La question "Pourquoi les filles font elles des régimes?" est elle philosophique

Non, si tu essaies de donner une réponse immédiate. Oui si tu t'interroges sur ce qui rend possible cette question: par exemple, l'image et la place du corps au sein des sociétés. Qu'est-ce qui soutient le rapport que nous entretenons avec notre propre corps? Comment connaît-on ce corps? En a-t'on une appréhension immédiate? Ou doit-on passer par la médiation de la culture? En ce cas ce corps nous appartient-il en propre ou ne signale-t-il pas avant tout la nécessaire existence de l'Autre dans le rapport que nous entretenons avec nous-mêmes? On pourrait aller jusqu'à interroger la liberté individuelle ou l'emprise du collectif, ou bien encore le processus de constitution de notre moi. On frise la psychanalyse.

En tout cas toute question peut être philosophique si elle est bien posée, c'est à dire problématisée. Michel Foucault a bien consacré une partie du deuxième tome de son histoire de la sexualité à la diététique dans l'antiquité!

Une petite anecdote. Dans un des derniers dialogues de Platon, le Parménide, notre philosophe campe Socrate en tout jeune homme d'à peine 20 ans. Ce dernier, débutant dans l'art de la dialectique, rencontre Parménide, le maître de l'école éléatique. Parménide veut éprouver la solidité de la thèse de Socrate selon laquelle nous connaissons les choses à partir des Idées.
Et entre autres questions il lui demande de quoi y a-t-il des idées?
Des notions morales, le Bien, le Beau...? Oui, certainement, répond Socrate. Des réalités naturelles, comme le bois, l'homme, le cheval? Bien entendu.
Mais y a-t-il des idées des choses viles comme la boue, le poil ou la crasse? Et le jeune Socrate recule, ne pouvant admettre que des choses aussi ignobles puissent faire partie de l'intelligible et être connue philosophiquement. Mais alors comment se fait-il qu'elles aient une réalité? finalement Parménide se moque gentiment de la pudeur du jeune Socrate et l'invite à ne pas reculer devant les conséquences de sa pensée. Si nous ne pouvons connaître les choses qu'à partir des idées, et que nous connaissons les réalités basses et viles, alors il doit y avoir des idées de ces choses.

Moralité, la philosophie ne peut se consacrer à un domaine de réalité haute et laisser demeurer dans les ténèbres de l'opinion de ce qu'elle ne juge pas digne d'elle. La philosophie est une méthode d'interrogation et en tant que telle elle doit nous permettre de penser n'importe quel phénomène ou plutôt d'interroger notre façon de connaître ces phénomènes.

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