texte en version définitive
N O U S E N L A S S E S
Je dis moi que je te vois, tes yeux virulents brûlent de ces jours encrés de lunes mauves, où je t’explore et où tu pululles en floraisons fauves d’éthérés émois. Sous mes doigts amoureux on se déhanche sans fin, tendrement crispés aux douceurs bleues des sens, au matin. T’as oublié les clefs de ta voix, dans le siècle qui s’en va, un silence et puis toi et moi sérrés dans l’univers de ceux :
de ceux qui saignent, de ceux qui s’aiment, de ceux que l’on voit étourdir le soleil, parfumés de sève et de miel salé, vautrés d’amour lisse qui s’oublie en partageant la vie de l’ombre, à l’article pluriel.
Mon corps touche ton corps et nos humeurs gagnent nos oreilles, les multiples rivages de nos lambeaux se tordent en ruissellements d’abeilles. Liberté pour nos fines morts d’amoureux vifs de froid, sous le châle peint à la brune raison des sous-passions sans la. On a retrouvé nos peurs dans le siècle qui s’arrête, un seul mot et puis toi et moi figés dans l’univers de ceux :
de ceux qui se rognent, de ceux qui se cognent, de ceux que l’on voit souffrir à la ronde, brisés de rêves secs et de larmes fêlées, vautrés de haine sidérale qui s’applique en hachant le nu de l’âme, à l’article sans ailes.
Nous enlacés, délassons nous, sans se laisser se passer de nous. Passer le témoin à un nuage grisonnant, à ces soirs nouveaux rougis de cris dissonnants, aux sexes casqués d’errances fraîches, aux amours battus d’attaches rêches.
Nous en lassés, séparons-nous, notre ardeur appelle à se passer de nous.