idées et des jugements, pâles reflets des impressions et des émotions.
Tout ce qu'elle pourra faire sera de réfléchir la passion, de la faire accéder à la conscience de soi.
Ainsi Hume s'oppose à Platon, Pascal, Descartes.
Optique seconde:
"Une passion est une existence primitive ou, si vous le voulez, un mode primitif d'existence et elle ne contient aucune qualité représentative qui en fasse une copie d'une autre existence ou d'un autre mode. Quand je suis en colère, je suis actuellement dominé par cette passion et, dans cette émotion, je n'ai pas plus de référence à un autre objet que lorsque je suis assoiffé, malade ou haut de plus de cinq pieds. Il est donc impossible que cette passion puisse être combattue par la vérité et la raison ou qu'elle puisse les contredire; car la contradiction consiste dans le désaccord des idées, considérées comme des copies, avec les objets qu'elles représentent."
Hume (Traité de la nature humaine)
Mouvement du texte:
1- par sa caractéristique essentielle une passion est extérieure à toute représentation et donc insensible à tout ce qui pourrait s'appuyer sur une représentation.
2- Exemple de passion pour montrer que la colère par sa caractéristique essentielle n'a aucun rapport avec un objet qu'elle représenterait bien ou mal.
3- Conclusion du raisonnement: puisque la passion est extérieure à la raison, sans aucune communication possible, il est impossible que la raison puisse combattre ou même s'opposer à une passion. Le raisonnement qui met en avant la vérité, la réalité, des arguments, ne peut atteindre la passion.
Je suis... dominé: un passionné est tout entier à ce qu'il vit dans l'instant et il ne saurait considérer la réalité d'un objet, il ne saurait juger ou prévoir les conséquences de sa passion: en effet, si une passion ne contient aucune qualité représentative, elle ne peut que suivre son cours: elle ne peut revenir sur elle même, s'objectiver.
Il est donc impossible: ce qui rendrait possible l'intervention de la raison c'est quelle puisse être suivie quand elle s'appuie sur la vérité, l'accord de ce qu'elle affirme et de la réalité, pour montrer au passionné son erreur et sa faute. Comme la passion domine le passionné, il la vit, et que son énergie se déploie en dépit de la raison sans énergie, la passion suit sa route. La raison semble parfois s'opposer à une passion, mais c'est seulement parce qu'elle emprunte l'énergie d'une autre passion qui lui permet de combattre la passion première.
Hume reprend le projet de Newton avec pour objet la nature humaine: avec Newton il se méfie des hypothèses hasardeuses et des prétention dogmatiques de la métaphysique, ce qui revient à donner le premier rôle à l'expérience comme origine des idées: les idées ne sont que les copies des impressions sensibles. L'association des idées relève de l'habitude, de l'expérience d'abord parce que les idées sont les traces, amorties pour ainsi dire, des impressions sensibles et ensuite parce que leur association naît de l'habitude comme expérience d'une consécution entre les impressions sensibles.
Comme dans le ciel de Newton des lois d'attraction commande le ballet intérieur des idées, selon la contiguïté, la ressemblance ou encore la causalité par laquelle l'effet évoque la cause aussi bien que la cause évoque l'effet.
Hume s'appuie principalement sur trois concepts:
la perception à l'origine de l'esprit, l'impression vive qui s'impose, l'idée comme trace affaiblie de l'impression.
Code PHP:
Raison et passion: la raison permet de contempler, de prévoir, de juger et d'enchaîner rigoureusement des jugements.
La passion est vécue comme ce qui pousse à agir pour se satisfaire.
La passion est de l'ordre de ce qu'on éprouve vivement et la raison de l'ordre de la représentation, de ce qui est connu, de ce qui met à distance la
réalité vécue.
Si on distingue l'existence primitive d'une copie, on s est mis dans les conditions de comprendre les différences entre la passion et la raison.
Citation:
Conclusion:
Bilan - L'usage purement théorique de la raison ne saurait être pratique: on ne peut déduire de ce qu'on sait ce qui doit être fait. C'est d'ailleurs pour cela que la science et la technique ne nous montreront jamais quel est notre devoir.
Élargissement - Vers Kant.
S'il y a un usage pratique de la raison il doit être distingué radicalement de l'usage théorique. Ce que je peux savoir ne me dira jamais ce que je dois faire.
La question de la question:
Le pouvoir de distinguer le vrai et le faux est le propre de la raison. Peut-on affirmer que la passion est au service de la raison ou faut-il se résoudre à admettre que la raison est un fantôme sans force et qu'elle ne peut être qu'au service de la passion? Si la puissance appartient à la passion qui utilise la raison comme un instrument pour nourrir son objet de tout ce qui peut lui être rapporté par ressemblance, cause, effet ... comment nier l'impuissance de la raison?
1
Scrutez le libellé du thème:
Un singulier et un pluriel?
"le" , article défini détermine non pas une pluralité (à telle passion tel monde) mais un monde spécifié dans son unicité.Le monde.
Le pluriel : les passions, elles sont diverses mais appartiennent à un monde.
Quand on dit c'est un monde! on veut parler d'une appartenance essentielle, d'une totalité.
Dans leurs diversités les passions appartiennent à un monde, celui de l'affectivité, du sentiment, ce qui s'éprouve soi-même, ce qui est subi, ce qui ne peut être objet pour celui qui souffre.
Si ce ne peut être un objet c'est bien d'un monde autre qu'il s'agit.
C'est bien , par exemple, C'est un monde!, dit-on de celui qui est passionné. Et il ne peut rien dire d'autre que: "Prenez mes yeux et vous verrez le monde qui est mien. Vénus à sa proie attachée, oui .
Faut-il comprendre le thème comme: tout passionné s'enferme dans un monde
Il faut donc nous tourner résolument vers les passions non pas comme ce qui apparaîtrait toujours divers à la transcendance d'un regard, un phénomène mondain aux rivages de lumière, mais comme un sentiment dont l'essence est l'affectivité qui, dans l'impossible effort pour échapper à l'épreuve de soi qui la constitue, explose parfois en une force qui fait de la passion le moteur de toute action: le grand vent qui souffle dans les voiles. Le monde de la vie infiniment plus fort que le monde des reflets, des pâles copies, des ombres.
Ce grand vent c'est pour Hume ce qui manque à la raison.
Citation:
Le propre des passions c'est de ne pas savoir écouter autre chose que son impulsion, d'être par essence fermée aux conseils et aux prescriptions de la raison: c'est que la raison nie la passion sans avoir la force de la passion.
=> Les préjugés sont souvent associés aux passions.Pourquoi?
le préjugé est une manière d'aborder le monde à travers un jugement qui a été prononcé dans le passé et qui est véhiculé le plus souvent par le langage. L'objet n'est plus perçu dans ce qu'il est par une intuition mais à travers ce que le préjugé prescrit a priori, indépendamment de l'expérience. C'est déjà jugé, l'idée de l'objet qui devrait rendre compte de ce qu'il est est une idée préconçue qui forme un rempart impénétrable à la clarté de l'évidence sensible ou de l'évidence rationnelle. En ce sens le monde des passions serait une bulle: "on n'aime jamais que soi" frémit Proust.
Quand on dit "le monde des passions, "qu'est-ce qu'on veut signifier?
2
Passion et sentiment:
Toute passion est sentiment mais tout sentiment n'est pas une passion.
Le sentiment est de l'ordre de ce qui s'éprouve soi-même alors que la chose est ce qui est placé devant, ce qui peut être observé.
" Par exemple toute impression, tout sentiment, tout désir, tout vouloir, toute action, mais aussi tout voir, toute pensée et l'intentionnalité elle-même. Car le voir qui n'est jamais vu ne verrait rien s'il ne s'auto-affectait en tant que voyant en tant que voir vivant. Cependant la vie n'a nul besoin de l'intentionnalité dans son auto-donation primitive, tandis que l'intentionnalité, par exemple du voir, n'est pas possible sans la vie." Michel Henry =>
Le monde des passions c'est le monde de la vie.
Premier argument: sentiment et passion s'inscrivent dans la durée
Deuxième argument :ils s'éprouvent eux-mêmes = Le sentiment n'est pas une chose il est ce qui s'éprouve soi même.
Un sentiment peut-il connu comme un
objet à distance que l'on pourrait voir? Non. Pourquoi?
Le sentiment: c'est ce qui s'éprouve soi même, ce dont on a une conscience immédiate, ce qu'on voit "d'une vue", selon Pascal. Le sentiment est donc de l'ordre de l'intuition et non de la rationalité du discours qui tourne autour. On peut le cerner en disant que c'est un état affectif .
Il y a de l'aveuglement dans la passion comme dans le sentiment car il ne se voient pas dans l'objectivité, dans ce qui est à distance,ils s'éprouvent: ce sont des états affectifs. D'où la difficulté de le justifier rationnellement, impossibilité d'objectiver le sentiment pour voir ce qui le motive réellement, obscurité de ce qui s'éprouve soi même sans aucune distance. Impossibilité donc de le juger, de le critiquer.
Passion: Phèdre : "C'est Vénus tout entière à sa proie attachée"= impossibilité de mettre à distance une passion...
L'amitié: Montaigne: "parce que c'était lui, parce que c'était moi...= Parce que c'était un état affectif subi.
S'il y a des points commun cela ne sigifie pas que les passions ne peuvent pas être distinguées des sentiments : un sentiment s'approfondit avec le temps, une passion entraîne tout puis disparaît.
La passion est un torrent, le sentiment est un long fleuve tranquille, certes mais sans l'épreuve de soi du sentiment il n'y aurait pas de passion.
En lisant gardez bien en tête et notez ce qui correspond à cette grille:
Le monde des passions:
La grille de lecture:
Sujet 2Citation:
Le monde : de l'apparence (kaléidoscope d'objets) et de la vie (ce qui s'éprouve soi-même) permanence de la souffrance, de celui qui ne peut échapper à soi, son moi cloué à lui-même pour l'éternité=> Kierkegaard, la maladie à la mort.
-où les objets ( qui ne sont que des images) défilent, monde du changement, du mouvement: vie libertine du baron,
Valérie Marneffe=> désir insatiable (4 amants)
A la fin le baron n'est pas guéri...=> jeune employée de cuisine.
Proust dirait:»On n'aime jamais que soi.»
- des passions, de la réalité insoutenable d'une souffrance qui demeure : les passions dont on ne peut se débarrasser.
Comprendre que se débarrasser des objets ne fait pas disparaître la souffrance: le soi ne peut échapper à soi.
Des passions, en veux-tu, en voilà:
Citation:
Jalousie, haine = la cousine ,désespoir= ?, ambition =?, coup de foudre+, désir insatiable ( toujours plus) = ?....Ne pas oublier les ]préjugés qui ne sont pas sans liens étroits avec les passions ( prochainement les réponses)
Le (sic) caractère essentiel de la passion:
ce qui s'éprouve soi-même, ce qui est supporté, souffert, ce à quoi on ne peut échapper, ce qu'on ne peut mettre à distance,ce qui n'est pas un objet en pleine lumière,distinct du sujet, et donc souffrance que l'on ne peut fuir.
Passions et préjugés.
1- Qu'est-ce qui dans les préjugés peut bien faire faire obstacle à la clarté? La clarté c'est d'abord la lumière du jour: remarquez que la lumière du jour accompagne toujours une perception sensible présente ou une perception intellectuelle lorsque l'essence d'une chose présente et singulière est saisie: la condition est d'être en présence de la chose. L'acte de transcendance, la conscience se donne un objet dans un horizon, un "trou de lumière" (Michel Henry).
2- Or le préjugé est une manière d'aborder le monde à travers un jugement qui a été prononcé dans le passé et qui est véhiculé le plus souvent par le langage. L'objet n'est plus perçu dans ce qu'il est par une intuition mais à travers ce que le préjugé prescrit a priori, indépendamment de l'expérience. C'est déjà jugé, l'idée de l'objet qui devrait rendre compte de ce qu'il est est une idée préconçue qui forme un rempart impénétrable à la clarté de l'évidence sensible ou de l'évidence rationnelle.
3- La passion est une manière d'aborder la réalité à travers le passé: l'objet est paré de mille qualités. Et si vous essayez de raisonner le passionné, de lui montrer de qui contredit sa vision de l'objet, il va vous répondre "prenez mes yeux". L'objet devant le passionné n'est qu'une occasion de se souvenir sans savoir qu'on se souvient, un symbole d'un événement passé, agréable, par exemple. Le désir de revenir dans le passé apparaît et parce qu'il est impossible de le réaliser et parce que l'impossible exaspère le désir, cela amène alors le passionné à se fermer à l'objet réel présent, à refuser la clarté de la raison et de l'observation qui lui permettrait de distinguer le symbole présent de ce à quoi il renvoie dans l'expérience passée. Les passions restent donc aveugles à la clarté que fait jaillir la raison en concevant la forme intellectuelle de la chose singulière présente, l'idée claire et distincte.Il est probable que le passionné se souvienne de soi!
Ou peut-être même veuille être, nier le devenir et son horizon, la mort.
Passions et préjugés ne relèveraient-ils pas du sentiment? relèvent du sentiment ?
=> 2 :http://forum.philagora.net/showthrea...e-des-passions
Andromaque
Grille de lecture n°1 (à remplir au cours de votre première (re)lecture.
1) Andromaque continue à aimer charnellement Hector que lui rappelle la vue et le corps de son fils Astyanax.
Elle a horreur de Pyrrhus.
-2) Pyrrhus: amour passionné et charnel pour Andromaque.
Hermione lui est indifférente: il ne l'aime pas.
- 3)Oreste aime d'amour passion Hermione qui ne ' aime pas.
- 4) Hermione aime Pyrrhus (amour passion charnel)
Hermione n'aime pas Oreste
Conclusion*:
Andromaque ou le drame de l'amour non partagé.
C'est bien le pire malheur qui puisse advenir ( quelle que soit l'époque) à quelqu'un que met en scène Racine.
Andromaque, Phyrrhus, Oreste, Hermione souffrent de voir ( plutôt de ce qu'ils croient voir: importance du corps) ce qu'ils ne peuvent avoir*!
Joseph
Grille de lecture n°2
L'amour passion, les passions amoureuses: ............
.........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Code PHP:
Andromaque marque une nouvelle orientation de Racine: Le tragique du monde des passions n'est plus seulement celui des passions de l'Amour, cest aussi celui des passions de ceux
qui sont fixés dans un pouvoir qui concerne la "polis" , le pouvoir politique et toutes ses manigances, tissus de multiples toiles , qui joue à susciter des passions et des souffrances nouvelles......
Grille de lecture n°3
Passions fatales d'un sultan, d'un César ou même d'un dieu... d'un maître de l'empire Ottoman,. disposant d'un pouvoir sur les corps, source de souffrances physiques et morales:
.............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................. Mais c'est la passion qui a le premier mot (coup de foudre) et le dernier ( malgré tout son pouvoir Pyrrhus n'obtient pas l'amour de celle qu'il aime.
Le monde des passions est celui du tragique absolu.
Si Oreste perd la raison c'est peut-être parce qu'il a compris son impuissance à exorciser le désespoir, et singulièrement la mort de Pyrrhus.
Grille de lecture n°4
Des êtres déchirés entre deux passions, entre deux choix impossibles.
Oreste entre la passion amoureuse et le désespoir (passion)....................................................................................................................................................................................
Andromaque .Entre la fidélité à Hector et la vie du fils d'Hector......................................................................................................................................................................
Hermione entre son orgueil qui réclame la mort de Pyrrhus et et son amour pour le même Pyrrus qui réclame sa vie!
........................................................................................................................................................
Dans les trois cas le monde des passions est tragique car quelque soit le choix le malheur en découlera.
Le tragique tient à ce qu'il n'y a pas d'issue quel que soit le choix.
Grille n°5 : Impuissance de la raison
=> Acte IV scène 4: Cléone cherche, en vain, à raisonner Hermione:
............................................................
.................................................................................
...............................................................................................
=> Acte III scène 1: Mise en garde de Pylade:
...............................................................................................
=> Acte II, scène 1/2: Le conseil de Cléone:
.......................................................................
Conclusion: les conseils ne convainquent que ceux qui les donnent!
Est-ce dire que la puissance de la raison ne se manifeste pas?
Puissance de la raison: La stratégie d'Andromaque.
Parution prochaine
"La Passion
Définition
Le terme de passion nous vient du latin "passio", souffrir, et du "pathos" grec, état morbide. Il possède une extrême diversité de sens, laudatifs ou dénigrants. Il est définitivement attaché au romantisme du XVIIIè siècle.
Primitivement, la passion est le fait de subir accidentellement une action dont la source est un agent extérieur. Les médecins de l'Antiquité cherchaient ainsi la cause de la passion dans le centre phrénique, un plexus de rameaux nerveux s'étendant dans tout le système intestinal. La passion s'oppose à l'activité. Elle est désordre, faiblesse.
La passion est considérée par Platon ("Gorgias") et Cicéron ("Des fins des biens et des maux") comme un désir ou un émoi intense. Elle est alors un trouble de l'âme, que l'effort de sagesse doit dominer et modérer. Le passionnel se définit par contraste avec le raisonnable, le rationnel, le logique.
Chez les cartésiens (Descartes, "Les passions de l'âme"), la passion est un affect, un phénomène passif de l'âme puisque sa cause est étrangère à la volonté et réside dans un fonctionnement physiologique faisant suite à une perception. La passion, selon Pascal, est antisociale et demande d'être bridée par les institutions et les lois.
En général, la passion est perçue comme une tendance dominatrice, captant de façon exclusive toute l'énergie de l'individu. La passion dure et mobilise la pensée et la volonté, alors que l'émotion reste souvent brève et impulsive. La passion est un investissement affectif dans une certaine activité qui donne un sens à l'existence. Elle est généralement un moment de crise, de souffrances; dont les issues sont multiples, bonnes ou néfastes.
Voltaire affirme que, sans les passions qui enflent les voiles du vaisseau, celui-ci ne pourrait naviguer. Diderot pense qu'il n'y a que les grandes passions qui puissent élever l'âme aux grandes choses. Le XVIII è siècle considère ainsi la passion comme une possibilité de réalisation efficace. C'est ainsi que Hegel pense l'autoréalisation de l'Esprit en termes de passion. Dans "la Raison dans l'histoire", il écrit que "rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion". Les passions révèlent des buts particuliers, égoïstes. Elles sont l'énergie qui donne à l'homme la volonté d'agir. Mais en croyant réaliser ses intérêts particuliers, le passionné met en branle des actions universelles dirigées par l'Esprit.
En fait, les jugements diffèrent selon le type et le degré de la passion. Certaines passions entraînent le repli sur soi, alors que d'autres présupposent une grande présence au monde. Toutes les passions impliquent une virtualité d'action, mais toutes ne sont pas réalisées. Certaines passions deviennent idolâtrie. La passion semble avoir pour caractéristique dominante et essentielle de se donner un point fixe, un objet ou une fin vers laquelle elle tend avec constance."
Lucie 1
1) Point de vue de Sartre:
=> "La conscience et le monde sont donnés d'un même coup: extérieur par essence à la conscience, le monde est, par essence relatif à elle. C'est que Husserl voit dans la conscience un fait irréductible qu'aucune image physique ne peut rendre. Sauf, peut-être, l'image rapide et obscure de l'éclatement. Connaître c'est s'éclater "vers", s'arracher à la moite intimité gastrique pour filer, là-bas, par-delà soi, vers ce qui n'est pas soi, là-bas, près de l'arbre et cependant hors de lui, car il m'échappe et me repousse et je ne peux pas plus me perdre en lui qu'il ne se peut diluer en moi -hors de lui, hors de moi. Est-ce que vous ne reconnaissez pas dans cette description vos exigences et vos pressentiments? Vous saviez bien que l'arbre n'était pas vous, que vous ne pouviez pas le faire entrer dans vos estomacs sombres et que la connaissance ne pouvait pas, sans malhonnêteté, se comparer à la possession."
Jean-Paul Sartre, Situation I; (1947)
?
à écouter Sartre, que la littérature emporte, Hume, Bergson, Proust seraient malhonnêtes de parler d'une vie intérieure de la conscience.
--Point de vue de Michel Henry et de Merleau-Ponty
Citation:
"La possibilité de la souffrance précisément doit être saisie dans l'être comme possibilité de l'être lui-même, comme identique à l'essence de l'affectivité et prescrite par elle. Que l'existence se découvre originellement souffrante ne tient pas au fait qu'elle est là, injustifiable et non fondée, mais à la nature de son fondement..." Michel HENRY L'Essence de la manifestation -PUF- page 828.
" L'existence au sens moderne, c'est le mouvement par lequel l'homme est au monde, s'engage dans une situation physique et sociale qui devient son point de vue sur le monde". Merleau-Ponty, Sens et non-sens, page 143.
--Point de vue de Joseph:
"Que la pensée existe, que l'existence émerge aussi du -" je pense " , que la pensée échoue à penser l'existence, que nous puissions ,cependant, parler de l'existence signifie que l'existence est une donnée, une passion, un don qui accompagne l'effort de penser par soi-même, comme une grâce, et qui a besoin d'une reprise pour être, comme si l'existence authentique avait pour origine l'acte de philosopher". (Joseph)
Il reste bien entendu que la phénoménologie ne tente pas une physique de la subjectivité . Sa démarche n'est pas celle de Hume, même si il a beaucoup intéressé un phénoménologue.Citation:
!:
Une oeuvre à s'en mordre les doigt de l'avoir choisie!
Quelle barbe!
Ouah, les vilains.
philou
Bonjour à tous
Quelle barbe oui!, j'ai beaucoup lu Balzac mais au grand jamais le roman de cette cousine jalouse et haineuse...
Mais Pour réfléchir sur le thème "Le monde des passions" l'oeuvre est fort bien choisie. Quel monde!
Bon courage à tous
Joseph
Comment étendre la générosité restreinte à la défense des lois, c'est le problème politique fondamental. Hume, pragmatiste en cela, pensait qu'il fallait intéresser les magistrats à la justice, en les payant bien et en les mettant ainsi à l'abri des tentateurs, de ceux qui voudraient les corrompre en s'adressant à leurs appétits.
Le est un article défini qui détermine une totalité.
Monde désigne cette totalité.
On peut dire le monde des passions mais on peut aussi dire le monde de la raison, certes, mais à une condition qu'il s'agisse de deux totalités distinctes.
Si le monde des passions englobe le monde de la raison , on peut dire simplement le monde des passions, ce qui revient à dire que le monde humain = le monde des passions et vice versa.
Mais alors on réduit l'un à l'autre et on ne multiplie pas les choses et leur cause.
Il devient possible de faire une physique, de mesurer, de calculer et pour tout dire d'expliquer, un peu comme le ciel de Newton. La raison n'intervient plus comme élément perturbateur, ce qui permet mesure et calcul.
Cela signifie qu'il n'y a rien d'autre que des passions:
s'il n'y a rien d'autre que des passions il faudra enrichir les hommes politiques pour qu'ils ne se laissent pas acheter par le premier riche venu!
En politique il sera vain de compter sur le raisonnable ou sur une pure générosité, tout au plus pourras-t-on compter sur une générosité "restreinte" c'est à dire quelque peu intéressée comme par exemple celle qu'on a envers des proches, des voisins ou ceux dont on attend un retour.
Ceci parce que ce sont les passions qui poussent à agir et à construire un élément du monde et non les raisonnements bien conduits par la raison pratique, l'impératif catégorique, la morale pure de visées intéressées dont le peuple se moque.
=>OPTIQUE première : Pour Hume, la raison n'est donc qu'une chambre d'enregistrement parce qu'elle relève des idées et des jugements, pâles reflets des impressions et des émotions.Citation:
"La raison est, et elle ne peut qu'être, l'esclave des passions; elle ne peut prétendre à d'autre rôle qu'à les servir et à leur obéir." Hume, Traité de la nature humaine, II.
http://forum.philagora.net/showthrea...et-deux-textes
Ce qui perturberait la superbe de Hume ce serait l'infini, l'absolu, ce qui a sa raison d'être en soi. L'impératif catégorique de Kant.
Dans l'infini y aurait-il ce qui déborde le monde? ou le monde qui déborde à la manière d'un horizon ou d'un être de fuite?
Citation:
En physique comme en astrophysique l'infini pose problème.
C'est à la fois très proche et très loin du mouvement de La recherche proustienne vers le temps retrouvé , voilà pourquoi on lui a préféré les platitudes un peu longuettes de la cousine Bette. Pas de risque de sortir du thème: le monde des passions.Citation:
Le monde des passions désigne d'abord le monde humain , en réduisant la raison à une chambre d'enregistrement des passions , mais aussi le monde qui a pour origine les passions et qui porte la marque de ce qui l'a produit.
OPTIQUE 1 a
Hume a été inspiré par le scepticisme antique sans pour cela se laisser entraîner jusqu'au doute absolu: il campe plutôt sur une position qui consiste à affirmer que la croyance prend une grande part dans le savoir. En affirmant, Hume échappe au scepticisme absolu.
Il reprend le projet de Newton avec pour objet la nature humaine: avec Newton il se méfie des hypothèses hasardeuses et des prétention dogmatiques de la métaphysique, ce qui revient à donner le premier rôle à l'expérience comme origine des idées:
les idées ne sont que les copies des impressions sensibles.
L'association des idées relève de l'habitude, de l'expérience d'abord parce que les idées sont les traces, amorties pour ainsi dire, des impressions sensibles et ensuite parce que leur association naît de l'habitude comme expérience d'une consécution entre les impressions sensibles.
Comme dans le ciel de Newton des lois d'attraction commandent le ballet intérieur des idées, selon la contiguïté, la ressemblance ou encore la causalité par laquelle l'effet évoque la cause aussi bien que la cause évoque l'effet.
Hume s'appuie principalement sur trois concepts:
la perception à l'origine de l'esprit, l'impression vive qui s'impose, l'idée comme trace affaiblie de l'impression.
"Une passion est une existence primitive ou, si vous le voulez, un mode primitif d'existence et elle ne contient aucune qualité représentative qui en fasse une copie d'une autre existence ou d'un autre mode. Quand je suis en colère, je suis actuellement dominé par cette passion et, dans cette émotion, je n'ai pas plus de référence à un autre objet que lorsque je suis assoiffé, malade ou haut de plus de cinq pieds. Il est donc impossible que cette passion puisse être combattue par la vérité et la raison ou qu'elle puisse les contredire; car la contradiction consiste dans le désaccord des idées, considérées comme des copies, avec les objets qu'elles représentent."
Hume (Traité de la nature humaine)
Mouvement du texte:
1- par sa caractéristique essentielle une passion est extérieure à toute représentation et donc insensible à tout ce qui pourrait s'appuyer sur une représentation.
2- Exemple de passion pour montrer que la colère par sa caractéristique essentielle n'a aucun rapport avec un objet qu'elle représenterait bien ou mal.
3- Conclusion du raisonnement: puisque la passion est extérieure à la raison, sans aucune communication possible, il est impossible que la raison puisse combattre ou même s'opposer à une passion. Le raisonnement qui met en avant la vérité, la réalité, des arguments, ne peut atteindre la passion.
A suivre
Joseph
Optique 1b
Pistes pour comprendre:
"Une passion est une existence primitive ou, si vous le voulez, un mode primitif d'existence et elle ne contient aucune qualité représentative qui en fasse une copie d'une autre existence ou d'un autre mode. Quand je suis en colère, je suis actuellement dominé par cette passion et, dans cette émotion, je n'ai pas plus de référence à un autre objet que lorsque je suis assoiffé, malade ou haut de plus de cinq pieds. Il est donc impossible que cette passion puisse être combattue par la vérité et la raison ou qu'elle puisse les contredire; car la contradiction consiste dans le désaccord des idées, considérées comme des copies, avec les objets qu'elles représentent."
Hume (Traité de la nature humaine)
______________________
Explication à partir des concepts:
Raison et passion: la raison permet de contempler, de prévoir, de juger et d'enchaîner rigoureusement des jugements.
La passion est vécue comme ce qui pousse à agir pour se satisfaire.
La passion est de l'ordre de ce qu'on éprouve vivement et la raison de l'ordre de la représentation, de ce qui est connu, de ce qui met à distance la réalité vécue.
Si on distingue l'existence primitive d'une copie, on s'est mis dans les conditions de comprendre les différences entre la passion et la raison.
Primitive: ce qui est primitif est ce qui naît en premier, donné par la nature, d'abord, comme existence, comme énergie qui se déploie en s'éprouvant soi-même: c'est le dynamisme des passions qui n'a rien à voir avec une représentation objective du monde.
Ce qui est secondaire, dérivé, c'est précisément ce qui rend présent à l'esprit, ce qui copie la réalité pour contempler la représentation, prévoir des enchaînements et porter des jugements. La raison qui, en combinant les représentations ne combine en fait que des tableaux sans aucune énergie, bien incapables de produire à eux seuls la moindre action.
Autant dire que la raison et la passion sont extérieures l'une à l'autre au point que la raison, parce qu'elle est dépourvue de dynamisme et d'énergie ne saurait produire un quelconque effet sur la passion. Bien au contraire, la passion, peut utiliser la raison.
Aucune qualité représentative: rien qui pourrait rendre présent à l'esprit, qui pourrait donc apprécier un argument, un raisonnement: qui pourrait comprendre une erreur pour peu qu'on montre la distance entre ce qu'on affirme et la réalité. De ce fait, vouloir parler raison à une passion c'est parler à un sourd: puisqu'elle ne peut comprendre elle ne peut être raisonnée et la contradiction sur laquelle la raison s'appuie pour raisonner ne saurait la toucher et l'amener à maîtriser le torrent qu'elle est.
Je suis... dominé: un passionné est tout entier à ce qu'il vit dans l'instant et il ne saurait considérer la réalité d'un objet, il ne saurait juger ou prévoir les conséquences de sa passion: en effet, si une passion ne contient aucune qualité représentative, elle ne peut que suivre son cours: elle ne peut revenir sur elle même, s'objectiver.
Il est donc impossible: ce qui rendrait possible l'intervention de la raison c'est quelle puisse être suivie quand elle s'appuie sur la vérité, l'accord de ce qu'elle affirme et de la réalité, pour montrer au passionné son erreur et sa faute. Comme la passion domine le passionné, il la vit, et que son énergie se déploie en dépit de la raison sans énergie, la passion suit sa route. La raison semble parfois s'opposer à une passion, mais c'est seulement parce qu'elle emprunte l'énergie d'une autre passion qui lui permet de combattre la passion première.
Désaccord: ce que je souffre m'importe bien plus que ce que je me représente. Si je me suis cassé la jambe, cela compte bien plus pour moi que la représentation de tous les malheurs de l'humanité. Ce que je souffre ne saurait être sensible à l'ordre du jugement, de la comparaison parce que une passion est aveugle aussi bien aux idées qu'aux représentations, à ce qui, mis en pleine lumière par la lucidité d'un jugement, ne saurait toucher ce qui se touche soi-même, ce qui s'éprouve soi-même dans la souffrance, au point que le passionné n'aime que lui, qu'il est insensible à tout ce qui n'est pas lui, à tout ce qu'il ne voit pas actuellement. Prenez mes yeux dira-t-il à celui qui tente vainement de le raisonner.
Optique 1 c
Une "clé " :
Citation:
L'usage purement théorique de la raison ne saurait être pratique: on ne peut déduire de ce qu'on sait ce qui doit être fait. C'est d'ailleurs pour cela que la science et la technique ne nous montreront jamais quel est notre devoir.
Élargissement - Vers Kant.
S'il y a un usage pratique de la raison il doit être distingué radicalement de l'usage théorique. Ce que je peux savoir ne me dira jamais ce que je dois faire.
Optique 2 :Section I, 1 a
Dissertation sur les passions
traduction Jean-Pierre Cléro (Editions GF Flammarion)
Edition prescrite, GF Flammarion page 57
alinéa:Citation:
Structure : on peut commencer par considérer les majuscules: B IENS et MAUX dans le premier alinéa
et les minuscules biens et maux dans le deuxième alinéa , pour marquer une différence de vivacité et s'interroger: pourquoi cette différence ? cf rôle de immédiatement dans le premier alinéa et conformité ou contrariété (=rapport) dans le deuxième alinéa.
Quelques*: plusieurs => «* BIENS (ligne 4 «*
Objets extérieurs*: l'objet est ce qui est jeté devant, à distance .
structure:ensemble d'éléments organisés en vue d'une fin*: voir , entendre, sentir ,éprouver une passion.*:
organes, élément d'un être vivant qui remplit une fonction. Notez l'importance du corps.
Produisent, selon la causalité.
Immédiatement*: terme capital , = sans intermédiaire, subjectivement.La sensation est subie.
Une sensation*: une modification agréable procurant une satisfaction, un plaisir.
D'autres (objets)
à cause de ***8230; importance de la causalité dans le projet de Hume.
Sensation immédiatement désagréable contrepoint de sensation immédiatement agréable.
MAUX s'oppose à BIENS.
Remarquez que les objets ne sont pas nommés en fonction de ce qu'ils sont mais de ce qu'ils
produisent , des sensations agréables ou désagréables, il n'y a rien de théorique , cela ne relève pas de la raison. Et est pour ainsi dire hors de portée de la raison, sur un autre plan.
Si c'est immédiat , c'est toujours déjà donné, éprouvé, subi, souffert en un sens, de manière vivace, dans son existence.
Ainsi*: cette conclusion montre que la même chose peut être bonne ou mauvaise selon une différence de degré qui provoque une sensation agréable ou désagréable.
Optique 2 b
Deuxième alinéa
Il existe: exister c'est être pour quelqu'un.
D'autres objets: d'une autre sorte , ceux qui arrivent par l'homme (le châtiment) ou par le hasard (la maladie) et qui viennent contrarier ou satisfaire une passion.La haine ou l'amitié.
Notez la disparition de «immédiatement» = il y a une médiation, un rapport (ressemblance ou différence ) avec une passion= Ce n'est plus une sensation mais une satisfaction: ils ne sont pas éprouvés pour eux mêmes, ils sont moins vivace , secondaires en quelque sorte.
.
La haine est satisfaite par le châtiment d'un adversaire (= un bien) et et la maladie d'un ami
sera un mal. (notez que l'amitié est une passion: pensez à Montaigne et La Boétie: «parce que c'était lui, parce que c'était moi».
La science de l' homme: Voir:
http://forum.philagora.net/showthrea...post1852424672
Note
Code PHP:
Dans les 12 premières lignes de la page 58 nous trouvons : "de l'esprit ou du corps" et "l'imagination ou l'entendement"...
"ou" pour Hume signifie une équivalence que soulignent les notes du traducteur.
Nous reviendrons sur ce que cela implique chez Hume
Il s'agit d'une science «*morale*» non pas au sens classique de ce qui est relatif à l'esprit par opposition de ce qui est relatif au physique, mais de ce qui est relatif aux opérations de la pensée et singulièrement aux principes qu règlent ces opérations.
Notons une fois pour toutes que jusqu'à la fin du XVIII ° siècle la distinction entre sentiment et sensation n'est pas effectuée*: les deux termes sont équivalents.
Comment s'y retrouver dans «*le perpétuel flux de nos perceptions*?
On peut distinguer les impressions et leurs traces mentales*:
1) Les impressions. un des caractères essentiels est la vivacité => «*immédiatement*».
- Les impression de sensations. (par exemple les sons)
- Les impressions de réflexion. ( par exemple la joie)
2) Les traces des impressions ( affaiblies, moins vivaces)
Ce sont les «*idées*» des sortes de copies.
L'origine d'une trace est ce qui l'a produite. L'origine de l'idée est l'impression.
Une conséquence*: Le moi, le monde et Dieu ne sauraient être connus en eux-mêmes.
Le moi n'est qu'une construction de l'orgueuil (une passion) et appartient au monde des passions parce que produit d'une passion.
La causalité n'est que le fruit de l'observation d'une consécution observée. ( par exemple «*le soleil cause la chaleur*» La causalité est produite par une suite d'observations , de l'association d'une sensation et d'une autre sensation.( habitude)
Cela ne conduit pas Hume au scepticisme absolu mais au scepticisme «*mitigé*»*: ce qui nous protège du dogmatisme et de ses conséquences désastreuses*: erreur, fanatisme, exclusion, guerres de religion.....
Hume aimerait bien que la croyance se nourrisse de doutes.
moi aussi.
Mais les croyants doutent-ils?
Joseph
Hume le Newton du monde de l'esprit ?
« Il y a là (dans l'association des idées) une espèce d'attraction...qui a dans le monde de l'esprit
d'aussi extraordinaires effets que dans le monde de la nature...» (Hume TNH, page 338, 339 de l'édition prescrite).
Citation:
Newton:
- Loi de gravitation universelle
-Newton introduit le concept de masse.
La loi rend compte:
-du parcours des astres autour du soleil
-de la pesanteur des corps à la surface de la terre
Elle réfute le géocentrisme: la masse de la terre étant inférieure à celle du soleil , il est impossible que la terre soit le centre autour duquel tournent les planètes.
Citation:
Le projet de Hume: faire une science de l'homme, de ce qui est est relatif aux opérations de la pensée et singulièrement aux principes qu règlent ces opérations.
L'intuition de Hume: il y a une loi des associations (des idées)
La question à laquelle il veut répondre: Comment s'y retrouver dans le perpétuel flux de nos perceptions
Citation:
Les dernières lignes de la dissertation sur les passions, viennent à l'appui de ce qui précède: Hume veut faire une science de l'homme, de ce qui est est relatif aux opérations de la pensée et singulièrement aux principes qu règlent ces opérations.
Bilan de la Dissertation sur les passions=
«...les passions suivent une sorte de mécanisme régulier susceptible d'une investigation aussi précise que celle des lois du mouvement de l'optique, de l'hydrostatique ou de toute autre division de la philosophie naturelle.» Hume, Dissertation sur les passions,section VI,page 93, traduction Jean-Pierre Cléro, Edition prescrite.
Attraction universelle:
Citation:
"Théorie due à Newton et décrivant la force attractive de gravitation qui s'exerce entre toutes les particules de l'Univers.
Deux corps quelconques s'attirent mutuellement par une force proportionnelle à leurs masses et inversement proportionnelle au carré de leurs distance" Glossaire page 113, La physique de l'infini, J-P Luminet et Marc Lachieze-Re[/SIZE]
Citation:
Gravitation: "Champ d'interaction toujours attractif, de portée infini, auquel sont soumis tous les corps de l'Univers .( ibidem page 116)
VIII
Victor me demande:
à partir d'un plan en trois parties
1) Ce que cela n'est pas
2) Ce que cela est
3?
Que mettre en troisième partie?
Je vous propose une piste:
Référence: Hume, TNH et singulièrement Dissertation sur les passions.
Expliquer c'est son projet
Expliquer c'est innocenter au prix d'une réduction au mécanisme.
Comprendre c'est innocenter les passions.
Cf page 369 de l'édition prescrite
Voir le dernier post de:
"Expliquer" La tâche de Hume
IX
1) De la causalité
a) Qu'es acho?
Le soleil cause la photosynthèse....
- Le soleil n'est pas "une" cause mais un processus, un ensemble de phénomènes qui semblent organisés pour aboutir à une fin: la photosynthèse n'est pas "un" effet mais un ensemble de phénomènes organisés: ce n'est pas la cause de la vie mais une condition de la vie.
Comprendre que:
1- La soi-disant cause vient d'éclater: il y avait en réalité une synthèse immédiate, une multiplicité mal définie et confuse que la langue désignait pas un terme: le soleil.
La science, par l'abstraction, par théorie et expérimentation, isolera des éléments, et par analyse et synthèse justifiées reconstituera des processus: saisira un ordre et des rapports. A la cause comme synthèse première et provisoire, indistincte et confuse, la science substituera des enchaînements de succession déterminés dont elle pourra faire varier les effets.
A la notion vulgaire (= propre à la foule, à l'opinion) on préfèrera toujours le concept de processus antécédent qui détermine un autre processus en le précédant: rapport numérisable par une loi:
processus solaire => processus de la photosynthèse.
2- La cause est pensée, elle n'est jamais connue.
Ce que nous connaissons ce n'est pas la réalité mais des phénomènes reliés par des lois: la loi nous donne un rapport constant entre un antécédent et un conséquent.
Pleine d'impatience, refusant la contingence, l'opinion qui transforme ses besoins ou désirs en connaissance ne peut s'empêcher de prendre la loi pour un chemin vers le nécessaire, ce qui ne peut pas ne pas être, ce qui est fondé. Elle substitue alors à l'ordre de succession constante que lui donne la loi l'ordre nécessaire que lui donne la cause. A travers la loi qui numérise ce qui est contingent, l'opinion aimerait bien atteindre la sécurité de ce qui doit être, de ce qui est fondé, de ce qui est nécessaire: ce faisant, elle pense, fait de la métaphysique et confond le point de vue avec la réalité.
En fait, la formulation de relations constantes entre des phénomènes pour exacte qu'elle soit dans la détermination de leur succession, ne saurait mener à la mise à jour de causes.
On connaît des lois, on parle de causes que l'on déduit des lois de manière tout à fait injustifiée, par un pari hasardeux qui confond déterminisme des lois et nécessité des causes.
C'est que, inconsciemment, nous identifions le soleil à un dieu qui se lèvera toujours pour nous éclairer et nous réchauffer: un dieu qui sait tout (il est lumière) et qui aime (il est chaleur), sur qui on peut compter comme sur une cause qui "tiendrait" tous les paris que nous pouvons faire grâce à elle (la cause).
2) Hume
L'empirisme, pour qui l'expérience est la source de toutes nos impressions et idées, réduit la cause à la succession des phénomènes dans l'expérience: l'engendrement serait une croyance ajoutée par l'habitude: on ne voit jamais, on ne constate jamais le passage d'une cause dans un effet! Lorsque deux boules de billard se choquent je ne vois qu'une succession de mouvements. L'habitude finit par me faire croire à un enchaînement nécessaire. La cause est donc toujours pensée comme efficiente et antécédente, mais elle n'est jamais connue comme efficiente.
smrigole
X
Rappel
Dialogue entre le hibou et David Hume
Hibou: Vous avez dit «*science de l'homme»*? De quoi s'agit-il, selon vous*?
Hume: Il s'agit de bien délimiter le champ d'investigation de la philosophie: ce champ n'est pas celui d 'orgueilleuses facultés humaines, mais celui de leur USAGE.
(Le dernier mot est crié, je ne suis pas sourd)
Hibou: pourquoi une telle limitation?
Hume: On se limite à ce dont on a l'expérience. La limitation du champ à l'expérience évite les
élucubrations de l'imagination et garantit la sûreté de l'esprit dans son activité, sûreté relative mais assurée, le mieux possible, dans la vie de tous les jours.
Chaque jour le soleil se lève mais demain ce n'est que probable...
Hibou: n'avez-vous pas peur d'abandonner les déductions bien conduites des mathématiques?
Hume: Certes, elle règnent dans les mathématique, pour peu qu'on admette le point de départ,mais il serait vain de prendre les mathématiques pour modèle quand il s'agit de la vie de tous les jours dans laquelle l'avenir ne se donne jamais que comme probable... et donc ne se déduit pas.
Hibou: Pourriez-vous formuler cela avec concision?
Hume: Je l'emprunte , la formulation concise demandée, à Didier Deleule:
«La science de l'homme ,comme science de l'esprit à l'oeuvre, sera régie par la méthode sceptique 3 (Philo/Nathan, Enquête sur L'Entendement Humain, page 13)
Hibou : D'où un deuxième entretien ?
Hume : Bien volontiers oiseau de la nuit
Citation:
Hume a été inspiré par le scepticisme antique sans pour cela se laisser entraîner jusqu'au doute absolu: il campe plutôt sur une position qui consiste à affirmer que la croyance prend une grande part dans le savoir. En affirmant, Hume échappe au scepticisme absolu.
XI
Parution prochaine
1)
Introduction
Le monde des passions à l'aune de l'attraction et de la répulsion. Entrons dans la danse, lisons, vivons.
L'affirmation selon laquelle l'homme est un réseau de relations, un n o eud au point que seules les relations comptent, est peu contestable si on n'exclue pas que la première des relations est une relation à soi, un dialogue où c'est souvent le même qui interroge et qui répond.D'où on peut conclure que seules les relations comptent pour l'homme.
Les passions, en particuliers, semblent bien imposer des relations «*immédiates d'amour ou de haine devant lesquelles on ne peut s'empêcher de reconnaître la loi d'attraction universelle, d'attraction et de répulsion, d'amour ou (et) de haine. La production d'une sorte de jeu de rôles , d' un entrecroisement de personnages sommés d'être autres que ce qu'ils sont, de porter un masque au gré d'autrui («prenez mes yeux» dit le passionné dans ses premiers mouvement) , singe l'amour qui devient haine et la haine qui se révèle le refus d'un amour. Seul le miracle de l'écriture peut mette en scène le monde des passions , et singulièrement Balzac, ou encore mieux Marcel Proust.
Dans ce monde chacun se débat pour sauver un monde imaginaire nous allons suivre La Cousine Bette, pas si bête que ça.
Ce qui est paradoxal aux yeux de l'opinion c'est que des énergies qui se déploient, co-créatrices d'un monde au point qu'on a pu affirmer que rien de grand ne s'est produit sans passion.. Chaque passion colorant de manière fugace aux yeux de l'éternité le monde humain, le monde des passions, courant pour ainsi dire tout au long d'un réseau particulier, d'un certain monde au sein du monde des passions.
Racine, Hume, Balzac sont des démiurges qui nous peignent avec les pinceaux du théâtre, de la réflexion philosophique éclairée par Newton, du roman, un monde profondément humain: en l'arrachant au temps ils lui redonnent la vie.Ils sont démiurges, non pas qu'ils créent un monde à partir de rien , mais parce qu'ils suivent des lois que le génie leur révèle.(comme le démiurge de Platon dans le Timée.
Regardez cette Cousine dans ce qu'elle dit et dans ce qu'elle fait: l'auteur nous fait plonger dans le monde des passions, puis épouser le monde façonné par l' héroïne éponyme. Nous saisissons sa souffrance, nous devinons ses projets, nous espérons sa rédemption par l'aveu de sa jalousie et de sa haine ,autant dire que par le miracle de l'écriture nous entrons dans son monde et dans celui des autres, nous vivons dans un monde commun sans perdre de vue le monde de chacun, nous voilà comme des dieux: quel bonheur.
Et voilà que nous aimons, que nous vivons librement car délivrés tous les accidents qui jalonnent un monde réel!
Et certes , La répulsion n'est qu'un résultat de l'attraction et l'attraction n'est pas étrangère à la haine...
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Joseph
L'incipit ,Deuxième alinéa
=> Premier alinéa ,
Quand: été 18368
Avec quoi? Une voiture dernier cri: la milord. Notez le ces péjoratif.
Qui? Un homme gros , de taille moyenne, d'aspect massif (sans finesse), sans distinction naturelle. Distingué par un uniforme de capitaine de la garde nationale, ce qui sonne bien, sonne haut.
C'est l'auteur qui organise pour faire éclater le comique d'un corps qui nie la majesté de l'uniforme déformé par le ventre et l'arrière train qui n'ont rien de guerrier. Contraste de l'être et du paraître. Suffisance qui ne suffit pas.
=> Deuxième alinéa
Le point de vue de l'auteur: un moralisme cinglant. Balzac met en évidence l'outrecuidance de certains parisiens.
Le jugement général:si=> tellement.Ici, au sens de capable de faire de l'esprit. «accusés» comprendre accusés à tort, dans certains cas.S'en trouve=> on en trouve.
Leurs caractéristiques:Il se croient, affirment plus qu'ils ne sont et qu'ils ne savent.. Ils s'imaginent (à tort)
infiniment, car la bêtise donne l'idée de l'infini, c'est long surtout à la fin.
La bêtise est sans limites comme les affirmations péremptoires.(l'opinion affirme toujours ce qu'elle affirme. Elle croit que l'uniforme peut ajouter à ce qu'on est comme elle croit qu'un beau paquet ajoute à un cadeau de un euro....
Elle ne voit pas que l'uniforme, ajoutant l'infini au rien, fait ressortir l'inanité du rien. L'infini n'ajoute rien au zéro.
«supposent» on ajoute à ce que l'on croit savoir,
Leurs goûts et leurs dégoûts deviennent des critères! (=> Hume)
«dépravés», jugement sans appel de Balzac. Terme très fort.
Imaginer, l'imagination est la folle du logis...Voire!
«favorablement, disposé à donner ses faveurs, à convenir de.
Prendre impressionner au sens fort (=> Hume)
l'aspect: l'image, la figure.
Bonnet et harnais sont choisis pour souligner le ridicule; Bonnet à poil (berk) et harnais qui asservit le fier, même pas à bras. .Tout cela ne fait pas trop distingué.
Le troisième alinéa fait un gros plan sur le personnage ridiculisé: monsieur Crevel qui porte bien son nom ,au moins.
Troisième alinéa
Gros plan sur le personnage. Du moral au physique.=>: notez l'art de Balzac, la phrase épouse l'articulation entre le paraître et l'être. =>contraste entre le début et la suite. (à partir de «respirait». Effet de ridicule. On attendait pour un capitaine: la virilité, le courage,...
«capitaine appartenant à: suite de sonorités éclatantes (voyelles), a,i,e,a.... et suite de consonnes explosives, p,t;
Légion => glissement vers tous les dangers, souple foulée, adresse , le contraire de la balourdise du personnage. Contraste entre l'uniforme, le grade, niés par le physique du personnage qui pour toute auréole porte les effets de la bonne chère et de sa conséquence l***8217;embonpoint.
Respirer c'est se remplir, au point qu'on expire, qu'on fait paraître par toutes les pores de sa peau.
Quoi? Le contentement de soi, autant dire la stupidité, l'absence de ce doute sur soi qui témoigne de l'esprit.Le contentement de soi éclaire la face engorgée de sang et l'ampleur des joues. Passablement tient à la litote on dit peu pour suggérer beaucoup.Seul un imbécile peut être content de soi simplement parce qu'il a revêtu un uniforme., oublieux que son front et ses joues reflètent sa médiocrité.
On devinait, il s'agit de mettre le lecteur de son côté...
boutiquiers, commerçants .Ici le terme est péjoratif=> enrichi, parvenu....
Elu de Paris, Balzac se reprend, adjoint, même pas élu, sous-fifre tout au plus....
Aussi, en conséquence
croyez, Balzac s'adresse au lecteur directement. Ici croire c'est adhérer à ce qu'il va affirmer.
Le ruban de la légion d'honneur,cliché , on l'a eu par quelque man***339;uvre....Bombée : encore quelque chose qui sort après le ventre et les fesses, mais ici cela dépend de la volonté.
À la prussienne, un comble!
Campé, bien installé => Camp militaire
Laissent errer, comme s'il n'y avait qu'eux pour être intéressant,
Balzac a très bien vu l'importance du temps dans l'origine et le déroulement des passions.
=> Son roman suit les personnages au cours du temps:
Juillet 1838 => 1841 , trois années plus tard , L'été 1841 => environ deux ans plus tard => 1843 =>mort de La cousine Bette et fin du roman. 1843
Rien n'arrête le temps . La violence du temps ne cesse jamais, c'est la passion «origine»: l'épreuve source des actions actées ,de manière répétitive, en vue d'exorciser le temps.
Non pas en lui échappant, le soi ne peut échapper à soi, et le temps est une extension de l'âme, mais en l'épousant , pour ainsi dire, en refusant le déroulement,, et en le marquant par un rythme des actions qui, elles , dépendent de soi, le retour du même:c'est grand jeu du libertinage auquel se livre le Baron Hulot.
Au cours de l'été 1841 le compteur s'affole avec Valérie Marneffe , le rythme nie le temps et condense la répétition dans l' instant continué, : en même temps elle a quatre amants, elle croit nier la succession et échapper au temps. Mais le temps est toujours gagnant , et sa mort avec celle de Crevel sera provoquée par une machination de la face d'Ombre!
Merci pour la partage des informations.