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Problème de littérature
Bonjour!
Voilà, je suis en HK depuis quelques jours, et la masse de boulot commence déjà à se faire sentir... (j'espère qu'un sujet de littérature est bienvenu ici!)
Je dois commenter un poème médiéval en ancien français extrait de l'oeuvre de Guillaume de Machaut Le Voir-Dit (vers 2254 à 2315) et je ne sais vraiment pas par où commencer... je ne comprends pas le texte, je ne sais pas si un commentaire est le même en prépa qu'en 1ère... voilà, si quelqu'un pouvait me donner des pistes de travail!
merci^^
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Bonjour
Je pense que vous pouvez utiliser ce qui est dit sur cette page:
http://www.philagora.net/bac-fr/index.php
Méthodologie du commentaire
- Comment utiliser une dualité de champs lexicaux: arrogance, humilité chez Rousseau (problématique?)
- Comment s'orienter vers le commentaire au brouillon (méthodologie)
- Comment rédiger le commentaire directement au propre: Introduction, développement
- Comment rédiger la conclusion
Vous est-il possible de mettre les vers concernés à la suite de ce message?
Il est possible qu'une idée me vienne....
:)
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Là, maintes paroles déismes
Que je ne vueil pas raconter
Car trop long seroit à conter;
Mais sur mon giron s'enclina
La belle, qui douceur fine a.
Et quant elle y fu enclinée,
Ma joie fu renouvelée.
Je ne say pas s'elle y dormi,
Mais un po sommilla sur mi.
Mes secretaires qui fu là
Se mist en estant, et ala
Cueillir une verde fueillette,
Et la mist dessus sa bouchette:
Et me dist: "Baisiés cette fueille."
Adont amours, vueille ou ne vueille,
Me fist en riant abaissier
Pour cete fueillette touchier,
Comment que l'éusse moult chier.
Lors Desirs le me commandoit,
Qu'à nulle riens plus ne tendoit;
Et disoit que je me hastaisse,
Et que la fueillette baisasse:
Mais cils tira la fueille à li,
Dont j'eux le viaire pali;
Car un petit sui paoureus
Par force du mal amoureus.
Nonpourquant à sa douce bouche
Fis lors une amoureuse touche;
Car je y touchay un petiot,
Certes, onques plus fait n'i ot:
Mais un petit me repenti,
Pour ce que quant elle senti
Mon outrage et mon hardement,
Elle me dist moult doucement:
"Amis, moult estes outrageus;
Ne savés-vous nuls autres jeus?"
Mais la belle prist à sourire
De sa tres-belle bouche, au dire;
Et ce me fist ymaginer,
Et certainement esperer
Que ce pas ne li deplaisoit,
Pour ce qu'elle ainsi se taisoit.
Toutevoies, je m'avisay,
Et tant la chieri et prisay
Que je li dis: "Ma chiere Dame,
S'il y a chose où il ait blame,
Ne se je vous ay riens meffait,
Pour Dieu, corrigiés ce meffait,
Et de fin cuer le vous amende.
Ma bele, or recevés l'amende;
Car fine amour le me fist faire,
Par conseil de mon secretaire;
Et grans desirs m'i contraignoit,
Qu'à ce en riens ne se faingnoit.
Et certes tant le desiroie
Que astenir ne m'en pooie;"
Si qu'ainsi m'escusay sans fable.
Et elle l'ot si agréable,
Qu'onques-puis nul mot ne m'en dit,
En fait, en penser ou en dit,
Par quoy en riens je percéusse
Qu'en sa bonne grace ne fusse.
Guillaume de Machaut, Le Voir-Dit
Voilà la chose!
Le premier problème est que je ne suis même pas sure de comprendre le texte! Voilà ce que je pense avoir compris:
un homme, un poète, est assis dans de l'herbe, en compagnie d'une Dame et de son secrétaire (un ami?). La Dame s'endort sur son épaule. L'ami va cueillir une feuille et l'amène au poète. Celui-ci veut l'embrasser mais embrasse la Dame à la place (???). Elle se réveille, parait faussement outragée, et là démarre un jeu entre les deux: lui s'excuse au nom du fine amour (amour courtois) etc... mais le passage du baiser en lui-même est vraiment très flou. Est-ce que vous croyez que j'ai bien compris ou...?
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Bon
Dès que j'ai un instant je me penche sur la bête
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Coucou
Machaut 1300 / 1377
- Ne cherchez pas la beauté des vers, cela ne correspond pas aux canons de l'époque
Cherchez la liquidité, et le rythme (c'est un grand musicien)
Les images sont souvent empruntées au Roman de la rose
Soulignez l'ordre, la symétrie,l'équilibre
Il prétend avoir reçu ordres et dons de la nature:
- Sens pour comprendre
- Rhétorique pour construire , mettre en ordre, composer
- Musique, Ah la musique de Machaut!
C'est un homme d'église un chanoine, un poète - musicien de génie
Le livre du Veoir-dit a pour origine une aventure sentimentale et charnelle... avec une jeune fille de 19 ans, alors qu'il en avait 61.
Dans ce livre on trouve avec effroi 10 000 vers, et avec curiosité une correspondance amoureuse. Machaux est un homme qui aime les femmes.
Son disciple Eustasche Deschamps est un de nos plus grand poète.
Vous pouvez le dire en conclusion:
Attention, je le cite de mémoire:
"En la forêt d'ennuyeuses tristesse
un jour advint que je cheminoye
si rencontrais l'amoureuse déesse,
qui m'appela demandant ou j'alloye
Je répondis que par fortune etais mis en ce bois longtemps a
et qu'a bon droit appeler me pouvait,
l'homme égaré qui ne sais où il va "
Eustasche Deschamps 1365 (?)
A bientôt pour la traduction
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Bonsoir, voilà ce que je vous propose comme traduction.
Là, maintes paroles nous dîmes
Que je ne veux pas raconter
Car ce serait trop long à conter.
Mais sur mon sein (le giron) elle s'inclina
Et quand elle y fut appuyée
Ma joie en fut renouvelée.
Je ne sais pas si elle y a dormi
Mais un peu elle s'est assoupie sur moi
Un de mes secrétaire qui était là
se mit en quête et alla cueillir une verte petite feuille
Et la mit sur la petite bouche
Et me dit: "baisez cette feuille"
C'est donc l'amour,
Que je le veuille ou pas
Qui me fit m'abaisser en riant
Pour toucher cette petite feuille
Que manière que je l'ai beaucoup froissée
Alors, c'était le désir qui me commandait,
Qui ne tendait qu'à cela
Et me pressait d'aller vite
Et de baiser la feuille
Ce dont j'en blanchis
Car par la force de la maladie d'amour
Je fis à sa douce bouche une amoureuse touche.
Puisqu'elle se taisait ainsi
Toutefois je m'avisais
Que je l'appréciais et l'aimais tellement
Que je lui dis: "Ma chère dame
S'il y a quelque chose à blâmer (dans ma conduite)
Par Dieu donnez-moi correction pour se méfait
Et de tout coeur je vous le demande.
Ma belle dans ces conditions recevez l'amende;
Car l'amour me le fit faire,
Par conseil de mon secrétaire;
Et grand désir m'y contraignait
Et certes tant le désirais
Que m'abstenir je ne pouvais"
C'est ainsi que je m'excusais sans mensonge
Et elle trouva ce que je disais si agréable
Qu'ensuite jamais elle ne m'en dit un seul mot
Dans ses actions, en pensée intérieure ou en parole (elle n'a rien fait)
Par quoi en rien, je n'ai jamais perçu ne pas être en sa bonne grâce.
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Ce n'est qu'une traduction.
Vous apprécierez la légèreté, la rhétorique, la délicatesse. Ce serait un anachronisme de parler de la préciosité.
Regadez les dates.
Maintenant, bon courage.
Joseph Llapasset
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Merci beaucoup! C'était beaucoup plus que je n'espérais comme aide!
Vous connaissez bien l'ancien français!
Encore merci pour le temps que vous passez à nous aider
je vais plancher là-dessus