Pourrait-on vivre sans illusion ?
Je lance cette discussion parce que la question m’est venue assez récemment à l’esprit et que je supporte de moins en moins le mensonge, aussi bien ceux que je me fais à moi-même que ceux que les autres se font à eux mêmes, tous les faux semblants, les histoires qu’on se raconte pour échapper à la réalité, celles qu’on se raconte par paresse, par lâcheté, pour ne pas avoir à changer, les opinions qu’on ne veut pas lâcher pour ne pas perdre la face, les rires que l’on pousse pour ne pas voir la mort en face. Autrement dit, je supporte de moins en moins l’inconscient. C’est idiot, puisque c’est une réalité et qu’il faut bien faire avec. Mais je suis l’idiot.:ha)
ATTENTION: j’exclue tout de suite de cette discussion les mensonges volontaires et conscients que l’on fait pour tromper autrui ou échapper à des sanctions. Je ne veux parler que des illusions que l’on prend pour des réalités.
Question subsidiaire: est-ce une bonne chose de lancer cette discussion ?
illusion? vérité? ou réalité?
slt à toi... afin de répondre à ta question, on peut dire que d'un point de vue "sensoriel" on ne peut pas vivre sans illusion, car nos sens (la vue, lordorat etc) nous amènent nécessairement aux illusions (d'optique par ex). de plus, contrairement à l'erreur qui une fois rectifiée se dissipe, l'illusion ne se dissipe pas!! bref d'un autre coté on ne peut pas non plus vivre sans illusion (au sens de fourberie et de tromperie) car la réalité est parfois tres dure à accepter. la doxa dit que la vérité blesse, ce qui montre bien que toute verité n'est pas tjrs bne à dire. parfois on prefere laisser qlq1 dans l'illusion ou rester nous même dans l'illusion afin ne pas affronter une vérité trop brutale. ce qui montre que mm si dans l'absolu l'illusion est une chose pas tres recommandée, on ne peut pas vivre sans elle pour une simple question de bonheur et d'ataraxie de l'ame, car nous savons bien que certaines fois, l'illusion soulage! fiesta4:
Question plus importante qu'on ne le croit...
Voici mon interprétation personnelle de l'histoire de la philosophie.
Au début, il y avait les Sophoï, ces savants grecs qui proposaient des interperétations plus ou moins claires de l'existence du monde. Leurs vérités semblaient être les seules possibles, indubitables. Les 4 éléments à l'origine de tout, la Terre au centre d'un univers nécessairement sphérique et fini, etc...
Et puis il y eut le vilain serpent du septicisme: avec lui le doute, la suspension de jugement. Un bâton droit plongé de moitié dans l'eau nous semble brisé. Est-il réellement brisé? Comment avoir une interprétation réelle du monde, puisque notre seul moyen de connaître le monde est celui de la sensibilité, et que nos sens nos trompent? Sans jugement pas de pensée, sans pensée pas de connaissance, rien que des tromperies...
Pour rétablir la connaissance après le cataclysme du scepticisme, un seul super-héros: le questionnement philosophique. Les socratiques, les sophistes, tout le club Dorothée s'est mis à la tâche.
Selon moi, la tâche de la philosophie dans sa tension vers la sagesse est de rétablir la connaissance vraie et indubitable du monde contre tout scepticisme. Tout philosophe, avant de commencer à expliquer son système, commence par évoquer le scepticisme.
Ainsi, il me semble tout bonnement dangereux d'affirmer que l'illusion est nécessaire (dans le sens qu'il ne peut pas en être autrement), sans chercher à contourner, à braver une telle nécessité.
Les partisans de l'illusion ne font que la moitié du travail philosophique: mettre en doute les évidences et les présupposés. Mais si aucune question n'est posée pour rétablir la connaissance ensuite, alors on tombe dans le scepticisme.