commentaire , David Hume

Votre blé est mûr aujourd'hui ; le mien le sera demain. C'est notre avantage que je travaille aujourd'hui avec vous et que vous m'aidiez demain. Je n'ai aucune bienveillance pour vous et je sais que vous en avez peu pour moi. Je ne me donnerai donc aucune peine pour vous ; et je travaillerai avec vous pour moi-même, dans l'attente d'une action en retour. Je sais que je serai déçu et que c'est en vain que je m'en remettrai à votre gratitude. Alors je vous laisse travailler seul ; vous me traitez de la même manière. Le temps change ; et tous deux nous perdons nos récoltes par manque de confiance et de garantie mutuelles. Tout cela c'est l'effet des principes naturels et inhérents à la nature humaine et de ses passions : comme ces passions et ces principes sont immuables, on peut penser que notre conduite, qui en dépend, doit l'être aussi et que ce serait en vain que des moralistes ou des politiques exerceraient sur nous leur influence subtile ou qu'ils tenteraient de changer le cours habituel de nos actions par souci de l'intérêt public. Et certes, si le succès de leur dessein avait dépendu de leur succès à corriger l'égoïsme et l'ingratitude des hommes, ils n'auraient jamais fait aucun progrès. (...) Tout ce à quoi ils peuvent prétendre, c'est de donner une nouvelle direction aux passions naturelles et de nous enseigner ce qui peut satisfaire nos appétits de manière oblique et artificielle mieux que par leurs mouvements précipités et impétueux. C'est de là que j'apprends à rendre service à autrui, sans lui porter une réelle tendresse ; car je prévois qu'il me rendra mon service dans l'attente d'un autre service du même genre, et pour maintenir la même réciprocité de bons offices avec moi ou avec les autres. En conséquence, une fois que je l'ai servi et qu'il est en possession de l'avantage qui naît de mon action, il est amené à jouer sa partie par prévision des conséquences de son refus.''

David Hume , Traité de la nature humaine

Je dois repondre aux questions suivantes

1. dégager la thèse et la structure du texte ( 3 parties )
2. expliquer '' C'est notre avantage que je travaille aujourd'hui avec vous et que vous m'aidiez demain. Je n'ai aucune bienveillance pour vous et je sais que vous en avez peu pour moi. ''
bien expliquer le mot avantage et bienveillance
et expliquer '' C'est de là que j'apprends à rendre service à autrui, sans lui porter une réelle tendresse ; car je prévois qu'il me rendra mon service dans l'attente d'un autre service du même genre, et pour maintenir la même réciprocité de bons offices avec moi ou avec les autres''
bien expliquer apprendre
4. discussion : '' les échanges entre les hommes, ont ils pour but la paix social ''

merci d'avance

Pour comprendre dans quel cadre se place ce passage, je te conseille de lire le chapitre entier dans lequel il se situe.

Le livre III du Traité de la nature humaine est téléchargeable ici, et la référence est : 2ème partie, section V.

As-tu déjà étudié Hume, ou est-ce que tu découvres cet auteur ?

Sans te donner les réponses à tes questions, voici néanmoins quelques pistes :

1. dégager la thèse et la structure du texte ( 3 parties )

Il y a plusieurs thèses dans ce texte. Tu dégageras facilement la plus importante quand tu auras lu le chapitre en entier. Il y a un mot dans le titre du chapitre qui n'apparaît pas dans le texte, et pourtant tout le texte tourne autour. Quand Hume dit : "C'est de là que j'apprends à rendre service à autrui, sans lui porter une réelle tendresse ; car je prévois qu'il me rendra mon service dans l'attente d'un autre service du même genre, et pour maintenir la même réciprocité de bons offices avec moi ou avec les autres", de quoi parle-t-il précisément dans cette phrase ?

Pour dégager la structure du texte, essaye de distinguer différents passages. Par exemple, au début, l'auteur développe un exemple de situation où la promesse est avantageuse. A quel moment ce passage s'arrête-t-il pour laisser place à une explication plus théorique ? Avec ça, tu as déjà ta première partie et le début de la deuxième.

2. expliquer '' C'est notre avantage que je travaille aujourd'hui avec vous et que vous m'aidiez demain. Je n'ai aucune bienveillance pour vous et je sais que vous en avez peu pour moi. ''
bien expliquer le mot avantage et bienveillance

L'avantage relève de l'utile, du calcul. La bienveillance relève du sentiment. Qu'est-ce qui joue dans le fait de tenir ses promesses ? Est-ce l'avantage (personnel ou de chacun) ou la bienveillance ?

3. et expliquer '' C'est de là que j'apprends à rendre service à autrui, sans lui porter une réelle tendresse ; car je prévois qu'il me rendra mon service dans l'attente d'un autre service du même genre, et pour maintenir la même réciprocité de bons offices avec moi ou avec les autres''
bien expliquer apprendre

Dans le champ lexical d'apprendre, il y a "enseigner". Regarde ce qui peut, ici, changer ou ne pas changer dans la conduite humaine : ce qui est "immuable", que l'on ne peut pas changer, et ce que l'on peut changer - ce que l'on peut "enseigner".
Lorsque Hume parle d'apprendre, parle-t-il d'apprendre une connaissance théorique ou parle-t-il d'une connaissance pratique, d'apprendre un comportement qui n'est pas spontané ? Et dans quel but apprend-on ce comportement ?

4. discussion : '' les échanges entre les hommes, ont ils pour but la paix social ''

Définis "paix sociale" et essaye de voir si cela correspond à la thèse du texte. Si les hommes sont prompts à suivre leurs passions, le sont-ils plus après l'"apprentissage" dont il est question ici ou non ?