Le "je", le "moi" ou le double jeu de l'espèce humaine!
[COLOR=Navy]Liberté.
A tous les esclaves qui se croient libres.
A l’amoureux transis qui se pétrifie sur lui-même.
Au travailleur acharné qui oublie d’ôter ses ornières.
A l’adolescent assoiffé d’une identité de marques.
Au consommateur repus en quête de nouveaux besoins.
Au fou qui se cache derrière un masque social.
Au moraliste qui fait taire son effrayante folie.
Au moins que rien qui noie son génie dans une liqueur de poire.
Au plus que tout qui substitue à son moins que rien, une nuée d’artifices.
Au poète désoeuvré qui se retire du monde.
Au solitaire qui dépend des autres.
A l’altruiste misanthrope.
A l’humaniste scellé sur son fauteuil.
Au sauveur de l’humanité qui ne voit même plus ses proches creuver.
Au dépressif psychologue.
A l’homme incarcéré derrière des barreaux théoriques.
Au large d’esprit qui s’éborgne au monde.
Au cynique qui vomit sur les autres sa propre laideur.
A l’intolérant qui n’existe que dans le vide de son égo.
Au conjoint comblé devenu fantôme dans son propre foyer.
A celui qui aime en refusant l’amour.
A celui qui n’aime plus mais qui reste.
Au sentimental qui ravale ses pleurs et déchire son cœur.
Au robuste qui s’effondre sur lui-même.
Au penseur claustrophobe, égaré dans son esprit.
Au beau parleur atteint de surdité.
A l’écrivain bourré de principes dictés.
Au chanteur qui tourne en boucle dans un refrain.
Au peintre qui ne se mélange pas les pinceaux et cultive l’art du monochrome.
A l’architecte de son temps bétonné.
A tout ceux qui étouffent les voies de l’imagination.
A tout ceux qui ne savent pas écouter leur révolte intérieure.
A tout ceux qui se rétractent lorsqu’il faudrait foncer.
A tout ceux qui par peur du noir fuient la lumière.
A tout ceux qui deviennent néant à force de certitudes.
Au déserteur du réel qui s’évade en esprit mais sonne le repli à l’orée de l’action.
A ce remarquable ferronnier qui excelle dans l’art de fabriquer ses propres chaînes.
A l’imposteur qui renie sa nature profonde.
Au plus bel Hypocrite que porte le monde.
A l’homme ![/B]
Observation de soi: le stade du miroir
Bonjour,
Citation:
Comment peut-on être à la fois observateur et observé?
Un petit détour par la psychologie cognitive peut être fructueux. Le psychologue Nastoulas a clarifié le concept fluctuant de conscience en répertoriant sept significations, dont:
- le stade de vigilance ("awareness"), qui suit le réveil. Je suis alors capable d'éteindre le réveil (quitte à me rendormir :)), à me lever et me diriger vers la salle de bain. Le risque de se prendre le pied dans un coin de porte est élevé.
- suit un stade pendant lequel je peux ressentir des émotions, des sentiments: "quel temps maussade..." ou bien "chouette! ma femme a acheté des croissants" "sympa cette musique, ça me rappelle cette fameuse soirée..."
- Puis la réflexion se met en route: c'est la "conscience-pensée". Je suis alors capable de résoudre des problèmes, de finaliser mon action: "tiens il faut que j'aille regarder sur Philagora s'il y a de nouveaux messages; oui, mais il faut que je fasse vite sinon mon patron va encore gueuler; ah ben non, on est lundi et il ne vient jamais le lundi matin..."
- La conscience réflexive est un feed-back sur ses propres pensées.
- enfin, le stade du miroir, où je me rappelle qui je suis pour moi, et que je suis quelqu'un avec une histoire propre, des choix et des raisons de vie.
Et le "je" dans tout ça?
Ben il est à tout les étages! C'est d'ailleurs comme ça que je sais QUI je suis: en agissant, en ressentant, en posant des choix, en ébauchant des théories. J'aime bien le vieil adage qui montre que la faculté se révèle dans l'acte. Je sais que je suis capable de cuisiner si je met la main à la pâte! Je sais que je suis capable d'aimer quand je le vis. etc.
De sorte que pour se connaître, il faut s'expérimenter (de l'intérieur, comme de l'extérieur, à travers le regard des autres). C'est à travers ces choix tenus ou non, par ses constructions théoriques fumeuses ou éclairantes que le sujet (le "je") se révèle.
En outre, s'il faut connaître QUI on est, c'est sans doute aussi important de connaître CE QU'on est. Le fameux oracle: connais-toi toi-même, que tu n'es qu'un homme et non un dieu...
Plus on s'expérimente, plus on sait ce qu'on veut, ce vers quoi on se dirige. Peu à peu, l'esquisse se confirme. Il peut parfois y avoir des surprises, si l'on n'y fait pas attention. Mais les grandes lignes se dessinent.
Scop