Débat: Quel avenir pour la Culture ?
J'ai envie de lancer un débat qui me tient particulièrement à coeur...
L'être humain est-il intéressé ? La réponse intuitive semblerait malheureusement être négative, compte-tenu du florilège d'activités inintéressantes qui occupent majoritairement le temps libre des jeunes...et moins jeunes ! Il est vrai qu'il est plus facile d'allumer sa télé pour regarder Plus Belle La Vie (et quelle vie !), ou encore d'aller en boîte de nuit se saoûler (on peut même combiner ces deux activités !); que d'ouvir un livre, ou visiter un exposition...
Mais personnellement, je pense que l'homme peut être intéressé; et je vais même plus loin, il doit être intéressé ! J'entends par intéressé l'envie de s'ouvrir à un panel plus large d'activités enrichissantes, notamment culturelles, car la culture n'est pas que savoir, elle est surtout un état d'esprit. Cet état d'esprit, l'homme peut l'adopter si l'on agit sur certains de ces paramètres.
Choisit-on véritablement ce que l'on aime dans la vie ? Evidemment, il y a des prédispositions: certains sont plus intéressés par certaines choses plus intéressantes. Mais songez au nombre de paramètres qui entrent en jeu: le lieu de naissance, l'éducation, les amis qui connaissent eux aussi ce problème, et bien sûr, les technologies. Au final, on assiste aux règnes du superficiel et de la paresse intellectuelle, alors que personne ne le choisit véritablement...quel gâchis !
-Vous me suivez ?
-Quelles solutions apporter pour promouvoir et défendre la culture ?
-Comment montrer aux jeunes (puisque tout part de là) qu'il peuvent "se trouver" dans la culture ?
-Quel avenir pour la culture ?
N'hésitez pas à revenir sur des définitions, ou à donner des références littéraires. Merci d'apporter vos lumières !
Le problème se pose avant la précarité
Merci d'avoir apporté cette première réponse qui donne un peu plus de matière à cette discusion. Désolé de t'avoir vexée; évidemment, la présentation que je fais est caricaturale. Elle vise à faire réagir ses lecteurs potentiels, et désormais, le débat est bel et bien lancé !
Je pense qu'il ne faut pas tout mélanger, qu'il faut nuancer d'avantage (ce que je ne fais pas dans le message initial !). Le terme paresse intellectuelle, quoique choquant, est une description légitime de l'état d'esprit de certains. Regardons ce qui se passe avant l'étape décisive du monde du travail dans lequel d'autres problèmes se posent (et tu fais bien de le dire). Au lycée, combien de jeunes sont intéressés par les cours de philosophie, d'histoire, de littérature,... ? Une explication à ce fait est que les élèves concernés trouvent plus d'intérêt dans d'autres activités, notamment la télévision, les consoles de jeux vidéos,...
Il ne s'agit pas de se postionner en donneur de leçons, d'affirmer que la culture est LA sphère à privilégier. Il s'agit simplement de montrer à ceux qui ont moins l'occasion d'y accéder qu'elle peut, au même titre que d'autres activités (y compris les boîtes de nuit, la télévision), contribuer à un équilibre meilleur. Et je crois qu'il est primordial de s'intéresser à la santé d'esprit de nos jeunes. Reste à savoir si l'on peut dire que la culture est légitimement plus enrichissante que les activités que je critique...en tout cas elle est de bon goût, mais n'en n'a bien sûr pas le monopole.
Nuançons encore au sujet de ces fameuses activités. Comme je l'ai dit, il ne s'agit pas de proscrire la télé. Il y a effectivement des émissions très intéressantes et divertissantes (ajoutons c dans l'air, taratata, lost,...). Mais si l'on compare le caractère exceptionnel de cette formidable invention à ce qu'elle nous rend, on doit être plus exigent quant aux programmes qui nous sont proposés. Pour cela, il y a la politique gouvernementale (et perso, je trouve que france télévision fait des efforts), mais il y a nous aussi: une prise de conscience ne s'impose-t-elle pas ? N'est-ce pas en promouvant la culture, en regardant la télé avec plus de discernement que l'on pourrait réduire l'audimat de tf1 ou de m6, pour obliger ces chaînes à nous proposer une autre répartition des émissions, des journaux d'informations dignes de ce nom ?
Ensuite tu poses avec bon sens 2 problèmes : le problème financier, et le problème de l'orientation. Et ils ne sont pas là pour arranger les choses.
Par rapport à l'argent, je crois que l'on peut tout à fait se débrouiller pour accéder gratuitement à l'offre culturelle. Les étudiants peuvent s'abonner gratuitement aux médiathèques, il y a des expo gratuites,... En revanche, je trouve cela scandaleux qu'il faille payer autant pour visiter certains musées, ou assister à des spectacles, et une fois encore l'Etat peut mieux faire, notamment s'il veut intégrer certains milieux sociaux moins bien lotis. Un exemple: le Louvres: les oeuvres qui y sont appartiennent au peuple français, alors je ne vois pas pourquoi il faut payer l'entrée aussi cher !
L'orientation est une sérieuse entrave. Au-delà des efforts à faire pour la rendre meilleure, il faut déjà aborder le problème avant que certains se retrouvent sur la touche d'un terrain qui doit être accesible à tout le monde. L'éducation des parents ? Difficile d'être influent sur celle-ci, même si l'on peut sensibiliser certains parents sur quelques choix à privilégier. L'école ? Il faudrait proposer des activités culturelles aux jeunes (dès même les premières classes) avec une autre appoche, moins rébarbative, plus ludique (Dire qu'aujourd'hui, on leur fait lire Proust pour leux montrer le sacrosaint SCHEMA NARRATIF !). Quant aux manifestations culturelles et événementielles, il faut les PROMOUVOIR d'avantage, faire de la publicité. Il n'y a pas de marketing derrière cela, juste du bon sens. Je te livre un définition de promouvoir, issue du trésor de la langue française: Mettre en oeuvre un projet, la création de quelque chose, provoquer son développement ou son succès. C'est un cause noble que de vouloir développer la culture, non ?! Ainsi (je l'admets, la raccourci est très facile), en développant la culture, son état d'esprit, on limite un minimum les échecs scolaires avec un jeunesse plus intéressée, plus impliquée. Et arrivés dans des situations professionnelles précaires, les jeunes actifs ont au moins un socle qui peut leur permettre de faire de meilleurs choix, d'avoir une vision plus précise du monde, de la société leur permettant de s'en sortir un tout petit peu mieux. Evidemment, le problème de l'intégration est LOIN, très loin même d'être réglé, mais on peut déjà agir sur un bon nombre de paramètres, pour éviter des nuits blanches aux fans de lecture !!!
Suite (n'hésitez pas à intervenir !)
Bonjour Priyanka, et bienvenue dans cette discussion ! Au passage, j'invite tous ceux qui sont intéressés par ce thème fondamental à nous faire part de leur commentaires, ou à asséner leurs cinglantes critiques !
Priyanka: "Donc nous sommes bien tous et je dis bien tous, dans la culture, dans notre culture. Nous la vivons au quotidien, sauf que nous connaissons la culture que nous vivons, et pas celle qui nous a construit."
Je trouve cette observation très pertinente. Dommage que tu n'aies pas développé un peu plus ! Ce que j'en tire: aujourd'hui, il y a une tendance de plus en plus nette à renier (vonlontairement ou non) la culture "qui nous à construits". En effet, il n'y a pas simplement le fait d'ignorer la culture "d'antant", il y a également le fait de ne pas vouloir s'y intéresser. Il y a une nuance entre ne pas s'intéresser et ne pas VOULOIR s'intéresser. D'où la question suivante (qui rejoint un peu une autre que je pose dans mon dernier post): notre culture actuelle qui par conséquent touche tout le monde, appelons-la, si vous me le permettez, culture technologique, peut-elle permettre "renouer" avec la culture originelle, le doit-elle, ou est-elle un obstacle à celle-ci ? Autrement dit, la culture de masse est elle une entrave à l'intérêt ? En fait, "culture technologique" est peut-être un peu restreint, et il faudrait plutôt envisager un système plus large: la modernité (progrès technologique, individualisme, société de consommation,...).
Ensuite tu parles de l'intérêt (méfions-nous de terme intéressement qui peut faire penser aux primes dans un contexte profesionnel !). Grâce à tes remarques, j'ai justement remarqué que les différents sens d'intérêt (lui aussi prête à confusion ! ;)) étaient liés. L'intérêt, c'est la faculté d'ouvrir son esprit pour découvrir des choses nouvelles, ou pour approfondir un savoir; et l'intérêt, c'est aussi l'esprit malsain qui anime de manière plus ou moins intense chaque être humain, et qui nous pousse à agir pour obtenir un avantage en retour (cf les actes intéressés). Et bien aujourd'hui, le mauvais intérêt prend le pas sur le bon intérêt. Déjà, du point de vue du créateur, on propose de la culture non plus pour l'intérêt mais par intérêt (car Lorie, désolé pour elle, fait partie de la culture actuelle, et elle est une idée représentative de la notion de "musique commerciale"). Et puis, du point du vue du destinataire, ce dernier, comme tu le dis, pense plus facilement à lui qu'au collectif, or, le "bon intérêt" c'est aussi l'intérêt pour le collectif. Donc finalement, au point où nous en sommes, est-il vraiment nécessaire de défendre la culture "noble", ou faut-il laisser le "mauvais intérêt" prendre le pas dans une culture du chacun pour soi (c'est à dire "je veux m'intéresser tant mieux, je ne veux pas, tant pis"); (ce qui rejoint également une question à la fin de mondernier post) ?
Pour Olivier: Ne penses-tu vraiment pas que le seul critère culturel et tout ce qu'il implique est insuffisant pour parler de régression (cf ton post) ? Merci de développer ton point de vue !
Suite (continuez à réagir !)
Bonjour Marie,
Bonjour Brézing-Hamm,
Brézing, je ne comprends rien !
Marie, merci d'apporter ta pierre à l'édifice.
C'est vrai, la terminologie est inexacte. Mais de fait, la culture diffusée massivement n'est pas la culture la plus enrichissante. L'idéal serait de pouvoir parler de "culture originelle de masse". Mais c'est actuellement (définitivement ?) impossible. L'explication est simple: les impératifs économiques passent avant le reste, et comme un grande majorité de consommateurs n'a aucun goût...c'est facile de faire du fric en vendant de la soupe musicale ou télévisée. Il faudrait donc revenir à la base, c'est à dire dès le plus jeune âge, et "enseigner le goût". En attendant, c'est le devoir de chacun de goûter la culture et d'utiliser les moyens d'y accéder avec distance, esprit critique et à bon escient. Reste cette question: La culture originelle est-elle "prestigieuse" parce qu'elle n'est pas préférée par le grand public, ou simplement pour sa richesse naturelle ? Si l'on choissit la première réponse, alors inutile de sonner quelque alarme...mais quel dommage !
Au sujet de la paresse intellectuelle, je ne suis pas du tout d'accord avec toi ! Tu évoques une "petite touche d'optimisme". Je pense que cette "petite touche" est la voie royale vers un contentement immérité, donc vers la passivité deavant un réel problème. Je préfère être optimiste (et je le suis) en disant que chaque être humain possède en lui le germe de l'intérêt, mais que son développement est entravé par un système qui lui peut être modifié. Autrement dit, la paresse intellectuelle n'est pas une fatalité, elle s'explique. Tu parles de livres vendus en grande quantité, mais qu'en est-il de la qualité de ceux-ci ? La plupart sont absolument inintéressants (je pense à tous ceux qui parlent de scandales, de révélations, de grands secrets,...), alors j'aurais plutôt tendance à être inquiet par l'augmentation des ventes. Tu parles d'un monde ouvert ! Comment peux-tu dire ça ?! Il n'y a absolument aucun dialogue entre le Nord et le Sud, la puissance dominante est parvenue a se mettre toutes les autres nations à dos, les images sont un enjeu de pouvoir, donc monopolisées à 80 pourcents par des firmes anglo-saxones, et j'en passe... La boîte de nuit ne favorise pas l'épanouissement personnel, la télé est mal utilisée, il y a deux ou trois radios intéressantes (j'exagère à peine...)...
Enfin, "la culture est partout où on veut bien la trouver". Je comprends, je veux bien, mais le problème est qu'on ne veut pas, ou on ne nous en donne pas les moyens...
Quand avouera-t-on enfin qu'on se fout complètement de la culture, qu'on l'a incluse dans une machine infernale à faire du fric ?! Répondez !
Encore merci pour vos réponses !